Les rumeurs de la signature d’un accord de défense entre le Mali et France, ce 20 janvier, ont alimenté l’actualité nationale, la semaine dernière.
Après la visite du chef de l’Etat en Algérie et la célébration de la fête de notre vaillante armée, nous en savons un peu plus sur cette nouvelle qui a fait couler tant d’encre.
Si le 20 janvier 1961, notre pays pouvait garantir son indépendance en s’appuyant uniquement sur son armée, le contexte socio-économique et géopolitique de 2014, nous oblige à coopérer avec d’autres nations du monde pour le même objectif.
C’est face à ce défi que le gouvernement du Mali est en discussion avancée avec l’ancienne puissance colonisatrice, notamment la France, pour faire un traité de défense visant à assurer l’intégrité territoriale de notre pays. Il ne s’agit pas, loin s’en faut, d’une volonté des autorités de livrer le pays et ses ressources, non plus une négligence dans la dotation des forces armées et de sécurité en moyens adéquats pour assurer leurs missions.
Mais cela procède de la volonté de se conformer avec la marche du monde qui veut aujourd’hui que l’humanité soit dans un village planétaire.
Après tout ce que notre pays a connu comme débâcle, au cours des dernières années, nul n’a besoin de comprendre qu’il a besoin des autres pour assurer sa survie.
Ce que nous craignions à l’annonce de la nouvelle d’un accord de défense entre le Mali et la France, c’était la nature et la qualité dudit traité.
Car, l’histoire des accords de défense, à travers le monde, est de nature à donner souvent la chair de poule, surtout quand il s’agit de celui liant un ancien colonisé à son colonisateur ou une puissance à un pays en développement.
Le contexte géopolitique et géostratégique actuel ne donne aucune chance à un seul pays, soit-il puissant ou développé, d’avoir son contrôle et sa mainmise sur un autre.
Pour preuve, aujourd’hui, en plus de la France qui a été le premier à s’engager dans la traque des djihadistes au nord de notre pays, notre territoire abrite les armées de nombreuses nationalités.
Sur la question, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, lors de la visite algérienne en compagnie du président de la République, a été on ne pouvait plus précis : le Mali ne signera pas d’accord exclusif.
Mieux, lors de la célébration de la fête de l’armée, le président de la République lui-même s’est voulu rassurant: « Parce que la géopolitique de 2014 est loin de celle de 1961.
Parce que les menaces sont devenues bien plus amples et diverses. Parce qu’aucun de nos pays pris séparément ne peut en venir à bout. Et parce que l’avenir peut être encadré par un accord qui lie les parties prenantes, rendant ainsi prévisibles les actions attendues».
«Dans cette même optique, nous envisageons de discuter, dans un proche avenir, d’accords de coopération militaire avec d’autres pays, sans exclusion inopportune, pourvu qu’ils soient soucieux et aptes à apporter une contribution efficace à nos efforts de stabilisation et de sécurisation du septentrion malien et, au-delà, de l’espace sahélo-saharien. Les accords de coopération militaire, en discussion ou à venir, ne tiendront compte que de l’intérêt du Mali, de tous les intérêts du Mali et des Maliens, tout en renforçant nos capacités et celles de nos partenaires à faire face à l’insécurité structurelle de l’espace sahélo-saharien», a précisé le président Ibrahim Boubacar KEITA.
Pour la petite histoire, l’Allemagne et le Japon sont liés par un accord de défense avec les USA après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et pourtant, en dehors des États unis eux-mêmes, ce sont les deux pays les plus prospères du monde dit occidental.
Par Sidi DAO
Source: Info-Matin