Encore en 2020, il est très difficile sinon impossible de parler de vote sans achat de consciences au Mali. Le 19 avril 2020 lors du second tour des élections législatives, les billets de banque ont encore circulé. Des électeurs avec leurs cartes en main ont traîné dans les rues de Bamako et dans les centres de vote à la recherche des butins venant des candidats les plus nantis ou les plus déterminés à entrer dans l’hémicycle par toutes les voies et par tous les moyens possibles. Ce comportement qui doit être proscrit dans la sphère politique se trouve toujours motivé ou encouragé par certains candidats qui veulent coûte-que-coûte se faire élire.
« Je prends de l’argent pour voter, parce qu’une fois élus, ces candidats se foutent de nous. D’ailleurs, nous ne les obligeons pas à nous donner de l’argent », a tenté de se justifier une dame devant le centre de vote du groupe scolaire Aminata Diop de Lafiabougou en Commune IV du District de Bamako. Certes, ce sont les candidats qui déboursent, mais les électeurs doivent tout de même comprendre que leurs voix constituent des armes de défense et d’attaques contre ces mêmes autorités politiques en cas de non-respect de promesses de campagnes. Donc, en vendant leurs armes, ces électeurs deviennent vulnérables et ne peuvent rien imposer à ceux qu’ils ont élus pour agir en leurs noms.
Ce qui est évident, c’est que ces candidats profitent de la situation économique de ces électeurs pour les corrompre. C’est ce qui fait que ce sont généralement les femmes et les jeunes qui sont souvent concernés par cette manipulation. Conscients de cette situation, les candidats semblent ne plus accorder assez d’importance aux campagnes électorales. Ainsi, tous les moyens sont très souvent mobilisés pour le jour du scrutin.
Ce qui fait que tout candidat qui opte aujourd’hui pour le réalisme politique est taxé de novice ou de politicien pingre. Le sort qui lui est très souvent réservé est le vote de sanction par les populations ou alors les agents électoraux ou ceux des structures chargées des élections lui volent les voix pour ceux-là qui sont prêts à mettre le paquet. Ainsi, tous les candidats qui ont payé pour se faire élire ne tardent pas à couper le contact avec ses populations. Parce qu’ils n’ont plus de compte à leur rendre.
Le plus grand perdant dans cette histoire reste toujours les populations. Parce qu’elles ne peuvent rien réclamer d’un député à qui elles ont vendu leurs consciences. De même, ces députés élus sur la base de l’argent ne se voient pas du tout dans l’obligation de défendre les intérêts des populations de leurs circonscriptions électorales, mais plutôt les siens propres.
Ousmane BALLO
Source : Ziré