Salles de classe fermées, cours des établissements déserts où des animaux ont souvent pris le relais des élèves. C’est le triste constat qui se dégage du tour des établissements scolaires publics de notre pays, depuis le 17 février dernier, date du déclenchement de la grève de 20 jours du Collectif des syndicats enseignants signataires du 15 octobre 2016. Depuis, Gouvernement et responsables syndicaux se livrent à une propagande compromettant davantage l’avenir de l’école malienne déjà malade, depuis deux décennies.
Le Collectif des enseignants du Mali (CEM) est à sa deuxième semaine de grève, paralysant les établissements publics des niveaux secondaire, fondamental et préscolaire. Toutes les tentatives de conciliation jusque-là entamées ont été vouées à l’échec. Alors que les enseignants exigent l’application de l’article 39 de loi portant leur statut particulier, le Gouvernement campe sur le manque de moyens d’un État en guerre. Aussi, estime-t-il que la satisfaction de cette doléance conduirait à ouvrir d’autres fronts sociaux qui seraient difficiles à maîtriser.
Depuis une semaine, alors que le Gouvernement, à travers le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’est engagé dans une campagne de sensibilisation de l’opinions en déployant des équipes sur le terrain, des catégories d’enseignants s’installent dans l’intox et même dans le hooliganisme informatique, avec comme seul objectif la satisfaction de leur revendication.
Ainsi, le lundi dernier en plus de faire sortir les élèves des écoles privées, les membres de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) ont fermé les portes desdits établissements, à Kayes, pour 144 heures.
« Tous les enfants du Mali ont le droit d’aller à l’école comme prévu dans la constitution. Il ne doit pas y avoir de discrimination entre les enfants du pays, ils sont tous égaux en droit et en devoir », a dit le Secrétaire général de l’AEEM, clarifiant que même si les revendications de l’AEEM sont satisfaites par les autorités régionales, « nous continuerons à faire sortir les élèves du privé tant que ceux du public ne regagnent pas les classes ». Ce qui l’amène à prédire que d’autres sorties suivront les 144 heures de grève décrétée dans toutes les écoles privées de la Cité des rails.
« Nous avons fait sortir les enfants, parce que le Gouvernement n’arrive pas à trouver de solution à la grève des enseignants du public. Certes, dans l’AEEM, il y a toujours des ordres hiérarchiques à respecter, mais nous constatons qu’au niveau de Bamako, nos militants semblent avoir un problème pour réagir par rapport à ce problème entre enseignants et gouvernement. Même s’ils ont entamé certaines démarches en la matière, nous avons préféré les devancer par cette sortie des élèves du privé », a expliqué l’adjoint au coordinateur de l’AEEM de Kayes.
En dehors de cette action, des fausses informations avaient été distillées sur les réseaux faisant état de barricades sur certaines voies de la capitale des rails. Après recoupement, nous n’avons pas pu confirmer cette nouvelle qui semble être de l’intox avec son corollaire de psychose sur les paisibles populations.
Pour le moment, on assiste à une violation flagrante d’un des droits les plus élémentaires des enfants, celui à l’éducation. Si les enseignants rejettent la responsabilité de cette violation sur le seul gouvernement, nous pensons qu’il s’agit quelque part d’un abus de leur part, eux qui ont choisi d’exercer le métier sacerdotal en toute connaissance de cause. Le caractère houligan de la grève des enseignants aujourd’hui montre à suffisance, qu’en plus des autres secteurs socio-économiques, dont nous décrions tous les jours les insuffisances, le milieu de l’enseignement semble déserter par certains scrupules qu’on lui connaissait. Une hypothèse qui n’était pas envisageable, il y a quelques années, au Mali.
Par Sidi DAO
Info-Matin