Une étude publiée en novembre 2020 sur les fake news fait état de 35,4 millions de tweets ayant relayé ou commenté une fake news en 2018 et de plus de 45,5 millions en 2019. Le pouvoir de nuisance de la désinformation et de la mésinformation est devenu incontrôlable avec les réseaux sociaux. Par ignorance, les «fake news» et les messages violents et inappropriés sont relayés à une vitesse vertigineuse, sans aucune possibilité de les freiner.
Leur propagation influence fortement l’opinion publique et cause des préjudices parfois irréparables. Face à ces dérives, il semble nécessaire de prendre des mesures pour informer et sensibiliser les utilisateurs des réseaux sociaux, des risques que comporte leur mauvaise utilisation, tant pour eux-mêmes que pour les autres.
Dans cette perspective, la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) organise depuis mardi un séminaire régional d’information et de sensibilisation relatif aux comportements délictuels sur les réseaux sociaux.
L’ouverture des travaux de la conférence virtuelle a été présidée par le directeur de cabinet du Département du développement de l’entreprise des mines, de l’énergie et de l’économie numérique (DEMEN), Guynand Maxime-Thierry Kouame. C’était en présence de la présidente de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL) du Burkina Faso, Marguerite Ouedraogo.
La rencontre de trois jours vise à informer sur les conséquences des dérives dans l’utilisation des réseaux sociaux dans la vie réelle, sur les individus, les entreprises et sur la vie sociale de façon générale. Elle a comme autres objectifs d’éduquer à un usage adéquat des plateformes virtuelles et à l’adoption d’attitudes responsables face à l’information et prévenir les multiples impacts négatifs que la transformation numérique pourrait avoir sur la vie des populations.
Les actes délictuels sur les réseaux sociaux : infractions et sanctions, principes de la réglementation et de la régulation des réseaux sociaux, l’approche de Facebook pour lutter contre les fausses nouvelles, le traitement des comportements délictuels sur les réseaux sociaux : l’expérience de l’Autorité de protection des données personnelles du Sénégal sont, entre autres, thèmes qui seront abordés au cours de cette rencontre qui regroupe, outre les hommes de médias des huit États membres de l’Uemoa, les représentants des autorités nationales de régulation des communications électroniques, des représentants des ministères en charge de l’Économie numérique, des représentants de la police judiciaire, des magistrats, des parlementaires.
Guynand Maxime-Thierry Kouame a souligné que les réseaux sociaux, initialement destinés à soutenir et accélérer le développement, présentent de nos jours des risques dus à leur mauvaise utilisation.
Les cas d’utilisation abusive des réseaux sociaux sont légion : violation de la vie privée, harcèlements, intimidations, publications de messages inappropriés et de contenus haineux, propagation d’images violentes, diffusion d’informations mensongères communément appelées «fake news», publications de photos ou récits sans l’autorisation des personnes concernées, incitation à la haine, au racisme et même l’apologie du terrorisme pour ne citer que ces exemples.
Tous ces comportements, a-t-il dit, ont trouvé leur place sur les réseaux sociaux et nuisent significativement à la vie des utilisateurs mettant en péril la confiance dans l’économie numérique, aussi bien dans les États les plus vulnérables que dans les plus développés. Nul n’est à l’abri.
La présidente de la CIL a souligné que la lutte contre les comportements délictuels sur les réseaux constitue un combat des autorités de protection de données personnelles car elles sont fréquemment saisies de cas de plaintes relatives à ces plateformes. Marguerite Ouedraogo a témoigné sa gratitude au président de la Commission de l’Uemoa et à ses collaborateurs pour ce cadre d’échanges créé pour traiter des problèmes communs auxquels «nos États membres» sont confrontés. Pour elle, l’éveil de conscience sur les conséquences négatives des TIC nécessite une large conscientisation des utilisateurs, de la part des acteurs du numérique.
Aminata Dindi Sissoko
Source : L’ESSOR