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Retour de la paix au Mali : Le Niger au premier plan

S’il est vrai que l’accord pour le retour de la paix au Mali a été signé à Alger, après huit longs mois de tractations, force aura été aussi de reconnaitre que s’il y a un pays qui est et reste aux côtés du Mali c’est bien le Niger. Ce pays frère et voisin du nôtre, conscient des dangers et méfaits que représente la rébellion dans le Sahel (un espace qu’il partage avec le Mali et plusieurs autres), n’a de cesse de déployer ses moyens pour une retrouvaille escomptée entre le Mali et ses fils égarés. La récente rencontre dite « d’entente entre la plateforme et la CMA », tenue sur son sol et à laquelle le Président IBK s’est invité en est une parfaite illustration.

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Qui ne se souvient pas des nombreuses interventions du Président nigérien, Mahamadou Issoufi, à la tribune des Nations-Unies demandant le renforcement du mandat de la MINUSMA ou encore dénonçant le laxisme et le jeu troubles de certains groupes armés dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Son soutien ne date pas de la signature de l’accord, mais bien avant. Et, pourtant, lors de son discours d’investiture du Président IBK en 2013, au stade du 26 Mars, devant un parterre de Chefs d’Etat, l’effort du Niger avait été royalement ignoré par Ibrahim Boubacar Kéïta qui a même oublié de saluer la présence du Président nigérien pourtant bel et bien en face de lui. Si cela avait, en son temps, provoqué quelques remous au sein de la société civile nigérienne et servi de prétextes à l’opposition nigérienne pour dénoncer la trop grande implication de Niamey dans la crise malienne, le Président Mahamadou Issoufi, en Homme d’Etat, conscient des enjeux géostratégiques, n’a pas prêté une oreille attentive à ceux qui lui demandaient de revoir sa copie. Au contraire, il a davantage mouillé le maillot pour la paix au Mali. Il a, à plusieurs reprises, joué de rôle de facilitateur « officieux » entre Bamako et les groupes rebelles. Ce pays frère vient une fois de plus de faire valoir sa bonne foi dans la résolution de la crise qui secoue notre septentrion depuis trop longtemps.

Le Niger en sapeur pompier

En effet, la Plateforme et la CMA, les ennemis jurés d’hier, étaient parvenus à la surprise générale à s’entendre, à s’asseoir autour d’une même table pour palabrer et mettre fin à leurs différends. Une lueur d’espoir a traversé le peuple meurtri malien. Le gouvernement s’en est félicité peut-être un peu trop tôt. Car, la Plateforme, considérée jusque là comme un mouvement neutre ou pro gouvernement, c’est, selon certains analystes, allait se liguer avec la CMA pour signer un communiqué conjoint et fustiger les lenteurs du gouvernement dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Mais, cette entente connaitra un coup de froid quand la branche armée de la Plateforme le GATIA avait fait son entrée triomphale dans la ville de Kidal. Ç’a failli partir en vrille n’eut été les bons offices de certains partenaires dont le Niger et son Président de la République en personne. Ce n’était que de courte durée. Avec le vote de la loi des autorités intérimaires, chacun voyant midi à sa porte, les appétits se sont aiguisés et les conflits de positionnement ont commencé à poindre le nez. Désormais, les deux camps se regardaient du coin de l’œil. Et, pourtant, pour anticiper cette situation, les groupes armés s’étaient réunis pour tenir ce qu’ils se sont convenus d’appeler «leur conférence d’entente ». Cette conférence visait à déterminer la part de responsabilité qui reviendrait à chaque groupe pendant la mise en place des autorités intérimaires. Plus le gouvernement hâte le pas pour mettre en œuvre ces autorités intérimaires, plus le fossé s’agrandit ente les deux groupes.

La question du Général Gamou, prêt à rompre le banc en cas d’insatisfaction, a fait le chou gras de la presse la semaine dernière. C’est dans cette atmosphère tendue que le Niger a, comme à son habitude, convié les deux groupes armés pour apaiser la tension. Le soulagement était tel que le Président IBK a décidé de s’auto-inviter à cette réunion.

Au sortir de cette rencontre, les deux groupes armés sont parvenus à s’entendre, du moins pour le moment, sur un certain nombre de points, à savoir : faire baisser la tension à Kidal ; gérer de façon collégiale la sécurité à Kidal y compris les check point ; attribuer 4 postes à chacun des deux mouvements au sein de la commission régionale de coordination des activités socio-économiques qui comportera 8 membres. S’agissant de la commission sectorielle, au nombre de six (eau/énergie ; assainissement, éducation, santé, humanitaire et communication), elles sera gérée de la façon suivante: la présidence de deux commissions, la vice présidence de deux autres commissions ainsi que la deuxième vice-présidence des deux restantes seront assurées par la Plateforme ; les quatre présidences et quatre vice-présidences et quatre deuxième vice présidences des commissions sectorielles à la CMA. Encore une fois, c’est grâce au Niger que le Mali pousse un ouf de soulagement.

Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

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