Depuis un certain temps, nous assistons avec indignation des vidéos contenant les concrétions téléphoniques des citoyens sur les réseaux sociaux. Un phénomène qui gangrène notre société en cette période de Facebook où tous les secrets se retrouvent sur la place publique. Pourtant, une loi régit la protection des appels téléphoniques et autres données à caractère personnelles.
La semaine dernière, une conversation téléphonique entre le Président de la Plateforme de la lutte contre la corruption et le chômage, le Pr Mamadou Clément DEMBELE, et son mentor Mamadou Sinsin COULIBALY a fait le buzz sur Facebook faisant le chou gras des pro-IBK prêts à tout pour défendre le régime en place.
Quelques mois avant, une autre conservation entre les griottes, Safi DAIBATE ET Binguini BAGAGA s’est aussi retrouvée sur la place publique, à travers la toile mondiale, occasionnant des dommages psychosociaux et des conflits entre des groupes d’artistes à Bamako. À ces cas flagrants s’ajoutent des images compromettantes des personnalités qui décident d’ébranler la quiétude des dirigeants. Le cas de la fameuse de vidéo du jeune Etienne Fakaba SISSOKO est aussi palpant en la matière.
Ces attitudes qui entrent progressivement dans les mœurs au Mali sont condamnées par les observateurs qui les trouvent dégradantes, humiliantes et irresponsables. Et pour cause, malgré une loi qui régit la protection des données personnelles, la saga du non-respect des secrets continue sur Facebook, sous les yeux indifférents de responsables de l’Autorité de protection des données à caractère personnelle (APDP). Une structure mise en place pour veiller sur des atteintes à la dignité humaine de cette nature.
En tout cas, à défaut de sanctions à hauteur de souhait contre ces attaques dirigées contre des citoyens, nous n’avons vu aucun communiqué condamnant lesdites pratiques.
L’autorité de protection des données à caractère personnelle est fortement interpellée. Au besoin, au regard de l’évolution rapide des technologies de communication, elle doit se doter de textes législatifs et règlementaires nécessaires pour faire face aux défis, en vue de mieux protéger les citoyens.
Signalons que L’APDP a été créée par la loi N° 2013-015 du 21 mai 2013 portant protection des données à caractère personnelles en République du Mali. Elle a pour mission d’assurer la protection des données à caractère personnel et de participer à la règlementation du secteur. Elle assure ainsi à toute personne vivant sur le territoire malien, la protection de ses données personnelles.
« Que vous soyez citoyens ou résidents maliens, vous avez le droit de porter plainte contre toute personne physique ou morale, ayant mis en place un dispositif de vidéosurveillance non signale par un panonceau ou une affiche », a dit Oumarou Ag Mohamed Ibrahim Haïdara, président structure lors d’une conférence de presse.
Par la même occasion le président Oumarou Ag Mohamed Ibrahim Haïdara a insisté qu’à l’ère du numérique, la protection des données personnelles demeure un enjeu important dans le sens où l’essor économique d’un pays en dépend pour une grande part. C’est d’ailleurs pour cette raison, dit-il, que des initiatives ont été prises au niveau mondial, régional et communautaire comme la Convention 108 modernisée du Conseil de l’Europe, la Convention de l’Union africaine sur la protection des données personnelles et l’Act additionnel de la CEDEAO. Apparemment, notre pays semble faire l’exception à cette règle puisque, même en 2018, des vidéos qui compromettent des hommes politiques ont fait buzz sur Facebook, sans qu’aucune procédure judiciaire ne soit engagée contre les auteurs.
En tout état de cause, au regard de l’état des lieux préoccupant en la matière, les autorités compétentes sont fortement interpelées face à cette autre façon de piétiner l’honneur et la dignité d’honnêtes citoyens.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : INFO-MATIN