« Trop c’est trop », « an toro la », « Fasso ko », « yèrè ko », « a sera à dana » etc. signe des temps ? N’est ce pas inquiétant tout ça ? Des mouvements et associations politiques qui ont pignon sur rue de nos jours avec des dénominations pour le moins évocatrices et interpellatrices.
Ne traduisent ils pas un malaise ? N’envoient-ils pas un message ? Un message de détresse, d’exaspération, de ras le bol général et généralisé ? Les intitulés parlent d’eux mêmes et sans détour. Le ressenti est plus qu’évident !
Au delà, on peut noter aussi et ça c’est le côté positif de la chose, l’espoir et l’espérance que ces mouvements font naître pour dire finalement qu’enfin le peuple n’entend plus être spectateur de sa propre déchéance. Que le peuple veut se faire entendre quand ça ne va pas. Aujourd’hui, plus besoin de se leurrer : rien ne va au Mali !
Une constance est là. Tous ces mouvements n’ont pas 5 ans d’âge, autrement dit leur création remonte pour les plus anciens au moment du coup d’état de 2012. La plupart de ces structures ont vu le jour sous le régime actuel, et au rythme où vont les choses d’autres verront certainement le jour. Le régime aura réussi à se mettre à dos toute une frange importante de la population Malienne et ce, en l’espace de quatre petites années seulement.
Que s’est- il passé pour qu’on en arrive là? Il ne s’agit plus des seuls partis de l’opposition classique, la contestation va au delà. D’autres structures différentes des partis traditionnels entrent dans la danse et souvent leur dament le pion dans l’activisme et la contestation. Des Maliens lambda ne sont pas en reste via les réseaux sociaux et autres canaux de communication et n’hésitent plus à dire tout le mal qu’ils pensent de ce régime, sans ambages. La tension est à son comble, rappelant un remake des années de braise qu’a connu notre pays.. Pour un œil averti, les signaux lancés sont inquiétants et ne sont pas bons pour la suite.
IBK a t il trahi son peuple ? Peine t il a apporté de véritables solutions aux problèmes des Maliens ? S’est- il révélé incapable dans l’exercice du pouvoir ? Est ce à dire que le pouvoir actuel n’est pas à hauteur des espérances placées en lui?
Aujourd’hui le malaise est profond. Le régime d’IBK est honni. Le peuple Malien n’est plus en phase avec ses dirigeants. Les Maliens doutent et l’avenir paraît incertain.
Tout ça pour ça ! La déception est grande. Le candidat de l’espoir, celui la même qui a été plébiscité avec 77% des suffrages exprimés s’est révélé un piètre leader, un Président incompétent, un chef a mille lieux des aspirations de ceux là à qui il doit son « trône » et pour qui, il est là.
A un moment donné, la contestation était seulement au niveau des opposants au régime, chose tout à fait normal. Mais au fil du temps, l’incompétence et l’incurie du pouvoir, ses agissements à la limite de l’inconscience ont fini par « fabriquer » d’autres adversaires qui n’étaient pas forcement opposants au départ.
Aujourd’hui les choses sont telles que certains amis et soutiens du Président ont pris leur distance. D’autres font profil bas, le printemps annoncé n’ayant pas tenu la promesse des fruits. LA DÉCEPTION EST A SON COMBLE. IBK déçoit et visiblement le peuple malien ne veut plus de lui. Le peuple Malien s’est senti floué, trahi.
Il est grand temps que le Président prenne la pleine mesure des choses avant qu’il ne soit trop tard. L’humilité protège le pouvoir, l’orgueil est destructeur ! A bon entendeur.
Un mandat marqué par une série d’échecs
Au stade où nous en sommes, il faut se dire les choses telles quelles pour éviter à notre pays d’autres mésaventures. IBK a échoué et quoiqu’il fasse, son bilan à la tête de l’Etat du Mali restera négatif n’en déplaise aux flagorneurs. De son accession au pouvoir à aujourd’hui, les choses vont de mal en pis.
Au chapitre des Promesses non tenues :
*La crise du Nord a t-elle été résolue ? Peut on parler de paix et d’unité? D’intégrité territoriale ? De souveraineté totale ? Que non !
Dans cette histoire, le Mali a été humilié et continue de l’être, le pouvoir ayant choisi de s’aplatir.. La région de Kidal échappe aujourd’hui à l’Etat central et pire le pays est sous tutelle internationale depuis un moment déjà, voilà l’exacte vérité.
*La lutte contre la corruption à t elle connu un début de réponse ?
Que nenni ! Au contraire, nous assistons aujourd’hui à la plus grande prédation que le Mali ait jamais connue ( sur facturations,, achats fictifs, détournements de deniers publics, gaspillage, favoritisme, népotisme, clientélisme et à la clé impunité garantie). On aura tout vu et tout connu sous ce mandat. Pour quelqu’un qui faisait de la lutte contre la corruption et la délinquance financière une de ses priorités, nous sommes bien servis !
*L’amorce d’un développement économique et social global ?
Une vue de l’esprit. Une incantation restée au stade des bonnes intentions. Jamais le pouvoir d’achat du malien n’a connu pareille dégringolade.. La pauvreté est là et bien là. Elle s’accentue. L’espoir se meurt….
