Alors que les commémorations du 25e anniversaire de la guerre de libération viennent de s’achever, Christine Umutoni, fonctionnaire de l’ONU, évoque son expérience en tant qu’ancienne cadre du Front patriotique rwandais (FPR) et la place des femmes dans le Rwanda d’hier et d’aujourd’hui. Portrait.
Le stade Amahoro (« paix », en kinyarwanda) est plein à craquer, ce jeudi 4 juillet 2019. Dans le plus grand centre sportif du pays, près de 30 000 Rwandais et de nombreux invités de marque venus du monde entier commémorent le Liberation Day, la fête nationale, qui célèbre la prise de Kigali par les troupes du Front patriotique rwandais (FPR) et marque la fin du génocide.
Christine Umutoni n’a pas pu se rendre à Kigali, comme elle a l’habitude de le faire à cette époque de l’année. Mais elle n’a rien raté des parades militaires, des danses et des discours qui ont rythmé ce 25e anniversaire. C’est sur YouTube, depuis l’île Maurice, où elle travaille à présent comme coordinatrice pour les Nations unies, qu’elle a suivi les commémorations.
Cette ancienne cadre du parti, qui a quitté son pays depuis plusieurs années, confie avoir ressenti une pointe de nostalgie au cours de cette journée particulière. « J’aurais aimé être dans le stade, sentir la ferveur, chanter avec la foule », soupire-t-elle. Sans doute se dit-elle que sa place était à Kigali ce 4 juillet-là, comme elle l’était 25 ans plus tôt, lorsqu’elle y assistait de Kanombe (banlieue de la capitale) à la fin de la guerre, lors de ce qui restera « l’une des journées les plus importantes de [s]a vie ».
Reconnaissance
Après avoir été directrice du cabinet du ministre de la Réhabilitation et de l’Intégration sociale et ambassadrice de son pays dans plusieurs États différents, Christine Umutoni a définitivement quitté le Rwanda et n’exerce plus de poste à responsabilité au sein du FPR. « J’ai le sentiment d’avoir fait ma part », glisse celle qui fut un temps consultante auprès de la Banque mondiale avant de rejoindre les Nations unies.
Sa reconnaissance pour la formation politique n’en faiblit pas pour autant. « Je sais ce que je dois à mon pays et à mon commandement », assure-t-elle. Comprendre : le parti. Membre de la première heure du FPR (elle l’a rejoint dès sa formation, en 1987), la future ambassadrice s’y charge alors de mobiliser la diaspora, de lever des fonds, de faire la promotion de l’idéologie du groupe. Après le début de la guerre, elle fera des allers-retours entre l’extérieur et le Rwanda, où elle sera notamment en charge de réintégrer les vétérans, de s’occuper des orphelins et des réfugiés.
Source: Jeuneafrique.com