C’est avec un grand soulagement que les Maliens ont appris la levée des sanctions économiques et financières que la CEDEAO avait infligées à notre pays pendant six mois. Cette annonce a été un ouf de soulagement pour tout un peuple qui était meurtri sous les impacts négatifs de l’embargo. Toutefois, le Maliens ont su tenir avec courage et abnégation face à toutes les conséquences de cet embargo qui les frappaient de plein fouet.
En effet, entre la ferveur patriotique qui le poussait à garder le silence en toute dignité et les corollaires cinglants de ces mesures inhumaines contre notre pays, le peuple malien a sur relever le défi de la résilience.
Le 9 janvier, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont sévèrement sanctionné le projet des colonels maliens de prolonger la transition engagée en août 2020.
Les frontières du Mali étaient ainsi fermées avec les 14 autres États de la CEDEAO, sauf la Guinée, où les colonels au pouvoir se sont solidarisés avec leurs collègues maliens. Les échanges commerciaux et financiers étaient ainsi suspendus, hormis les produits pétroliers, pharmaceutiques et de première nécessité.
Le Mali, dépourvu de déboucher à la mer, importe 70 % des denrées consommées quotidiennement, selon l’ONU. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire étaient les principaux itinéraires pour les frets du Mali.
Mais six mois après, même si les corollaires se font sentir sur l’économie, les Maliens ont fait front à ces sanctions, sans crier gare.
Faut-il rappeler que l’application avec effet immédiat de ces sanctions, dès le 9 janvier avait tout d’abord eu un fort impact dans le domaine des transports, car de nombreuses commandes en cours d’acheminement se sont retrouvées bloquées, notamment sur l’axe Dakar-Bamako, l’une des principales routes d’approvisionnement du Mali, bien que les produits de première nécessité et les hydrocarbures fussent épargnés sur papier par les sanctions. Ainsi, l’inflation a pris le dessus sur le quotidien des Maliens qui ne savaient plus à quel saint se vouer.
En plus des produits de premiers nécessités, ces sanctions avaient répertorié sur les intrants agricoles, notamment les phosphates et les urées dont le prix avait triplé. Et pour cause, le retard sur l’acheminement des engrais s’est fait beaucoup sentir cette année dans les champs, surtout en cette période de semi.
Et pour cause, le sac de 50 kilos de phosphates et de l’urée se vendait déjà ces derniers temps à 35.000, voire 37.500 FCFA par endroit.
Un véritable obstacle pour les producteurs agricoles qui souffrent déjà des conséquences de la mauvaise pluviométrie de la campagne agricole précédente.
En tout, cet embargo était un véritable défi pour le gouvernement de la transition, qui était entre le marteau de la CEDEAO et l’enclume de la communauté internationale, qui obligeait les autorités de la transition à la normalité constitutionnelle.
Ce n’est pas la première fois que le Mali fait l’objet de sanctions économiques. Une décision analogue avait été prise courant août-septembre 2020, à la suite du premier coup d’État mené par le colonel Assimi Goïta.
Ce sont les conséquences de celles du 9 janvier qui avaient lourdement pesé sur le pays, le privant de ses exportations, et donc de revenus en devises. Malgré tout, le peuple malien est resté debout.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin