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[Reportage] Algérie: «Désormais, c’est le peuple qui aura le dernier mot»

En Algérie, la mobilisation populaire se poursuit. En plus des grandes manifestations du vendredi, tous les jours de petits rassemblements citoyens ont lieu. Principale revendication : un renouvellement total de la classe dirigeante. Ce mardi le Parlement algérien doit d’ailleurs nommer un président par intérim. Après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, c’est Abdelkader Bensalah, le président du Sénat algérien, qui doit prendre les rênes du pays. Ce que la rue refuse catégoriquement.

 

La colère et le ras-le-bol s’expriment tous les jours dans les rues de la capitale. Dans le viseur de la population, trois responsables, des fidèles d’Abdelaziz Bouteflika baptisés les « 3B ». Bensalah, Bedoui et Belaiz sont respectivement président du Conseil de la Nation, Premier ministre et président du Conseil constitutionnel.

Pour Rachid, trop c’est trop, ils doivent démissionner : « Les 3B, pour l’amour de Dieu, partez ! Bensalah, tu devrais avoir honte ! Tu n’as jamais été au service du peuple algérien ! Il a passé tout son temps à dormir durant toutes ces années… L’Algérie n’est pas une maison de retraite, tu dois partir, tu as 85 ans ! Suivez le chemin de Bouteflika, partez ! Plus jamais on ne quittera notre pays dans des barques. C’est vous qui allez partir maintenant. »

Rachid fait référence à ces Algériens poussés par le désespoir, et qui tentent de traverser la Méditerranée parfois dans des canaux de fortune. Le rêve d’une vie meilleure en Europe.

Dans ce petit rassemblement à Alger, Ismaïl, un autre manifestant, est déterminé. Le pouvoir doit revenir au peuple, affirme-t-il : « Est-ce qu’ils savent seulement ce que signifie le mot “renouvellement” ? Nous avons demandé de nouveaux visages et eux, ils veulent recycler les anciens. Bouteflika est parti et ils veulent le remplacer par son bras droit ? Désormais, c’est le peuple qui choisira ses dirigeants. C’est le peuple qui aura le dernier mot. »

À chaque nouveau rassemblement, ce même slogan qui revient encore et toujours : « Bande de voleurs, vous avez dépouillé l’Algérie ! »

C’est le jour J en Algérie. Une semaine après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le Parlement se réunit ce mardi matin à Alger. Députés et sénateurs doivent officialiser la vacance du pouvoir et nommer un président par intérim. Sauf surprise, c’est Abdelkader Bensalahprésident du Conseil de la nation qui sera à la tête du pays pour une période de transition de 90 jours.

Si tout se passe comme prévu, Abdelkader Bensalah sera nommé président par intérim par les élus de son propre parti et de ceux de l’alliance présidentielle, tous des fidèles d’Abdelaziz Bouteflika.

Ce maintien au pouvoir d’un responsable qui incarne « le système », bien que légal et parfaitement constitutionnel, est rejeté massivement par la population algérienne. Et c’est au nom de cette volonté populaire que les partis de l’opposition ont choisi de boycotter la réunion du Parlement. Leur absence n’a aucun impact. Ils représentent moins d’un tiers des élus.

Reste à savoir si Abdelkader Bensalah souhaite bel et bien assurer la transition en Algérie ou alors s’il va se plier à la volonté du peuple et présenter lui aussi sa démission.

En Algérie depuis près de huit semaines la rue crie haut et fort les mêmes slogans. Changement et renouvellement de la classe dirigeante sont les mots d’ordre de la mobilisation populaire..

RFI

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