Que ces promesses ne soient pas tenues, n’est déjà pas normal et admissible, mais qu’on vienne au pouvoir pour faire comme si on était pas obligé, comme si on s’était trouvé là par son seul « mérite ». Qu’on fait ce qu’on veut et qu’on n’a de compte à rendre à personne. Je dis non !
Le comportement d’IBK, ses agissements, ses choix dans la conduite des affaires de l’Etat procèdent d’une espèce d’arrogance, de dédain et de défiance permanente qui font penser à une dictature !
IBK a commis beaucoup trop de fautes pour le laisser encore continuer dans ses travers. Les acquis de 1991 l’ont été dans la douleur et le sang par les Maliens et gare à quiconque essaiera une remise en cause !
Une autre méprise estampillée IBK
Fidèle à ses agissements, On opère cette fois ci une révision de la constitution du 25 février 1992 et ce, malgré le contexte, malgré l’iniquité et l’illégitimité du texte proposé ! Une énième bévue du régime.
Chers Maliens, Il est question aujourd’hui de notre avenir, du devenir de notre pays. Toute entreprise visant à détruire notre bien commun ne saurait prospérer. Cette révision en est une et il faut faire barrage !
Elle n’est ni opportune ni nécessaire ni pertinente. Le forcing opéré est trop flagrant et en dit long sur le peu de cas du régime quant au respect des règles de lois et principes démocratiques.
L’article 118 de la loi fondamentale qui dispose : « aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire », a été superbement ignoré dès le départ.
Nous savons tous que l’Etat central n’a pas de prise sur certaines parties du territoire national. La région de Kidal est administrée par la CMA et jusqu’a présent aucune présence des autorités Maliennes n’est autorisée. Nous savons tous aussi que le Mali fait l’objet d’agressions récurrentes de la part des djihadistes et qu’a certains endroits du territoire l’insécurité est permanente et l’Etat est absent. Malgré tout il faut y aller. A ce sujet, les multiples explications du reste pertinentes d’experts en droit constitutionnel n’y changeront rien. Le gouvernement ne veut pas entendre raison et par des élucubrations d’une ridiculité a nul autre pareil l’on tente de nous faire avaler la pilule.
On fait comme si tout va bien au Mali en termes d’intégrité territoriale et de souveraineté pour arriver à ses fins. On n’hésite pas a violé la loi pour ce faire.
Avec un tel comportement peut- on véritablement en imposer à son peuple et à juste raison ? La réponse est NON. La verticalité est fonction de l’exemplarité dans l’action. En agissant comme il l’a fait le gouvernement Malien se disqualifie et ouvre la voie à toutes sortes d’aventure. Le respect de l’article 118 devrait à lui seul dissuader le gouvernement mais hélas ! Un calendrier a été établi, il faut y aller coûte que coûte vaille que vaille.
Quid du contenu du texte proposé ?
Le constat n’est pas non plus reluisant. Le texte est un recul pour notre démocratie. L’hyperpresidentialisation est affirmée comme par hasard. Les pouvoirs du Président de la République se trouvent incroyablement renforcés au détriment des autres institutions. A quelles fins ?
On nous parle de révision constitutionnelle pour l’adapter à l’accord de paix ( une aberration juridique d’ailleurs ), et comme par hasard on en profite pour renforcer davantage le pouvoir du Président de la république. Pourquoi changer le mode de désignation des membres de la Cour constitutionnelle ( juge des élections et de la constitutionnalité de surcroît ) ? Pourquoi permettre dans la nouvelle mouture une révision constitutionnelle avec le parlement sans le peuple souverain ? Qu’est ce qu’on est entrain de mijoter ? IBK serait plus crédible s’il annonçait à l’entame sa non candidature. Pour quelqu’un qui veut rempiler, le doute est permis quant à un tripatouillage.
Aussi, L’accord illégitime dont on tire argument pour justifier cette révision constitutionnelle a montré toutes ses limites et malgré tout on en fait une bréviaire. Comme si la survie du Mali était liée à ce torchon. Un mauvais accord qui sert d’autres intérêts que ceux du Mali et des Maliens.
IBK doit comprendre que cette façon de procéder est dangereuse et peut dégénérer. Il doit respecter la loi, respecter les Maliens et respecter son serment en tant que Président de la république. La paix, la cohésion, le vivre ensemble, la tolérance découlent d’un leadership éclairé et sage. La force ne résout rien. Il est la pour son peuple et travaille pour lui. Si ce dernier dit non. Il doit l’écouter et se raviser.
En votant NON lors du référendum, les Maliens feront d’une pierre deux coups : primo : Dire niet à un projet scélérate, deuxio : rejeter par ricochet cet accord bancal qui ne devrait jamais existé car sa survie semble liée à cette reforme constitutionnelle. Le peuple du Mali est souverain et le dernier mot lui appartient !
Loin d’un hors sujet, d’une digression je dédie ce papier à Monsieur Birama TOURE, journaliste reporter au Journal le Sphinx porté disparu depuis le 29 janvier 2016 dans des circonstances non encore élucidées à ce jour !
Makan Diallo
Docteur en Droit Privé
Avocat aux Barreaux de Paris et du Mali
La rédaction