Le dimanche 21 mars 2021, la ville de Yanfolila a abrité les cérémonies de la rentrée politique du parti ‘’Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence’’ (FARE An Ka WUli). Obéissant au principe ‘’ à tout seigneur tout honneur’’, cette rentrée politique, qui a enregistré la présence effective de toute la crème des ‘’FARE’’ et de bien d’autres formations politiques, était placée sous la présidence de Modibo Sidibé, président dudit parti.
Lors de son intervention, Modibo Sidibé n’est pas passé par quatre chemins pour déplorer ce qu’il a qualifié de manque de vision inclusive des autorités de la transition, notamment en ce qui concerne le chantier de la Refondation qui est l’essence même de la transition. Contrairement à bon nombre de ses pairs, le président des FARE est loin de souscrire à une course effrénée pour l’acheminement de la transition. A son entendement, pour aider le Mali à sortir de l’ornière, il serait absolument nécessaire que des ‘’Assises Nationales de Refondation’’ se tiennent.
« Les solutions rapides n’aideront pas le Mali qui a besoin d’un nouveau contrat social entre le gouvernement et la population, afin de bâtir un modèle d’Etat que toutes les populations pourront accepter et dans lequel elles pourront se reconnaître » a déclaré l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé.
S’agissant des ‘’Assises Nationales de Refondation’’ le président des FARE An Ka Wuli, préconise, qu’elles soient préparées et conduites par un Comité de pilotage, impliquant tous les maliens où qu’ils se trouvent. Ces Assises en question devront porter sur l’ensemble des sujets d’intérêt national, tels la gouvernance, l’Etat, la défense et la sécurité, la distribution équitable de l’éducation, la santé, la justice, l’emploi, le modèle économique du pays, l’état de la démocratie et de la République. Comme pour rester fidèle à la position qu’il a toujours défendue, Modibo Sidibé soutiendra devant l’auditoire que c’est seulement à l’issue de vraies Assises nationales que le Mali pourrait disposer de propositions endogènes et partagées pour engager les réformes institutionnelles, politiques, économiques et sociales indispensables à la sécurité, au développement et à la croissance du Mali.
Pour les besoins de sa politique de refondation, le Président des FARE suggère de délégitimer l’Etat et d’adopter un nouveau contrat social, de relire de façon consensuelle l’Accord pour la paix, de convenir d’une vision des territoires, leur découpage, leur organisation et leur aménagement équitable et prévisible et d’adopter un agenda malien de sortie de crise structurelle et durable. Nul n’est dupe que, dans son concept pour une refondation du Mali, le président des FARE An Ka Wuli en appelle à des réformes institutionnelles et structurelles. Toute chose qui nécessitera inéluctablement des débats et autres confrontations d’idées sur tous les problèmes qui assaillent le Mali en ce moment. En quelque sorte, la refondation prônée par l’ex-Premier ministre, s’apparenterait plutôt à la ‘’Conférence Nationale de 1991’’ d’où est sortie la Constitution du 25 février 1992.
La vraie vision du Président des FARE est qu’on puisse procéder à des réformes institutionnelles, constitutionnelles et structurelles qui réduiraient de façon drastique, les pouvoirs du président de la République.
De ce fait on pourrait être amené à délégitimer l’Etat tel que l’envisage le principal précurseur de l’idée des ‘’Assises Nationales pour la Refondation’’. Au-delà de tout, on devrait se demander, si les Assises Nationales pour la Refondation devraient avoir lieu, quand est-ce qu’elles pourront se tenir ? Le timing de la période transitoire ne permet pas aux autorités de prendre en charge l’organisation et la tenue desdites ‘’Assises’’. Le gouvernement qui sera mis en place par le futur Président de la République, après la transition, aura suffisamment de grains à moudre pour penser à organiser des Assises Nationales dont on pourrait se passer sans préjudice de la République ou de la Nation. C’est donc dire, la ‘’Refondation’’ prônée par Modibo Sidibé n’est pas demain la veille.
El Hadj Mamadou GABA