Après une série de manifestations contre le nouveau projet de découpage territorial, le gouvernement semble avoir eu sa dose et a finalement décidé de soumettre le document, dans les semaines à venir, aux observations de la population à la base sur l’ensemble du territoire national. Tandis que des sources précisaient que ledit projet était déjà destiné aux députés pour examen, le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou Koïta, a annoncé la semaine dernière que des concertations régionales seront organisées du 6 au 10 novembre 2018 sur toute l’étendue du territoire afin d’expliquer le contenu du projet de découpage à la population et en retour, recueillir les amendements.
Cette décision est une véritable reculade qui a été imposée au gouvernement par la société civile, la classe politique et d’autres mouvements, à travers des manifestions et des déclarations. Ces rencontres doivent, en principe, regrouper les représentants de l’État, des organisations de la société civile, des partis politiques, des collectivités territoriales, des chefferies traditionnelles, des chefs religieux et des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. L’objectif de ces concertations sera de prendre en compte les avis et les suggestions des populations avant l’élaboration d’un document final qui sera soumis à l’Assemblée nationale pour l’adoption.
Malgré cette annonce, des localités continuent de manifester tout en exprimant leur désaccord par rapport au contenu du projet. Dans les régions de Gao, Tombouctou et Mopti, des centaines de jeunes et de femmes ont manifesté pour exiger du gouvernement la révision de sa copie. La plupart de ces localités demandent à ce que leurs territoires soient beaucoup plus élargis. Ainsi à Gao, les manifestants demandent au gouvernement de découper ladite localité en cinq régions, avec comme district, la ville de Gao. Face au silence des autorités, des manifestants arrivaient jusqu’à menacer les autorités de boycotter les prochaines élections législatives.
Aujourd’hui, il faut tout de même craindre que ces rencontres autour d’un document, déjà contesté dans son ensemble, ne soient pas sources d’autres tensions sociales et politiques. Car, ces concertations devraient avoir lieu en amont. Mais, comme, dit-on, il n’a jamais été trop tard pour refaire, le gouvernement a encore une seconde chance pour faire adhérer l’ensemble de la population au projet. Pour ce faire, il a l’obligation de remettre la balle à terre et aller à l’écoute des vrais acteurs à la base et partout où ils se trouvent.
A l’issue de ces concertations, l’élaboration d’un nouveau projet de découpage accepté par tous ne sera pas de trop. Car il s’agit de la vie d’une nation qui est déjà fragile.
La Rédaction