Alors que le Comité scientifique de lutte contre la Covid-19 a émis un avis favorable à la demande de la Fédération
malienne de football de reprendre ses activités, le ministère de la Jeunesse et des Sports, à travers la direction
nationale des sports et de l’éducation physique répond que «toute réouverture des installations sportives
sera contraire aux instructions des autorités». Ambiance
La direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP) s’oppose à la reprise du championnat national. Elle l’a fait savoir, vendredi dernier à la Fédération malienne de football (Femafoot), expliquant que le ministère de la Jeunesse et des Sports a instruit la fermeture de toutes les infrastructures sportives et socioéducatives jusqu’à nouvel ordre. Dans une lettre adressée à l’instance dirigeante du football national, Aliou Maïga, le directeur national des sports et de l’éducation physique écrit : «J’accuse réception de votre lettre ci-dessus référencée, relative à la reprise des compétitions nationales, ainsi que le protocole de respect des mesures barrières dans le cadre de la prévention de la pandémie Covid-19 pour tous les acteurs. Suite au communiqué issu de la réunion du Conseil supérieur de la défense nationale du 17 mars 2020, le ministre de la Jeunesse et des Sports par lettre n°0187/MJS-SG du 19 mars 2020, a instruit la fermeture de toute les infrastructures sportives et socioéducatives publiques jusqu’à nouvel ordre. à cet effet, la direction nationale des sports et de l’éducation physique applique les dispositions prévues par les lettres ci-dessus citées. Toute réouverture prématurée des installations sportives sera contraire aux instructions du ministre de la Jeunesse et des Sports. La prévention de la santé de la population malienne en général, des sportifs et leurs familles, en particulier est la priorité de la direction nationale des sports et de l’éducation physique dont le souci est : l’athlète en premier, la victoire après».
Si du côté de la Femafoot, la décision de la DNSEP a été accueillie avec surprise, voire déception, certains responsables de ligue disent comprendre le souci des autorités de privilégier la santé de nos concitoyens. «Le Comité scientifique qui organise la riposte contre le SARS-COV-2 au sein du Conseil supérieur de la défense nationale a émis un avis favorable pour la reprise des activités sportives. Si les stades et autres équipements et installations ont été fermés à cause de cette pandémie, aujourd’hui l’équation est résolue», a réagi Dr Sékou Diogo Keïta du bureau fédéral. Et de s’interroger : «Quels risques prenons-nous, responsables du Comité exécutif de la Femafoot, en mettant ensemble les acteurs testés négatifs pour pratiquer le football à, huis clos, surtout sur la base d’un protocole sanitaire validé par les autorités sanitaires» ? Pour le président de Lafia Club de Bamako (LC. BA), toutes les conditions sont réunies aujourd’hui pour une reprise des activités de la Femafoot, notamment le championnat national et la Coupe du Mali. Dr Sékou Diogo Keïta pense même que la reprise des activités peut contribuer à apaiser le climat social très tendu depuis plusieurs semaines.
Un avis que ne partage pas le vice-président de la ligue régionale de Tombouctou, Abba Mahamane. «Aucune autorisation n’a été donnée par l’état pour ouvrir les stades. Sincèrement, à Tombouctou la reprise du championnat n’est pas à l’ordre du jour, parce qu’il y a aujourd’hui plus de 400 cas positifs de coronavirus à Tombouctou. Aujourd’hui, les autorités et les sportifs de la Région de Tombouctou sont préoccupés par la lutte contre la pandémie de la Covid-19. Le football ne peut être une priorité, alors que la santé de la population est menacée», rétorque le vice-président de la ligue régionale de football de Tombouctou. Pour Abba Mahamane, il faut purement et simplement annuler la saison et «préparer sereinement le prochain exercice».
Vendredi, la ligue de la Cité des 333 saints a adressé une correspondance au président du Comité scientifique Covid-19 dans laquelle, elle explique ne pas être en mesure de participer au championnat national, en cas de reprise. «Comme vous le savez, la situation de la maladie est très préoccupante à Tombouctou qui compte plus de 400 cas testés positifs de Covid-19 parmi lesquels le président du club Alfarouk qui s’en est sortie par la grâce de Dieu. Aujourd’hui, il n’est pas envisageable de reprendre les compétitions dans les circonstances actuelles caractérisées par le peu de connaissance dont disposent les spécialistes que vous êtes sur le virus et égard aux dégâts considérables que la pandémie cause chez nous à Tombouctou.
Nous pensons que comme l’ont fait remarquer les premiers responsables du football au plan continental, la santé des footballeurs (mentale et physique) est primordiale et devrait constituer l’éthique de toute prise de décision concernant la reprise des activités de football», peut-on lire dans ce courrier signé du président de la ligue de football de Tombouctou, Salaha Baby.
Pour mémoire, la Fédération internationale de football (Fifa) a annoncé la mise en place d’un fonds d’aide aux fédérations nationales, afin de les aider à faire face aux conséquences économiques de la Covid-19. Dans les prochains mois, chaque association sportive membre de l’instance dirigeante du football mondial devrait percevoir 1,32 milliard d’euros (environ 8,6 milliards de F cfa) sous forme de subventions et de prêts pour qu’elles puissent faire face aux conséquences de la crise sanitaire.
«La Fifa a approuvé à l’unanimité un plan d’aide de 1,32 milliard d’euro (environ 8,6 milliards de F cfa)», a déclaré le président de la Fifa, Gianni Infantino , précisant que l’instance dirigeante du football mondial exercerait «un contrôle strict de l’utilisation des fonds».
Chacune des 211 fédérations membres pourra recevoir 1 million de dollar (environ 500 millions de F cfa) et une aide supplémentaire de 500.000 dollars (environ 250 millions de F cfa) pourra être attribuée pour venir en aide au football féminin. Une autre aide sera disponible sous forme de prêts sans intérêts, qui pourront atteindre jusqu’à 35 % des revenus de chaque fédération. Le montant minimum de chaque prêt sera de 500.000 dollars (environ 250 millions de F cfa) et le maximum de 5 millions de dollars (environ 12,5 milliards de F cfa). De plus, chaque confédération pourra recevoir un prêt de 4 millions de dollars (environ 2 milliards de F cfa). «Des clubs et des fédérations sont en réel danger.
Dans certaines parties du monde, le football n’a pas encore repris. Nous devons leur venir en aide», a expliqué Gianni Infantino. La création de ce fonds d’aide au football avait été annoncé en mars par la Fifa. L’instance basée à Zurich avait annoncé le versement par anticipation de 138 millions d’euros (environ 90,3 milliards de F cfa) de subventions à ses 211 fédérations membres, soit l’ensemble des aides pour les années 2019 et 2020, afin de faire face aux conséquences de la pandémie de la Covid-19.
Seïbou S.
KAMISSOKO
NB : Demain, le président de la Fédération malienne doit tenir un point de presse au siège du Conseil national du Patronat pour parler des préparatifs de la reprise du championnat et autres affaires courantes.
Source: Journal l’Essor- Mali