Alors que depuis huit mois, la secte Boko Haram attaque les frontières nord du Cameroun, le pays s’emploie à préserver son unité et sa solidarité. La communauté musulmane est la première à dénoncer les agissements de la secte jihadiste et veut éviter tout amalgame.
Samedi 7 février au Palais des congrès de Yaoundé, l’imam Jémoni avait invité ses fidèles à une journée de prière pour le Coran et pour la paix. Il avait aussi pris soin de convier des chrétiens pour démontrer aux Camerounais que les religions sont solidaires contre la barbarie de Boko Haram. L’imam Jémoni est confiant. Pour lui les jihadistes ne réussiront pas à diviser les Camerounais.
« Ce n’est pas possible, parce que le Cameroun est un homme avisé. Si tel était le cas, on n’en serait pas là. Je n’aurais pas appelé monsieur l’évangéliste, le pasteur […] On est ensemble pour qu’on n’instrumentalise pas l’islam à des fins inavouées. »
Désamorcer les préjugés
Caftan blanc et barbe grisonnante, Daouda Kotou anime à la télévision une célèbre émission sur l’Islam. Depuis que Boko Haram est entré en guerre contre le Cameroun, il s’y emploie à désamorcer les préjugés. « Vous ne pouvez pas avoir un mouvement de panique qui peut faire que tel musulman ne va plus parler avec tel chrétien, affirme-t-il. Non, cela ne se peut pas, parce que les gens sont avisés. Nous-mêmes, dans les émissions que nous animons, nous faisons tout pour faire comprendre qu’en réalité, ce qui se passe au nord du Cameroun est tout, sauf l’islam. »
Quant aux autorités, elles combattent les discours clivants. Ainsi, avant même l’irruption de Boko Haram dans la région de Garoua, des imams jugés trop radicaux ont été interdits de prêche dans les mosquées.
Source: RFI