Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Réplique à la Lettre ouverte au Président de la République, IBK, parue dans le journal Les Echos N°4579 du 13 janvier 2016

Par la présente et en ma qualité de président de l’Association pour le développement de Kalabambougou (ADK), et donc concerné à plus d’un titre, j’estime nécessaire de rétablir certaines vérités par rapport à la Lettre ouverte au Président de la République parue dans le journal Les Echos, N° 4579 du 13 janvier 2016, et signée des sieurs Békaye Diallo et « Moussa Diakité ».

Lettre ouverte

Je commencerais par dire que vingt années de démocratie mal comprise ont totalement changé la nature du Malien. On n’est plus le Soudano-Malien d’antan. Imaginez combien de Maliens peut-on croire sur parole aujourd’hui. Or, le Malien mourrait derrière sa parole, sans se faire influencer par quoique ce soit. Hélas, ce n’est plus le cas aujourd’hui. D’aucuns pensent que si tu es sale et que tu veux te faire propre, il suffirait d’une petite publicité pour semer l’illusion dans la tête des gens ; une publicité de nature à te laver si proprement, que tu as du mal à te reconnaître toi-même.

Ceci dit, concernant cette Lettre ouverte adressée à Monsieur le Président de la République, son excellence Ibrahim Boubacar KEITA, le deuxième signataire supposé, Monsieur Moussa Diakité, Doyen des malades et handicapés de la lèpre, que j’ai personnellement approché à la suite de cette publication, nie absolument avoir signé un tel document. Pour lui, personne, à plus forte raison les lépreux, ne doit s’attaquer au ministre M.A. Bathily dans ce pays (l’entretien a été enregistré, je précise).

Pour rappel, l’Institut Marchoux aurait exprimé le besoin d’espace pour l’extension de ses services. La mairie de la commune IV avait demandé 100 hectares de terre à Kalabambougou pour satisfaire aux besoins des quartiers de la commune. Sur ces 100 ha, 24 ha ont été attribués à l’Institut Marchoux, 33 ha à Sébéninkoro, 16 ha à Djikoroni-Para, 16 ha à Lafiabougou Bougoudani et 9 ha à Taliko.

La santé étant avant tout un service social, la vocation du titre était claire :

1-) Satisfaire aux besoins d’extension de l’Institut Marchoux (présentement CNAM) en raison de ses nouvelles missions ; 2-) dégager des parcelles d’habitation pour les malades blanchis de la lèpre installés illégalement dans l’enceinte de l’hôpital.

Ces lots à usage d’habitation devaient permettre au Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie (CNAM) de se faire d’abord plus de place à Djikoroni, en transférant à Kalabambougou les malades qui logent dans la cour de l’hôpital, au lieu de les mettre à la rue. Mais tous les malades blanchis de la lèpre n’étaient pas naturellement concernés. A ce que je sache, il n’y a pas de contrat de logement entre un hôpital et ses malades au Mali.

Mais paradoxe, celui qui veut se faire de la place est en train de vendre celle dont il dispose déjà. Visitez le site Bougouba à Djikoroni-Para, vous verrez ce qu’on a fait du patrimoine foncier de l’Institut Marchoux, le meilleur site d’hôpital de Bamako en termes d’accessibilité géographique qui aurait pu atténuer quelque peu l’affluence vers l’hôpital Gabriel Touré. Il suffisait seulement d’y greffer un service de léprologie.

Qu’est-ce qu’ils ont fait de Djicoroni-Coura dans la commune du Mandé ? Ce vaste domaine était-il donné aux malades de la lèpre pour être vendu? Békaye Diallo, qui est signataire de cette Lettre ouverte au Président de la République, peut-il expliquer avec quel fonds il a bâti en étages sa part de terrain sur le site de l’Institut Marchoux « Bougouba » à Djikoroni-Para? Heureusement pour lui qu’il n’y a pas au Mali une Commission de lutte contre le bien mal acquis et l’enrichissement illicite, comme au Sénégal voisin…

Autre rappel, le même IBK auquel a été adressée cette Lettre ouverte, alors Premier ministre, avait mis garde contre toute construction illicite sur le domaine des malades de la lèpre Bougouba à Djikoroni-Para. Toutes les constructions sur le site avaient été démolies en son temps. Si Son Excellence passait aujourd’hui voir ce qu’on a fait de ce site depuis son départ du Gouvernement, il pourrait regretter sa démarche qui n’a finalement servi à rien, sinon qu’à enrichir des brebis galeuses. On est même en train de chasser déjà ces malades qui logent au Bougouba pour vendre les parcelles qu’ils occupaient. Je souhaiterais vraiment savoir à quelles caisses de l’Etat seraient destinés les fonds amassés de ce commerce tant lucratif entretenu par ni plus ni moins que des mafiosi. Qui sont prêts, par tous les moyens, à écarter de leur chemin pavé de honte, tous ceux qui oseraient entraver leur marche funeste.

