Cependant son exploitation est l’apanage exclusif des multinationales étrangères. Ce qui ne profite pas bien non seulement à l’État mais aussi aux populations. Avec la mise en œuvre du nouveau code minier, la donne est en train de changer.
En effet, le nouveau code minier, qui ne s’applique qu’aux nouvelles exploitations, laisse une place de choix à l’État dans le contrôle de ses ressources minières. Ainsi, dans le cadre de la résolution d’un litige qui l’oppose à Firefinch, Leo Lithium et le chinois Ganfeng Lithium, l’État malien a racheté la mine de Morila et a obtenu 30% d’intérêts dans la première mine de lithium
Rachat de la mine d’or de Morila
Selon des sources bien introduites, la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-SA), la compagnie publique malienne, rachètera la mine de Morila. Ce rachat s’inscrit dans le cadre de la résolution du litige. Avec plus de 200 tonnes d’or livrées au cours de ses deux décennies d’existence, Morila est l’une des mines les plus productives du Mali. Firefinch l’a acquise en 2020 avec pour objectif de redonner une nouvelle jeunesse à cet actif en fin de vie. C’est cette mine qui passera finalement sous le contrôle de l’État. C’est du moins l’information donnée le 8 mai par son actuel propriétaire australien Firefinch qui annonce la vente de la mine à la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-SA) pour un dollar symbolique. Cela marque la fin de l’ambitieux projet de Firefinch consistant à redonner une nouvelle jeunesse à la mine d’or Morila. Exploitée pendant deux décennies avec plus de 7,5 millions d’onces d’or livrées sur cette période, Morila a été rachetée en 2020 par Firefinch. La compagnie australienne a ensuite mis en place un plan pour exploiter la mine jusqu’en 2030, avant de se résoudre à vendre Morila, faute de liquidités pour soutenir les activités. Et ce n’est pas tout. Toujours dans le cadre du règlement du différend, Ganfeng s’est engagé à verser 60 millions de dollars au gouvernement malien, au nom de Leo et de Firefinch.
Selon Firefinch, Bamako a initialement opposé son véto au processus de vente de Morila et exigé que cette transaction fasse partie de la résolution d’un autre litige relatif à la première mine de lithium du Mali, Goulamina, propriété de Leo Lithium et Ganfeng. Goulamina appartenait jusqu’en 2021 à Firefinch qui a créé Leo Lithium afin de confier son projet phare à une entité différente du propriétaire de la mine d’or de Morila. Or, le gouvernement malien considère les deux sociétés comme une seule entité et juge irrégulier le transfert de titre minier ayant permis à Leo Lithium de prendre le contrôle de Goulamina, expliquent les deux compagnies australiennes. «Toute conclusion selon laquelle les permis et licences de Goulamina qui sont invalides ou irréguliers aurait un impact négatif important sur Firefinch, compte tenu de la participation de 17,6 % de Firefinch dans Leo et de la participation de Leo dans Lithium du Mali SA [société malienne qui détient directement la mine Goulamina, Ndlr] », indique le communiqué de Firefinch qui justifie ainsi sa décision de signer l’accord de vente de Morila. Par ailleurs, l’accord a aussi consacré la participation de l’Etat malien dans Goulamina à hauteur de 30% au plus, contre 20%.
Les intérêts de l’État malien dans la première mine de lithium du pays passent de 20 à 30%
Toujours selon nos sources, le Mali devrait s’imposer en 2024 comme le premier producteur de lithium en Afrique de l’Ouest, grâce au projet Goulamina. Conformément au précédent code minier, le gouvernement aurait dû obtenir un maximum de 20% d’intérêts dans la première mine de lithium du pays. Mais avec le nouveau code minier, la première mine de lithium du Mali sera détenue à 30% par le gouvernement, avec 5% d’intérêts supplémentaires pour les investisseurs locaux. C’est l’annonce faite le 8 mai par la compagnie minière australienne Leo Lithium qui précise également avoir cédé sa participation dans Goulamina au chinois Ganfeng Lithium, déjà actionnaire du projet. Depuis plusieurs mois, Leo Lithium et l’État malien mènent des discussions relatives à l’application du nouveau code minier adopté en 2023 par Bamako au projet Goulamina qui bénéficiait jusqu’alors des règles du précédent code. Pour l’État malien, le transfert du permis d’exploitation minière de Goulamina entre le précédent propriétaire Firefinch et le nouveau Leo Lithium s’est déroulé de manière irrégulière, nécessitant l’obtention d’un nouveau permis. Leo Lithium a contesté cette irrégularité sans obtenir gain de cause, laissant donc le projet Goulamina dans une sorte de vide juridique empêchant le début de la production attendue cette année. Avec son partenaire de coentreprise chinois, la compagnie australienne est finalement parvenue à un accord avec les autorités maliennes, donnant gain de cause à ces dernières. En conséquence, le projet sera entièrement piloté par Ganfeng Lithium qui devrait débourser 342,7 millions de dollars pour acquérir la participation de 40% de Leo Lithium. A noter que l’entrée en production du gisement Goulamina est désormais attendue au troisième trimestre 2024, ce qui fera du Mali le premier producteur ouest-africain de lithium. La mine est exploitable sur une durée de vie de plus de 23 ans, avec une production annuelle pouvant atteindre 1 million de tonnes de concentré de spodumène.
Youssouf Konaré