Après leur installation par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, ce 25 juin 2019, les facilitateurs du dialogue politique inclusif étaient face à la presse, le 3 juillet 2019, pour expliquer comment ils comptent conduire leur mission et la réussir. Les facilitateurs du dialogue politique sont dans la logique de se lancer dans une procédure d’écoute de personnalités ciblées (anciens présidents, anciens Premiers ministres, ministres, responsables politiques, responsables de la société civile (…), mais en oubliant le peuple lui-même.
« Nous savons dans quel état se trouve notre pays. Les défis qui assaillent notre pays, les maux qui empêchent notre pays d’aller de l’avant. Ces crises répétitives mettent en mal notre pays. Aujourd’hui, le pays est mal à l’aise. Les querelles politiques, les impatiences syndicales ou d’autres agitations venant de différentes parties de notre société ont conduit à la crispation telle que chacun a pu se dire où va le pays. Il faut que nous allions vers une décrispation de la situation, que les Maliens et les Maliennes puissent se parler pour qu’ensemble, ils voient comment arrêter la dégringolade de leur pays », a décrit le Pr Baba Hakhib Haïdara, Médiateur de la République, avant de préciser : « nous nous préparons à demander des audiences à tous ceux qui ont eu à gérer ou à diriger ce pays. Donc, les anciens présidents de la République, il y a Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré (ATT), Dioncounda Traoré, nous allons demander des audiences auprès d’eux pour aller les entendre et recueillir leur avis sur ce dialogue politique inclusif. Et nous allons rencontrer aussi tous les anciens premiers ministres ». Donc, il n’y a rien d’extraordinaire dans cette démarche. Et pour cause, depuis que le Mali est Mali, ce sont ces mêmes personnes qui ont la parole, qui sont au cœur des grandes décisions concernant la nation.
Pourtant, cela n’a pas empêché le pays de connaitre ce qu’il vit en ces moments. Donc, nous pensons que l’innovation dans ce dialogue inclusif, s’il ne cache pas derrière des intentions politiques et politiciennes, c’était d’inverser la pyramide, la hiérarchie des écoutes en ciblant en premier lieu : les chefs de village, les chefs coutumiers et traditionnels, les confréries, le monde universitaire (professeurs et étudiants) les directeurs d’école… Cela à l’avantage d’être plus près de la majorité des Maliens.
Nous pensons, comme beaucoup de Maliens que l’heure n’est plus aux discours, mais aux actions. La crise que nous connaissons est en grande partie artificielle créée et entretenue de toute pièce par des hommes politiques pour des intérêts égoïstes. Les facilitateurs du dialogue politique doivent savoir contourner ces discours. Si nous sommes dans des difficultés aujourd’hui, c’est plus parce que nous fuyons nos responsabilités qu’une méconnaissance réelle de nos problèmes, reconnaissent beaucoup de Maliens.
Les anciens présidents et anciens premiers ministres, vous dites ? Ont-ils la solution ?
« S’ils avaient géré le pays, en étant à la hauteur de la prévision, serions-nous là ? En tout cas, passer par les gens qui ont mis le pays dans le trou, c’est déjà commencer par rater la mission », a mis en garde un internaute.
Aujourd’hui, toutes ces élucubrations face à la situation ressemblent à du cinéma. Le premier remède aux maux de la république du Mali aujourd’hui, c’est commencer par demander que la république respecte ses fondements, à commencer par ‘’tout citoyen est justiciable’’.
Cet autre internaute semble bien trouver les mots pour traduire le cinéma que les autorités ont bien l’intention de nous servir : « le problème et les solutions crèvent nos yeux et particulièrement les miens. Mais je nomme des intellos pour faciliter le dialogue. Ne t’en fais pas, ils vont mettre 100 ans pour trouver des jumelles, 200 ans pour rechercher les problèmes et 300 ans pour trouver les solutions, l’essentiel est que le budget alloué soit consistant. Hum, je ne prends pas n’importe quel intello han !! Ils sont formés dans de grandes universités, situées entre la terre et les cieux, ils sont bardés de diplômes et de médailles. Mon grand bonheur, ils m’écoutent, cautionnent tout ce que je dis, et participent bien. Le rôle le plus important qu’ils doivent jouer pour moi est de sensibiliser leurs pairs et les petits hommes politiques pour que les rues de Bamako soient tranquilles ».
Par Sidi DAO