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Retard dans la mise en œuvre de l’Accord : les remarques du Centre Carter !

Centre Carter, Observateur indépendant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, a publié le 20 septembre 2019 son 2ème rapport de l’année en cours sur le Mali pour la période de mai à août 2019. Cinquième du genre sur le Mali depuis sa désignation comme Observateur indépendant en décembre 2017, le Centre Carter rappelle dans ce document d’environ vingt pages, que la mise en œuvre dudit Accord continue à être caractérisée par des lenteurs et des réticences chroniques, avec les risques que cela représente pour le Mali et la sous-région.

Au cours d’une conférence tenue la semaine dernière, le consultant du Centre Carter, Jean Ntole Kazadi, a souligné entre autres obstacles : les manœuvres dilatoires ; le manque de confiance entre les parties signataires ; le problème de leadership de la partie gouvernementale ; le manque de traçabilité des fonds destinés à la mise en œuvre de l’Accord, etc.

Selon le document, les obstacles sont nombreux et viennent de toutes les parties. Pire, précise Ntole KAZADI, il y a des accointances entre des signataires de l’Accord et des groupes terroristes. Toutefois, le rapport relève quelques progrès acquis entre mai et aout 2019, à l’instar de l’adoption par l’Assemblée nationale, en juin 2019, de la Loi d’Entente nationale et de la Loi créant la Zone de développement des régions du nord. Parmi les avancées, le rapport souligne le processus de Démobilisation, Désarmement, et Réintégration (DDR) avec un regroupement sur trois sites de 1100 éléments du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) qui ont été formés, immatriculés et intégrés dans l’armée reconstituée.

Dans le même rapport, l’on note aussi des tactiques dilatoires des parties dans le processus DDR accéléré, ainsi que la pause dans le processus de réforme constitutionnelle. C’est le cas du referendum constitutionnel prévu en juin et qui n’a pas eu lieu et le Dialogue Politique Inclusif devra être achevé avant le redémarrage de la réforme constitutionnelle. Aussi, en juillet 2019, la profanation du drapeau national à Kidal a-t-il également constitué un nouveau revers pour le retour des services sociaux gouvernementaux dans la ville.

Concernant la Zone de développement, le document témoigne que les institutions et les mécanismes prévus pour sa mise en place et son opérationnalisation ne sont ni effectifs ni fonctionnels. Les différends sont encore vivaces entre les Parties signataires sur la gestion et le fonctionnement du Fond de Développement Durable (FDD), destiné à soutenir le développement des régions du nord.

L’Observateur indépendant a cependant constaté que pour appuyer ce processus de développement, les donateurs internationaux ont généralement tenu leurs engagements financiers annoncés en 2015 à la Conférence de Paris, qui représentaient une contribution de 3,5 milliards de dollars américains. Un montant qui correspond en grande partie à des projets déjà en cours en 2015 et non à de nouveaux financements supplémentaires spécifiquement liés à l’Accord. Globalement, le rapport signale une absence de développement économique depuis 2015 et cela contribue au scepticisme croissant du public à l’égard de l’Accord.

Pour ce faire, le Centre Carter recommande plusieurs mesures pour améliorer la mise en œuvre de l’Accord, notamment que le gouvernement, en coordination avec les partenaires internationaux, publient un rapport sur l’état d’exécution des donations internationales en soutien à la mise en œuvre de l’Accord. Les signataires devraient également rapidement opérationnaliser la Zone de développement et résoudre leur différends autour du Fonds de Développement Durable.

En outre, l’Observateur indépendant recommande au Conseil de Sécurité des Nations Unies et au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine d’encourager les décideurs au plus haut niveau à faire preuve d’un leadership accru dans la mise en œuvre de l’Accord. Pour la première fois depuis le début de sa mission, l’Observateur indépendant recommande aussi que la communauté internationale envisage des mesures dissuasives ou des sanctions à l’encontre des décideurs, notamment face aux multiples manœuvres dilatoires qui retardent la réalisation du processus essentiel du DDR.

« On déplore le fait que l’annulation du CSA soit intervenue au dernier moment, mais les arguments du gouvernement sont défendables. Le gouvernement n’a pas dit qu’on ira jamais tenir un CSA à Kidal, mais nous avons bon espoir », a dit Jean Ntole Kazadi. Pour lui, il y a le terrorisme, mais aussi le banditisme qui est dû au fait qu’on n’avance pas dans la mise en œuvre de l’Accord. «Tant que les parties repoussent par toutes les manœuvres le DDR, le banditisme va toujours gagner du terrain », a-t-il conclu.

A. O

Source: Ziré

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