“La France a déclaré l’espace sahélien, l’une des régions du monde les plus déshéritées, prioritaire pour l’aide au développement”, mais “si les dépenses françaises y ont plus que doublé, passant de 580 millions d’euros à 1,35 milliard entre 2012 et 2018, la majorité de ces sommes concerne des dépenses militaires”, souligne la Cour dans un référé intitulé “Les actions civiles et militaires de la France dans les pays du G5 Sahel”, adressé le 9 février au Premier ministre français.
“Les dépenses de l’aide publique française au développement (APD) n’ont pas suivi la même progression et la priorité affichée en faveur de la zone Sahel ne s’est pas traduite dans les faits”, poursuit l’institution en rappelant que “les cinq Etats sahéliens représentaient en 2018 10% de l’APD française en Afrique et le Mali 2,5%, des proportions inchangées par rapport à 2013”.
La Cour note cependant que la décision française de “porter en 2022 l’effort français d’APD à 0,55% du revenu national brut et de concentrer la moitié des dons de l’État et les deux-tiers des subventions de l’AFD sur 19 pays prioritaires devraient commencer à produire un effet, s’agissant spécifiquement des Etats du G5”.
“La coordination des actions de sécurité et de développement de la France dans la région doit être renforcée”, recommande-t-elle. Sur le volet militaire français, la Cour rappelle qu’”entre 2014 et 2020, le nombre des militaires français présents est passé de 4.000 à 5.100″ et que le montant annuel de dépenses liées aux opérations militaires dans la bande saharo-sahélienne atteint aujourd’hui “de l’ordre d’un milliard d’euros”.
“Le commandement de la force (antijihadiste) Barkhane a défini une stratégie de stabilisation par zone”, or “en 2018 et en 2019, la dégradation de la sécurité (…) n’a pas permis que la stratégie de stabilisation par zones successives se déroule ainsi qu’elle avait été programmée”, poursuit le rapport.
Plus largement, “l’extension par rapport à l’opération Serval du périmètre d’intervention, ainsi que la diversification des objectifs ont rendu incertains les critères qui permettront de dire qu’un terme satisfaisant de l’opération, pour la France et pour les Etats du G5 Sahel, aura été atteint”, suggère la Cour.