Il a beau être un diplomate chevronné, coutumier des affectations au gré des exigences de sa charge, le diplomate européen a le cœur lourd de devoir partir du Mali, ce pays qu’il a servi à un moment charnière de son histoire.
L’Ambassadeur de l’union Européenne au Mali a vécu la grave crise institutionnelle de 2012, l’occupation des régions du Nord, la reconquête du pays, les élections de 2013, l’accord de paix… C’est donc en témoin privilégié de l’histoire récente du Mali et en ami convaincu de notre pays qu’il est venu faire ses adieux au Chef de l’Etat le vendredi dernier.
Cette audience a permis aux deux personnalités de jeter un regard rétrospectif sur le cheminement de notre pays et de mesurer le chemin qui reste à parcourir pour consolider la paix d’une part, et engager résolument le Mali sur le chemin du développement et de la prospérité d’autre part.
Le Président IBK et l’Ambassadeur Richard ZINK ont salué l’excellente coopération que le Mali et l’Union Européenne entretiennent depuis déjà plusieurs décennies. Outre les questions économiques et militaires, cette coopération a une forte dimension politique qui s’est accrue ces dernières années.
Au plan militaire, l’Europe marque sa présence forte auprès des Forces Armées Maliennes (FAMa), à travers la Mission Européenne de Formation au Mali plus connue sous son acronyme EUTM Mali (Février 2013).Au plan sécuritaire,l’Union Européenne déploie dans notre pays une seconde mission connue sous son acronyme EUCAP SAHEL-Mali. Contrairement à la précédente mission, EUCAP SAHEL-Mali est une mission civile chargée de la formation des Forces de sécurité intérieure (Police, Gendarmerie, Garde nationale).
Globalement, les interactions entre le Mali et l’UE se sont considérablement densifiées à la faveur de la crise institutionnelle et sécuritaire que notre pays a connue à partir de 2012. A propos de ces interactions, il faut se rappeler les différentes conférences sur la reconstruction du Mali à Bruxelles, la visite du Président Ibrahim Boubacar KEITA à Bruxelles (Décembre 2013), celles d’autres officiels, des politiques, des Organisations de la Société Civile malienne au siège de l’UE et dans d’autres capitales européennes.
A l’inverse, de nombreux responsables européens ont, eux-aussi, effectué des séjours au Mali. Les Maliens gardent encore en mémoire les visites dans notre pays de SEM Herman Van Rompuy, Président du Conseil Européen (février 2014), du Secrétaire Général de l’UE, des Chefs de Gouvernement et ministres européens ainsi que de nombreux Commissaires. Toute cette effervescence diplomatique prouve à suffisance l’intérêt que Maliens et Européens portent à cette relation vitale pour la stabilité du Sahel et, au-delà, du monde.
A la fin de l’audience, SEM Richard ZINK a sacrifié à la traditionnelle interview des journalistes ; ce qui lui a permis, avec une pointe de nostalgie, d’évoquer ses nombreux déplacements à travers le Mali. En à peine trois minutes, le diplomate européen déroulera le film de 3 ans de séjour au Mali, avec des déplacements mémorables effectués à Ségou, une « croisière » en pinasse de Mopti à Konna, des sensations fortes sur l’axe Djenné-Macina, une excursion en pays Doyon (Sangha), une descente dans les mines d’or de Kéniéba, une découverte du Barrage hydroélectrique de Manantali, de nombreux déplacements périlleux à Kidal, Tombouctou et Gao…
Bref, c’est en homme de terrain que l’Ambassadeur ZINK a pensé et vécu sa mission au Mali, un pays chaleureux, dira-t-il, avec des « hommes grands et fiers ». « J’amène le soleil du Mali dans mon cœur », « ce pays merveilleux où les hommes ont le sens de l’hospitalité », ajoutera-t-il.
L’homme qui est venu faire ses adieux au Chef de l’Etat est un vrai ami du Mali. En tant que tel, il avait le devoir de suggérer des conseils avisés à ses amis maliens. Ce qu’il fera, de bon cœur, en insistant sur la prise en charge globale des préoccupations du Mali. Le Nord, dira-t-il, est certainement très important pour la stabilité du Mali, mais il faut garder à l’esprit que le Mali est un ensemble qui connaît une forte urbanisation sur laquelle se greffent de nombreux défis. Le Mali doit s’occuper d’une population très jeune, l’éduquer, la soigner et surtout créer les conditions du plein emploi, poursuivra-t-il. Plus globalement, insistera SEM ZINK, l’Etat doit impérativement apporter des réponses satisfaisantes aux besoins des populations en eau potable, électricité, soins de santé…, il doit œuvrer à assurer une vie meilleure à chaque citoyen malien indifféremment de son lieu de résidence, de sa région d’appartenance et de ses conditions socio-économiques.
Le diplomate européen insistera sur le fait que la quête de la paix ne doit pas occulter l’impérieuse obligation de travailler à la justice sociale et l’instauration d’un climat social apaisé. En conclusion, il dira que sur ces chantiers comme sur d’autres, l’Europe sera aux côtés du Mali pour soutenir durablement ses efforts.
C’est en jeune retraité – l’Ambassadeur ZINK est admis à faire valoir son droit à la retraite – qu’il s’apprête à quitter notre pays, heureux de retrouver les siens, et surtout de se replonger dans l’atmosphère spécifique de sa région natale, « la Forêt-Noire » (Schwarzwald), dans le land du Bade-Wurtemberg, au Sud de l’Allemagne, à la frontière avec la France.
Il faut noter que l’audience s’est déroulée en présence du Secrétaire général adjoint de la Présidence de la République, Monsieur Moustapha BENBARKA, du Chef de l’État-major particulier du Président de la République, le Général DAO et du Conseiller Diplomatique du Président de la République, l’Ambassadeur Mahamadou NIMAGA.
Côté européen, trois proches collaborateurs de l’Ambassadeur ZINK ont assisté à l’audience. Ce sont :
– Monsieur Andrzej BIELECKI, Chef de la section Politique et Information ;
– Madame Emilie JOURDAN, Expert des questions Sécurité et Développement ;
– Madame Cécile TASSIN, Chef de la Coopération.
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