Ce jeudi matin était consacré à l’audience solennelle de la rentrée du monde judiciaire 2018-2019. C’était sous la haute présidence d’Ibrahim Boubacar Keita, président du conseil supérieur de la magistrature. A ses côtés, le président désavoué et récusé de Cour suprême, Nouhoum Tapily qui constate désormais le fossé qui le sépare des vrais et dignes magistrats qui se surpassent pour leur corporation.
Notre équipe de reportage, comme beaucoup d’autres confrères, n’a pu avoir accès à la salle, même pas à la cour de l’institution. Un dispositif impressionnant de sécurité, avec des pick-up lourdement armés et des agents peu respectueux des autres citoyens, c’est à cela que nous avons eu droit. Un agent de la sécurité nous a même lancé ceci : « nous n’avons pas besoin de la presse ici, ce sont des consignes qui ont été données » se défend-t-il face à nos insistance de vouloir franchir la grille de sécurité.
A l’intérieur, il fallait s’y attendre, l’atmosphère n’était pas celle des vrais acteurs de la justice. Les syndicats de magistrats, avec leurs militants dans la danse, avaient décidé de boycotter cette journée dont le contenu et le sens n’auraient pas de sens sans eux. Le thème de cette année, justice, facteur de croissance et de progrès, est significatif, mais ceux qui devraient aboutir cette vision, les magistrats bien sûr, avaient été férocement combattus par les mercenaires du gouvernement, en étroite collaboration avec des illustres traitres du secteur.
Néanmoins, nous nous sommes efforcés de copter et ratisser dans les coulisses. Le chef de l’Etat n’a pas supporté l’absence des magistrats lors de la cérémonie. La salle était occupée par des personnes qui auraient voulu aider à sauver la face. Mais nos confrères qui ont réussi à se glisser dans la salle auraient également été empêchés de filmer les places vides.
De nos sources, c’est des bus qui auraient été loués pour faire le tour des tribunaux à la cueillette des greffiers en vue de donner une apparence acceptable à l’événement. Mais, toujours selon des sources que nous avons contactées, cet exercice fut humiliant et surprenant car la plupart des greffiers étaient restés chez eux d’où l’échec de l’option qui aurait révolté le chef de l’Etat.
Le premier et les membres du gouvernement, des avocats, dont certains ont été aussi bloqués à l’entrée par un protocole dont les gens se plaignent à tous les événements de la présidence.
Sur les images, cela est infalsifiable, les invités sont en tenues ordinaires et non en robes, symbole et posture des magistrats. La grève est certes suspendue, mais les résolutions des syndicats de magistrats continuent d’être respectées.
Figaro mali