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Résolution des conflits intercommunautaires au Mali : L’efficacité des mécanismes endogènes

Le Mali est un pays de civilisation et de valeurs ancestrales fondées sur sa diversité ethnique et culturelle. La société bâtie sur ces valeurs de dignité, de respect, de dialogue, de tolérance, d’hospitalité et de non-violence a permis, pendant des siècles, le vivre-ensemble dans l’harmonie et la concorde des communautés. Au Mali, les conflits sont gérés par diverses méthodes à différents niveaux.

L’organigramme de la société tel que conçu par les fondateurs de l’empire du Mali, a intégré à la fois la prévention et la gestion des conflits communautaires dans le fonctionnement de la société.

Ainsi, avant le colonisateur, des autorités légitimes et compétentes faisaient office de négociateurs et de juges. Ici, on assiste au tout premier mécanisme de résolution des conflits communautaires appelé la gestion traditionnelle des conflits. Une diversité d’acteurs est impliquée. Il s’agit des chefferies, leaders communautaires, imams, marabouts, cadis. Ceux-ci s’appuient sur les repères historiques des sociétés, les valeurs éthiques et morales, de même que les conventions sociales intercommunautaires (pacte entre ethnies établies au fil de l’histoire pour gérer les conflits).

La réunion sous l’arbre à palabres sur convocation du chef de village est une forme de tribunal. En présence de ses conseillers, le chef du village ou de la tribu parvenait à résoudre le différend à travers une décision qui s’imposait à tous. Le cousinage à plaisanterie ou «Sanankouya» et l’intermédiation des griots et hommes de caste sont aussi des moyens efficaces pour gérer les conflits. Aussi pour prévenir les conflits, les communautés nouaient des alliances, telles que le mariage. Aujourd’hui, ce mécanisme de résolution des conflits qui existe encore dans plusieurs contrées est abusivement perçu comme un règlement à l’amiable.

La situation critique au centre du Mali interpelle les décideurs à mettre en avant ce mode de règlement endogène. Il s’agit donc de ramener les communautés peuhles et dogons, qui ont toujours vécu en symbiose sous le Toguna, à conjurer le spectre de la guerre entre frères.Le deuxième mécanisme de résolution des conflits communautaires au Mali est la gestion administrative ou judiciaire. Ici, on fait recours à la justice qui selon des procédures, tranche à travers des décisions de justice qui s’imposent aux protagonistes.Il faut ajouter un nouveau mécanisme initié par les autorités pour faire face à la crise multidimensionnelle que connaît le Mali depuis 2012. Il s’agit de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Cette structure créée en 2014 dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a le mandat de « contribuer à l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale et des valeurs démocratiques». A travers ses antennes sur l’ensemble du territoire, la CVJR œuvre par des méthodes pour amener les communautés à se pardonner et à se réconcilier.  Nul ne doute que parmi ces mécanismes de résolution des conflits communautaires, les plus efficaces restent ceux dont les acteurs sont les populations elles-mêmes car les chefferies traditionnelles sont respectées tandis que l’autorité administrative est crainte.

Bourama Camara

 

Source: lechallenger

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