JIDDOU AG ELKHALIFA, DIRECTEUR DU CENTRE D’ANIMATION PÉDAGOGIQUE DE FALADIÈ
« Revenir à la méthode syllabique qui a fait ses preuves en son temps »
Le Centre d’animation pédagogique (CAP) de Faladiè compte cette année 190 établissements accueillant 62 199 élèves, dont 4 986 sont candidats au DEF. Son directeur, Jiddou Ag Elkhalifa, nous a ouvert les portes de son bureau pour une interview. Défis pédagogiques et solutions, rythme de supervision dans les écoles, rapports avec les syndicats… Le DCAP nous fournit des détails sur la situation du large périmètre scolaire qui relève de sa zone de compétences.
Les Echos : Quelle est la situation de votre CAP, de la rentrée scolaire à aujourd’hui ?
Jiddou Ag Elkhalifa : Le CAP de Faladiè a été créé en 2001. Dans l’ensemble, je peux dire que tout va bien. Il n’y a pas eu de perturbations, cette année. Les enseignants continuent de dispenser normalement les cours, et les conseillers pédagogiques sont chaque jour sur le terrain pour des suivis pédagogiques.
Les Echos : Quel est le nombre d’établissements (publics et privés) au compte de votre CAP ?
J.A.E. : Il y a 190 établissements encadrés par le CAP de Faladiè ; ils sont répartis comme ci-après : Classiques : 34 écoles publiques ; 6 écoles communautaires et 124 écoles privées. Nous avons aussi 23 medersas privées et 3 écoles franco-arabes.
Les Echos : Quelles sont les dispositions que vous êtes en train de prendre pour que les examens 2022 soient les mieux organisés possibles ?
J.A.E. : Nous organisons des devoirs surveillés chaque vendredi au sein de nos écoles pour permettre aux élèves d’avoir une confiance en soi. Nous élaborons aussi les listes des candidats et faisons également le choix des centres d’examens. Tout le Cap est mobilisé comme un seul homme pour la réussite des examens 2022.
Les Echos : Quelle est la fréquence de vos inspections dans les écoles ? Et pourquoi, malgré les inspections, l’excellence peine à se généraliser ?
J.A.E. : Chaque semaine, du lundi au jeudi, les conseillers et moi-même sommes sur le terrain pour apprécier les activités pédagogiques et administratives des enseignants et des directeurs d’écoles. A chaque niveau, chacun fait ce qu’il peut pour le bien-être de l’école. Les efforts doivent être combinés pour arriver à l’excellence tant souhaitée. Il est nécessaire que tous les acteurs, c’est-à-dire les parents d’élèves, les comités de gestion scolaires, les partenaires et les associations des parents d’élèves s’impliquent totalement pour que l’excellence soit généralisée dans nos écoles.
Les Echos : Pourquoi, l’école fondamentale publique est autant décriée, au point que les parents se sacrifient financièrement pour inscrire leurs enfants dans le privé.
J.A.E. : Cette triste réalité est principalement due à trois aspects regrettables. Un : les très nombreux cas de non-respect du temps réel d’apprentissage. Deux : le manque de suivi des élèves à la maison. Et trois : les effectifs pléthoriques dans les écoles.
Les Echos : Les écoles privées coûtent de plus en plus cher. Ne craignez-vous pas que cela conduise à un abandon de fait de l’école par plusieurs familles ?
J.A.E. : Vu l’évolution des situations, je crains fort pour l’avenir des enfants en situation difficile. A ce niveau, le gouvernement doit prendre des mesures et règlements pour corriger cet état de fait.
Les Echos : Comment appréciez-vous le niveau scolaire que tout le monde décrie au Mali ? Et quelles pistes pédagogiques proposez-vous pour l’améliorer ?
J.A.E. : Moi, je préfère faire des critiques constructives. Dire que le niveau de nos apprenants baisse d’année en année… Il faut que chacun se demande pourquoi ? Une des solutions est la formation continue des enseignants. Je suggère aussi que l’Etat ouvre beaucoup d’écoles professionnelles. Un pays a surtout besoin d’ouvriers qualifiés. Je propose de revenir à la méthode syllabique qui a fait ses preuves en son temps. Car, la lecture est le soubassement de tout apprentissage.
Les Echos : Quelle est, dans l’ensemble, la situation de l’avancement des programmes des différents niveaux, dans vos écoles ?
J.A.E. : L’état d’avancement des programmes est très satisfaisant dans l’ensemble. Je pense que le programme des classes d’examens sera épuisé d’ici à fin juin.
Les Echos : Quels sont vos rapports avec les partenaires et les syndicats d’enseignants dans votre CAP ?
J.A.E. : Nous avons de bons rapports avec les syndicats d’enseignants, les comités de gestions scolaires et les autres partenaires de l’école. S’il y a des questions urgentes concernant l’école, nous avons pris l’habitude d’inviter tous les partenaires pour décanter la situation. Ce qui prouve à suffisance que nous travaillons main dans la main.
Les Echos : Quelles sont les missions d’un directeur de CAP (DCAP) ? Et de quel budget dispose un CAP ?
J.A.E. : Le DCAP a pour mission de mettre en œuvre la politique nationale en matière d’éducation. Affirmatif, le DCAP dispose d’un budget de fonctionnement.
Les Echos : Combien d’élèves compte votre CAP ? Et quel est le nombre d’élèves candidats au DEF, cette année ?
J.A.E. : Nous avons, cette année, 62199 élèves dont 4986 sont candidats au DEF.
Les Echos : Quelles sont les difficultés rencontrées au sein de votre CAP ?
J.A.E. : La première difficulté reste le manque de matériels roulants (véhicules et motos). Ce manque a un sérieux impact négatif sur le travail de suivi et de supervision dévolu au CAP. Dans ce sens, nous invitons les autorités compétentes à débloquer la situation pour la mobilité des agents du CAP.
Les Echos : Franchement, êtes-vous pessimiste ou optimiste pour l’avenir de notre école fondamentale ?
J.A.E. : Je suis vraiment optimiste, car nous avons des ressources humaines capables de booster l’école malienne.
Interview réalisée par
Mamadou Komina
Source: Les Échos- Mali