Dis-moi ce dont tu raffoles, je te dirai d’où tu viens. Friands de ragots et de balivernes, collectionneurs d’inepties et de délation, je partage ta peine et ton destin d’être Malien. Oui, c’est seulement dans notre cher Mali, occupé aux trois quarts (3/4) par des narco-djihadistes et des narco séparatistes qu’on se trompe de missions et de priorités.
Embourbée avec ses boulets d’alliés aussi pléthoriques que handicapants, l’armée nationale se donne comme devoir de mettre un terme à l’égarement d’une aventure démocratique pourtant bien entamée. L’irresponsabilité d’une bonne partie de la classe politique divisée l’a convaincue de garder la main dans le grand désarroi des démocrates. Ceux qui accablent les militaires d’avoir déserté le front au profit du confort climatisé des bureaux de Bamako et Kati, sont-ils plus à hauteur de patriotisme que les putschistes ?
En effet, autant dénoncer les militaires putschistes ne fait pas de quelqu’un apatride, autant crier vive les FAMa est loin d’être une preuve de patriotisme. Autant il est indispensable aujourd’hui de sortir l’armée du contentieux national, autant il est urgent de s’accorder sur un consensus minimum pour la sauvegarde de la nation et la refondation du Mali.
Il est clair que les putschs cycliques sont loin d’être une solution à la mauvaise gouvernance qui trouvera viatique dans l’extrémisme religieux si on ne prend garde. La démocratie ne peut se conforter dans la défiance, la dissension et la contestation permanente comme l’avait rappelé un ancien Premier ministre. Une fois pour toutes, les Maliens doivent intégrer qu’aucune nation ne peut prospérer dans le mensonge, la désinformation et la manipulation, surtout dans la fainéantise.
Ce n’est pas en effet par les ragots et les balivernes professés par des experts en ignorance sur les réseaux sociaux que le Mali sera le meilleur, le plus prospère et le plus envieux des nations. La frénésie libertaire dans l’expression (des dizaines de TV, des centaines de radios, des milliers et des milliers de sites, comptes, pages et groupes…) et dans la pratique (des centaines de partis politiques, de regroupements, des milliers et de milliers d’associations) a-t-elle préservé notre pays de l’effondrement ? Sommes-nous conscients que cela fait dix (10) ans que notre pays n’a pas connu de paix et que pendant ce temps il a enregistré deux coups d’État (22 mars 2012 et 18 août 2020) et deux coups d’État dans le coup d’État (le 11 décembre 2012 et 25 mai 2021) ?
Mais non ! Il se trouve des faux prophètes sur les réseaux sociaux que les Maliens plus que leurs Imams et prêtres, qui leur disent : tout ça, c’est la faute de la France ; il nous faut la Russie comme alliée, chassons la France, les Russes viendront nous libérer… Mais pour quel paradis terrestre les Russes vont-ils quitter la Sibérie pour venir cuire dans notre désert ici ? La main sur le cœur, ces experts es ignorance de géostratégie vous diront que c’est grâce à la Russie que le Mali n’a pas été sanctionné ce mercredi au Conseil de sécurité des Nations Unies comme si la réunion convoquée par la France était une cour martiale dont le but était de condamner à mort la nation malienne !!! Non, l’ONU n’est pas notre ennemi ; en son sein nous n’avons pas que la Russie comme seule amie. La Chine a toujours été du côté de notre pays le Mali. Il en est de même des États-Unis, et de la France. Oui de la France qu’on veut aujourd’hui voir partir. Mais si la France s’en allait, qu’allons-nous faire ? Si la MINUSMA n’était pas là, pouvons-nous faire seuls face à la myriade d’assaillants endoctrinés ? Soyons lucides et clairvoyants !
Quid de ce qui nous divise ? Beaucoup comme vous et moi ne vont pas se réjouir de la libération des deux plus hautes autorités de la Transition, arrêtées et détenues deux jours durant à Kati. La libération du Président Bah N’DAW et du Premier ministre Moctar OUANE sera décrite par les thuriféraires de l’ordre kaki comme une erreur de parcours alors qu’elle s’imposait pour l’apaisement interne (les forces politiques et sociales se réveillant l’ayant exigé) et la poursuite du soutien international indispensable aujourd’hui à la survie du Mali en tant qu’entité souveraine. Beaucoup de visiteurs de minuit à Kati vont continuer à conseiller l’acharnement et le lynchage aussi vains qu’inutiles et contre-productifs de l’ancien Président de la Transition et de son Premier ministre, avec tous les risques que cela comporte. Certains se sont déjà illustrés dans l’immonde flagornerie et dans la duplicité à soutenir l’exclusive quand aujourd’hui la sagesse et la clairvoyance dictent l’inclusivité et la convergence.
Pour le bien de cette nation, ressaisissons-nous, tous, autant que nous sommes. Nos divisions d’hier nous ont valu l’effondrement d’aujourd’hui et elles pourraient nous valoir la disparition demain. Faisons bloc derrière l’armée, par devoir patriotique. Mais soyons exigeants et fermes, loyaux et sincères envers nos frères et sœurs qui ont choisi l’uniforme. Et cela commande de la part de chaque Malien vérité et courage de dire à nos soldats : ayez de la retenue, travaillez pour la cohésion sociale et l’esprit de paix qui sont le socle de cette nation. Rétablissez le dialogue social dans les meilleurs délais pour une large ouverture, à défaut un minimum de consensus.
Et ensuite, disons-leur : soldats, vous avez fait votre devoir ; maintenant l’honneur de la nation requiert que sa souveraineté soit rétablie uniformément sur l’ensemble du territoire. Pour ce faire, la République compte sur votre subordination.
Que notre armée n’écoute pas les flagorneurs et voltigeurs qui tombent dans toutes les sauces et s’évertuent de les diviser en pro-Russes et en pro-Français. Cette tirade est une suprême injure à la vaillante armée nationale et aux valeureux officiers qui la composent. Non, au sein des FAMa, il n’y a ni pro ni anti ceci ou cela, il n’y a que des soldats maliens, qui portent l’uniforme malien et qui n’ont juré allégeance qu’au Mali et son drapeau. Alors qu’on arrête cette injure à notre armée uniquement pour des prébendes.
PAR MODIBO KONÉ
Source : INFO-MATIN