Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, formant l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont tenu la toute première réunion ministérielle de l’organisation, le samedi 25 novembre 2023 à Bamako, dans la capitale malienne. Plusieurs recommandations ont été formulées pour asseoir les bases d’une véritable intégration économique et financière au sein de la nouvelle alliance. La rencontre a été présidée par le Dr Choguel Kokala Maïga, premier ministre et chef du gouvernement de la transition du Mali.
Le Mali était la capitale de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) la semaine dernière. En plus de la visite d’amitié et de travail du président de la transition du Niger, le général de brigade Abdourahamane Tiani, du premier ministre Burkinabé, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, une forte délégation du Burkina Faso et du Niger avec à sa tête le Docteur Aboubakar NACANABO, Ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective pour le Burkina Faso et Boubacar Saidou MOUMOUNI, Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Finances pour le Niger était également au rendez-vous. Composée essentiellement d’experts et agents des services économiques, ces experts avaient pour mission de dégager les obstacles d’une intégration économique et financière solide pour les peuples de la zone dite des trois frontières longtemps craint par les projets de développement.
C’est pourquoi, durant deux jours (le 23 et le 24 novembre) les experts du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont travaillé sur des thématiques en lien avec le développement et aussi les défis, enjeux et actions à mettre en place pour accélérer le processus d’intégration économique et financière au sein de l’Alliance.
Plus particulièrement, les experts ont échangé sur les thématiques telles que, les échanges commerciaux, circulation des personnes et des biens au sein de l’AES ; la sécurité alimentaire ; la sécurité énergétique ; la Transformation industrielle, potentialités et perspectives ou encore le financement, intégration économique, arsenal réglementaire et réformes nécessaires.
A l’issue des travaux, des recommandations qui jettent les bases d’une nouvelle organisation sous régionale différente des autres à tout point de vue, ont été Présentées et approuvées par les ministres en charge de l’économie et des finances des trois pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel.
On note parmi ces recommandations : l’accélération de la mise en place de l’architecture juridico-institutionnelle et des mécanismes de financement des instances de l’AES ; L’amélioration de la libre circulation des personnes dans l’espace AES ; Le renforcement de la fluidité et de la sécurité des corridors d’approvisionnement en luttant notamment contre les pratiques anormales et les tracasseries dans l’espace AES ; L’accélération de la mise en œuvre de projets et programmes énergétiques, Agricoles, hydrauliques, de réseaux de transport routier, aérien, ferroviaire et fluvial dans les Etats de l’AES ; La création d’une compagnie aérienne commune aux Etats de l’AES ; Le développement des aménagements hydro agricoles d’intérêt commun dans l’AES pour booster la production agricole (bassins agricoles notamment ceux du fleuve Sourou, plaine de l’office Niger, bassin du lac Tchad, etc.) ; La construction et le renforcement des projets d’infrastructures (barrages, pistes rurales, routes, périmètres pastoraux, parc de vaccination des animaux, etc.) ; La mise en place d’un dispositif de sécurité alimentaire commun aux trois Etats de l’AES à travers des organes dédiés (stocks de sécurité alimentaire, Systèmes d’Alerte Précoce, observatoires des marchés agricoles) ; La réalisation d’infrastructures adaptées pour le développement du cheptel et la mise en place d’abattoirs modernes pour l’exportation de la viande et des produits dérivés de l’espace AES ; Le développement des stocks de sécurité pour améliorer les capacités de stockages en hydrocarbures ; La mise en place d’un fonds pour le financement de la recherche et des projets d’investissements énergétiques et en matière de substances énergétiques notamment à partir de l’exploitation des ressources minières ; La réalisation des projets de centrale nucléaire civile à vocation régionale ; L’élaboration d’une stratégie commune d’industrialisation des pays de l’Alliance la promotion du financement d’infrastructures communautaires par la diaspora ; La mise en place d’un comité d’experts pour approfondir les réflexions sur les questions de l’union économique et monétaire ; La promotion de la diversification des partenariats ; La création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement de I’AES ; La mise en place d’un comité technique de suivi de la mise en œuvre des recommandations de la réunion ministérielle.
Ces dispositions viennent ainsi s’ajouter et renforcer la coopération déjà existante en matière de défense et de sécurité, singulièrement dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière dans la zone de Liptako Gourma, fer de lance de la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) à travers la signature de la Charte du Liptako-Gourma, le 16 septembre 2023 à Bamako.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS