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Sahel : En 2020, plus de civils et suspects tués par des militaires que par des groupes djihadistes.

Les populations civiles sont les premières victimes de violences perpétrées, en toute impunité, par des acteurs variés, à commencer par les groupes identifiés comme djihadistes, des groupes communautaires identifiés comme milices d’autodéfense, des groupes criminels, ainsi que des éléments des forces de défense et de sécurité nationales et régionales. C’est le constat fait par la Coalition pour le Sahel dans son rapport intitulé « Sahel : ce qui doit changer – Pour une nouvelle approche centrée sur les besoins des populations. »
« 2020 a été l’année la plus meurtrière pour les civils, avec près de 2.440 morts au Burkina Faso, au Mali et au Niger selon les données d’ACLED, et à l’échelle des trois pays, plus de civils et suspects ont été tués par des militaires censés les protéger que par des groupes djihadistes », fait remarquer le rapport.

D’après les données de la même organisation, près de deux millions de personnes ont dû fuir leur foyer à cause des violences dans ces trois pays du Sahel central, un chiffre multiplié par 20 en deux ans. Six déplacés sur dix sont des enfants et environ 13 millions de filles et de garçons sont privés d’éducation.

Selon la coalition citoyenne pour le Sahel, « ces violences attisent des tensions communautaires, sur fond de compétition pour l’accès aux ressources aggravées par les changements climatiques et contribuent à fragiliser davantage la confiance des populations envers les États déjà minés par une grave crise de gouvernance, comme l’a illustré le coup d’État survenu au Mali en août 2020.

Face à un tel bilan, poursuit l’alliance qui regroupe plusieurs organisations de la société civile au Sahel, force est de s’interroger sur l’efficacité adoptée pour stabiliser le Sahel. Laquelle stratégie semble reposer essentiellement sur l’action militaire qui mobilise depuis 8 ans aussi bien des forces sahéliennes, nationales ou conjointes que des troupes internationales pour venir à bout de l’insécurité qui prévaut dans la région. Seulement, la Coalition citoyenne pour le Sahel fait remarquer que la réponse sécurité telle que menée n’a pas permis d’améliorer la vie quotidienne des populations. « Au contraire, elle a souvent conduit à davantage d’incidents contre les civils », regrettent les organisations citoyennes sahéliennes et ouest-africaines. D’où la nécessité renouvelée de développer une vision articulée autour des besoins fondamentaux des populations. Pour ainsi dire, la Coalition citoyenne pour le Sahel est d’avis qu’une « approche sécuritaire qui n’inclut pas des mesures concrètes pour assurer la protection des civils est vouée à l’échec. »

La Coalition citoyenne « appelle donc à un réagencement drastique des priorités, afin que la mesure du succès des interventions ne soit pas seulement d’ordre militaire (la liste des «terroristes neutralisés»), mais de prendre également en compte le nombre de personnes déplacées rentrées volontairement chez elles, d’écoles rouvertes, de champs à nouveau cultivés. »

Pour y arriver, quatre priorités appelées piliers citoyens devraient guider toute action citoyenne, recommande la société civile sahélienne et ouest africaine. Il s’agit pour la Coalition citoyenne de prioriser la protection des civils, promouvoir une stratégie politique qui s’attaque aux causes profondes de la crise et lutter contre l’impunité.

Source: dakaractu
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