C’est ainsi que j’ai été convoqué à la Brigade de recherche de la gendarmerie nationale du Camp I de Bamako le mardi 12 mars 2013. Je notais ainsi dans ma déposition: « En tant que cadre supérieur de mon pays, je dors à l’obscurité entre les scorpions et les serpents, avec la population de Kalabambougou dont je défendrai les intérêts jusqu’au bout (ce qui est de mon devoir), tout comme les intérêts de mon Etat, car on ne peut plus s’asseoir et regarder des gens profiter de leurs fonctions pour s’enrichir illicitement sur le dos de l’Etat ».

A cause de cette phrase, je traîne devant les tribunaux de Bamako depuis ce jour à aujourd’hui, selon le bon vouloir de ces spéculateurs fonciers et avec la complicité de la mairie de la commune IV.

Autres faits significatifs :

– Le 19 mars 2013, j’ai été convoqué au 9ème arrondissement de la police et enfermé (en garde à vue) sous prétexte que j’aurais détruit des hangars au marché de Kalabambougou aux environs de minuit, alors que je ne sors même pas de mon domicile à cette heure- ci ;

– Le vendredi 29 mars 2013, j’ai été convoqué chez le procureur de la C IV ;

– le mercredi 03 avril 2013, j’ai été convoqué par un juge au tribunal de la C IV ;

– Le mardi 18 juin 2013, convoqué par un autre juge au tribunal de la C IV, j’ai été interrogé de 12H à 17h20mn pour « menace de mort, coups et blessures volontaires su le président du syndicat du CNAM, Sidiki Djiré ». Je ne l’avais même pas vu, à plus forte raison avoir un contact physique avec lui. Par la même occasion et abusivement, j’ai été mis « sous contrôle judiciaire » ; rien  que, dirais-je, pour réconforter le « puissant Djiré » (Seul Dieu l’est en réalité) et le rassurer dans ses affaires louches… Pour moi, ce « contrôle judiciaire » était semblable à la prison ;

– Le mardi 25 août 2015, j’ai été condamné, sans preuves, au tribunal de première instance de la C IV, à huit (08) mois d’emprisonnement avec sursis et à payer solidairement la somme de cinq millions de francs (5 000 000)FCFA (peine), pour simplement contenter quelques mafiosi , spéculateurs fonciers du CNAM.

Ces différents rappels, juste pour dire à mes compatriotes combien il est difficile de vouloir s’opposer à la Mafia malienne. Il faut être un M.A. Bathily, actuel ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, qui, étant déjà à la Justice, n’a pas hésité une seule seconde à s’attaquer à ce cancer qui gangrène chaque jour un peu plus la société malienne.

Les 24 ha de Kalabambougou étaient aussi morcelés en plus de 1000 lots mis au marché par les soins de ces mêmes spéculateurs. Aussi, en tant que président de l’ADK et victime des démolitions perpétrées par le syndicat du CNAM, j’avais personnellement demandé à un cadre natif de Djicoroni Para, bien écouté dans le milieu, d’aller parler aux syndicalistes du CNAM pour les ramener à la raison. Eh bien, ces « chers messieurs » ne se sont même pas gênés de lui présenter des lots à vendre sur le périmètre des 24 ha qu’ils ont lotis à Kalabambougou, allant jusqu’à lui demander s’il était personnellement intéressé. Quel culot ! Celui-ci est venu lamentablement me faire son compte rendu, très dépassé et très choqué de savoir que de simples agents de l’Etat peuvent se permettre de vendre les biens de l’Etat en toute impunité, comme des héritiers mettant sur le marché un patrimoine familial.

Ce faisant, la vocation du titre changeait visiblement, passant de « cas social » à « un commerce lucratif privé » (un cas similaire a eu lieu plus tôt à Djikoroni-Para et avait permis aux mêmes spéculateurs de se faire beaucoup d’argent, basins, voitures et villas…), les autorités traditionnelles ont pris leurs responsabilités, estimant que les victimes des démolitions (309 concessions familiales démolies) sont aussi des Maliens comme eux, et résident déjà sur la parcelle. Alors que les syndicalistes du CNAM font plutôt du titre en question un « fonds de commerce », à leur seul compte.

Le chef de quartier de Kalabambougou, monsieur Sidi TRAORE, à la barre à l’audience du 2 septembre 2014 au tribunal de première instance de la commune IV, sur les démolitions par le CNAM à Kalabambougou, a ainsi soutenu sans ambages que « ceux qui sont déjà sur le terrain sont aussi des Maliens et sont d’ailleurs plus méritants ». Et c’est cette « légitimité » que le ministre Bathily a suivie, conformément à la volonté de la population de Kalabambougou, unie derrière ses représentants.

La terre appartient à Kalabambougou, et comme on dit en bambara: “Ni bolokoli ma bô, npoko bi seki a tiki ma”; en d’autres termes, « à César ce qui est à César ! ».

Quoi de plus juste ?

Samedi, 16 janvier 2016

Dr. Moussa Dounabatier Fané

Président de l’A.D.K.

 

Source: lesechos

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance