Le décor est bien planté après l’adoption du Plan d’Action gouvernemental (PAG) par le Conseil national de Transition (CNT). Mais, l’horizon reste toujours sombre et flou. A moins de huit mois de la fin de la transition, Choguel et son gouvernement s’attèlent à renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; à mener des réformes politiques et institutionnelles ; à organiser les élections générales et à promouvoir la bonne gouvernance avec l’adoption d’un pacte de stabilité. Le budget prévisionnel pour la mise en œuvre de ce plan action est estimé à deux mille cinquante milliards soixante-trois millions de francs (2 050 063 000 000 F CFA).
Une manne financière très importante dont la mobilisation n’est pas une chose aisée avant la fin de la transition. Surtout, quand on sait que c’est un montant qui envoisine au budget annuel de l’année 2020 qui était de 2 181 828 milliards de FCFA contre 2 054 674 milliards de FCFA en 2019. Certes, les moyens ne manquent pas à un Etat pour atteindre ses prévisions, mais le délai d’exécution est très important dans toute stratégie et politique de mobilisation de fonds. Pour le cas de cette transition, il faudrait s’attendre à tout.
Ce qui est absurde, c’est que Choguel a tendance à consacrer tout le processus de la transition autour de la mise en place de l’organe unique de gestion des élections, ainsi qu’autour de ce qu’il appelle promotion de bonne gouvernance dont le continu semble être orienté uniquement vers des poursuites judiciaires relatives aux tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako. Ces poursuites judiciaires qui constituent un engagement politique du M5-RFP, risquent de semer la division ou tourner à un règlement de compte. Au même moment, les priorités demeurent encore nombreuses. Pire, il compte aussi engager des enquêtes sur la démolition des habitations dans la zone aéroportuaire de Bamako-Sénou.
Une autre promesse politique, il s’agit de l’organisation des Assises nationales de la Refondation (ANR). Choguel tient à ce processus juste pour des fins politiques, même s’il sait que les conclusions et recommandations du Dialogue national Inclusif, celles de la Conférence d’Entente nationale et des Etats généraux de la Décentralisation, peuvent toujours lui permettre d’amorcer le nouveau Mali que le peuple lui réclame aujourd’hui.
La plus grande question que l’on doit se poser, c’est de savoir comment Choguel et son gouvernement comptent s’y prendre avec la situation sécuritaire du pays. Dans le PAG, le Premier ministre parle de renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Quelles que soit les stratégies, Choguel doit savoir que le plus important aujourd’hui est de sécuriser les populations et leurs biens sur l’ensemble du territoire tout en favorisant le retour de tous les déplacés dans les meilleurs délais. Sans cela, la transition serait tout simplement un échec. Parce que si la situation reste ainsi, l’on parlera difficilement d’élections crédibles, transparentes, fiables et inclusives. Donc à ce niveau, rien n’est à négocier. Soit l’on gère la question sans fierté, ni démagogie, soit l’on s’attend à une transition bâclée sans résultat, mais en déplaçant tout simplement le problème.
La vérité, c’est que ce plan d’action est ambitieux, mais Choguel aurait pu être encore plus précis, concret et réaliste. Le plus urgent aujourd’hui, c’est la question sécuritaire, les réformes politiques et institutionnelles, ainsi que l’organisation d’élections présidentielles et législatives crédibles, fiables, transparentes et inclusives. Sortir de ça, le délai de la transition pourrait être difficilement respecté.
Ousmane BALLO
Source : Ziré