En janvier 2013 lorsque le président par Intérim, Dioncounda Traoré, avait sollicité du président français d’alors, François Hollande, l’intervention des troupes françaises au Mali pour stopper l’avancée inexorable des groupes djihadistes sur Bamako, les maliens ne savaient plus à quel saint se vouer et s’étaient presque résignés.
Heureusement qu’avec cette intervention de l’armée française sous l’appellation ‘’Opération Serval’’, les groupes djihadistes ont été mis en déroute et le caractère laïc de la République a été sauvé de justesse. A l’époque, les militaires français étaient tout simplement perçus comme des héros par les populations maliennes, d’est en ouest et du nord au sud. Avec le temps et à la faveur d’un renforcement d‘objectifs, l’Opération Serval qui se limitait uniquement au Mali a été étendue à toute la bande sahélo-saharienne sous l’appellation ‘’Opération Barkhane’’ avec pour vocation, la lutte contre le terrorisme et ses multiples connexions que sont le crime organisé et le trafic de drogue. Vu sous un angle, on retiendra que la présence des troupes françaises dans le Sahel en général et particulièrement au Mali, est plutôt salutaire.
Dès lors on serait porté à se demander d’où vient-il que les populations qui avaient accueilli avec une grande euphorie ‘’l’Opération Serval’’ en 2013, en arrivent aujourd’hui à éprouver une espèce de ressentiment envers ‘’Barkhane’’ ?
Mais à bien y disserter, on se rendrait aisément compte que ce ressentiment est loin de fédérer l’unanimité et ne serait que la résultante de certaines actions entreprises par certaines organisations de la société civile en manque d’adhérents crédibles. Ces organisations, dont les rênes sont tenues par des acteurs en quête de popularité, excellent dans l’opportunisme et chaque circonstance, chaque évènement socio-politique s’offre à elles pour manifester à tout bout de champ.
C’est ainsi que d’aucuns, parmi les membres du Conseil National de la Transition (CNT), ont tenté de s’illustrer en appelant à une marche populaire, le 20 janvier, pour fustiger la présence des troupes françaises au Mali. Evidemment, comme on pouvait s’y attendre, l’autorité compétente n’y a pas souscrit et la marche a été étouffée dans l’œuf. Au regard de leurs prises de positions, on devrait vraiment se demander si ces contempteurs des forces françaises au Mali sont réellement au courant de la situation sécuritaire qui prévaut dans nos campagnes. Vu le rôle capital que joue la force Barkhane dans la lutte contre le terrorisme, il serait difficile de jouir de toutes ses facultés mentales et exiger le départ de Barkhane, surtout des localités du centre et celles du septentrion.
Le plus dangereux chez les contempteurs des forces françaises au Mali est qu’ils font exprès pour semer une certaine confusion entre le sentiment d’incomplétude qui anime les populations et le ressentiment envers la France.
Le sentiment d’incomplétude qui anime les populations est que celles-ci ne peuvent pas comprendre que nonobstant la présence effective de ses soldats français sur le terrain avec du matériel de communication et des équipements militaires à la pointe de la lutte contre le terrorisme, la Force Barkhane puisse rechigner souvent à prêter main forte à l’Armée nationale malienne qui n’en finit pas d’essuyer des revers face aux groupes terroristes. C’est un secret de polichinelle que dire, sur le terrain de la lutte antiterroriste, le tendon d’Achille de l’Armée malienne est essentiellement le déficit de renseignements dû à la désuétude de ses dispositifs communicationnels. Toute chose qui la handicape sérieusement dans sa mission de lutte contre le terrorisme.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako