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Retrait de l’armée française au Mali: on vous explique ce qu’il se passe

La fin de la présence des forces au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane a été officiellement annoncé de jeudi 17 février par le président de la République. Emmanuel Macron a déclaré que la France et ses partenaires engagés dans le lutte contre le terrorisme au sein de la task force Takuba ont pris la décision de se retirer du Mali et des redéploiements sont prévus au Niger.

Après huit années de présence, la force Barkhane s’apprête à quitter les emprises du nord du Mali et, en particulier, la très importante base de Gao.

À l’occasion du sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, Paris a affiché son (re)positionnement du dispositif militaire au Sahel.

Le départ de 2.500 soldats

Comme l’a annoncé, ce jeudi 17 février, Emmanuel Macron, “la France et ses partenaires engagés dans les missions de lutte contre le terrorisme, à savoir les Etats participants à la task-force Takuba [groupement européen de forces spéciales mis en place par Paris en 2020 pour partager le fardeau sécuritaire], ont pris la décision de retirer leurs forces militaires au Mali“.

Ce retrait se traduira dans les prochaines semaines par la fermeture des emprises maliennes des camps de Gossi, Ménaka et Gao, a précisé le chef de l’Etat. Il sera, selon lui, “effectué de manière ordonnée, avec les forces armées maliennes et avec la mission des Nations unies au Mali”. 

Comme le précise RFI, “le départ des 2.500 soldats présents au Mali va donc replacer la présence française au Sahel dans une situation semblable à ce qu’elle était avant 2013. Le poste de commandement (PC) situé au Tchad à N’djamena demeure, ainsi que la base aérienne projetée de Niamey.” Sans que Niamey ne prenne plus d’importance, relève le journaliste France Alexandre (RFI) en citant des sources militaires.

Des actions menées depuis 2013 au Mali

La présence des forces françaises au Mali remonte à 2013 pour repousser une offensive jihadiste venue du Nord en direction de Bamako. Le 2 février 2013, le président français François Hollande, le bras levé avec son homologue malien Dioncounda Traoré sur la place de l’Indépendance de Bamako affichait alors un optimisme débordant. “Nous avons gagné cette guerre”, déclarait-il.

L’entente était quasi fraternelle, affichée ostensiblement. “Merci pour la déroute des démolisseurs qui ont, hélas, passé à la pique et au marteau un millénaire d’histoire (…). Merci au nom de toutes celles qui ne connaîtront plus l’humiliation des mariages forcés et multiples. Merci pour les sanglots qu’on n’entendra pas ce soir, de la énième fille violée devant ses père et mère, terrifiés et horrifiés“, adressait alors le président malien Traoré.

En 2014, l’opération Serval devenait l’opération Barkhane, autour d’un dispositif régional associant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad.

Comme le souligne RFI, il était alors impensable “d’imaginer que la plus grande opération extérieure française se solderait par un départ du Mali dans un tel climat de défiance“.

Le tribut humain de Barkhane est lourd avec le décès de 53 morts, dont des militaires varois, face aux jihadistes. Ce jeudi 17 février, Emmanuel macron a rappelé les “résultats considérables. Et des sacrifices. Nous n’oublions pas nos soldats tombés, ni nos blessés, ni leurs familles“.

Tension palpable entre la France et le Mali

Ces derniers mois, le Mali vit une crise politique et économique. L’arrivée de la junte au pouvoir et le report des élections prévues en février 2022 a isolé le pays.

Depuis janvier, les frontières sont fermées avec ses voisins les plus importants commercialement. La communauté des Etats ouest-africains a infligé au Mali un gel des transactions commerciales et financières pour sanctionner le projet déclaré des colonels de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années“, explique TV5 Monde. 

D’un autre côté, la menace terroriste est toujours présente aux frontières du Mali, du Niger et du Burkina Faso. La situation piétinait selon certains observateurs…

Toujours est-il qu’à l’été 2021, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, le chef de l’EIGS, est neutralisé par une frappe aérienne. Abdelmalek Droukdel, chef du groupe rival Aqmi, est éliminé de la même façon en juin 2020, commente RFI.

En juin 2021, Emmanuel Macron annonce un redéploiement des militaires français à l’étranger (près de 4.300 dont 2.400 engagés dans l’opération Barkhane).

Depuis la décision d’expulser l’ambassadeur de France Joël Meyer à Bamako le 31 janvier dernier, un camouflet pour Paris, la tension était palpable entre la France et le Mali.

Les mercenaires russes de Wagner

L’arrivée de mercenaires russes de Wagner, une société de sécurité privée sur le sol malien, précipite la rupture. Jean-Yves Le Drian, face aux dénégations maliennes sur la présence des miliciens, est ferme. “Wagner est une milice privée qui s’est illustrée par des exactions. C’est absolument inconciliable avec notre présence”. 

Lors de son intervention ce 17 février, le président Macron a insisté sur le fait que la lutte contre le terrorisme ne peut pas justifier l'”exercice indéfini de conservation du pouvoir“, ni par “une escalade de la violence par le recours à des mercenaires dont les exactions sont documentées en République Centre africaine et dont l’exercice de la force n’est encadrée par aucune règle ni aucune convention“.

Selon l’état-major français, 500 mercenaires russes seraient déployés depuis janvier dans le centre du Mali, un chiffre qui pourrait même atteindre 1.000 selon RFI.

Les autorités maliennes ne confirment toujours pas cette présence, mais insistent sur le respect de leur souveraineté nationale et le droit à choisir leurs partenaires.

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