Selon plusieurs sources onusiennes, derrière l’insistance malienne à ce que le retrait de la Minusma se déroule en trois mois se cache la Russie.
« Avant même que le Mali ne formule cette exigence, Moscou a lourdement insisté pour qu’un budget de fonctionnement de seulement trois mois soit voté pour la mission, puis a menacé de bloquer le budget entier des opérations de maintien de la paix de l’ONU qui doit être approuvé par l’assemblée générale si cette demande n’était pas satisfaite », affirme ce diplomate occidental en poste à Bamako.
« Un retrait de la Minusma en trois mois. C’est totalement irréaliste. Ils cherchent à compliquer le retrait de la mission, pour la contraindre à laisser le plus de matériel possible sur place et pour montrer au peuple qu’ils peuvent défier les Nations unies », a-t-il dit.
Par ailleurs, Bamako ne cesse de rompre avec ses partenaires occidentaux au profit d’un rapprochement avec la Russie, la défiance de Bamako vis-à-vis de l’ONU constitue une étape supplémentaire dans ce divorce.
Le rapport onusien sur le massacre de Moura, facteur de divorce !
Dès lors, le divorce avec la Minusma semblait difficilement évitable. Ces derniers mois, le Mali a en effet multiplié les actes de défiance à l’encontre de la mission onusienne. Les capacités de mouvement de ses casques bleus ont été entravées, son porte-parole puis son directeur de la division des droits humains ont été expulsés du pays.
Le 1er juin dernier, une enquête judiciaire pour « espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat et complot militaire » a également été ouverte contre les enquêteurs onusiens et leurs « complices » ayant participé au rapport de l’ONU sur les évènements de Moura.
En effet, le 27 juin dernier, l’inspecteur général Amadou Konaté, directeur général des douanes, a exigé d’interrompre immédiatement les importations de tous matériels à destination de la mission onusienne jusqu’à la date définitive de son retrait du Mali. Cette mesure rendrait paradoxalement tout retrait de la Minusma impossible.
Car pour permettre à sa soixantaine d’aéronefs et à ses centaines d’engins roulants de quitter le pays, la mission doit notamment pouvoir importer du carburant.
« Nous avons aussi besoin d’importer de la nourriture pour les casques bleus. On ne tiendra pas plusieurs mois avec nos stocks actuels », s’inquiète un employé de la Minusma.
Solo Minta
Source : Tjikan