La relance de la coopération militaire avec la Russie est tout à l’avantage du Mali.
Son armée, dont la mise à niveau est assurée de façon appréciable par l’Union européenne (EUTM) va bénéficier en sus du savoir-faire de l’une des deux plus fortes armées du monde.
En outre, elle va acquérir de l’armement et de la logistique adaptés à son théâtre d’opération à des conditions moins contraignantes que celles qui lui sont faites jusqu’ici par ses partenaires occidentaux : ils lui seront fournis en contrepartie de contrats miniers ou dans d’autres secteurs de l’activité économique.
Enfin il est souhaitable et même probable que les militaires russes prennent part directement, par air et / ou par terre, à des opérations de traque et de neutralisation de groupes terroristes. Comme ils le font de façon remarquable en Syrie, réussissant à sauver le régime de Bachar El -Assad dont l’Occident avait juré et entrepris la perte. D’abord dans le sillage du « printemps arabe « . Ensuite en suscitant contre lui des groupes rebelles alliés à des jihadistes.
Une implication directe de la Russie, réputée ne pas faire dans la dentelle quand il s’agit d’éradiquer le terrorisme-on l’a vu en Tchétchénie et on le voit en Syrie- changerait radicalement et en un laps de temps relativement court la situation sécuritaire délétère au nord et de plus en plus au centre du Mali.
Surtout si elle a lieu parallèlement, voire en coordination avec l’Opération Barkhane. Car celle-là a eu, a encore du mérite. En deux ans elle a éliminé plus de 600 terroristes. Et si le Mali se prévaut encore d’être la « République laïque, démocratique et sociale » proclamée par sa Constitution, c’est grâce aux valeureux soldats français dont une trentaine est tombée au champ d’honneur pour sa cause.
Il ne s’agit donc pas d’éconduire la France pour dérouler le tapis rouge à la Russie ainsi que des francophobes en font le vœu bruyamment. Il s’agit de faire en sorte que chacun des deux Etats, qui développent il est vrai des rivalités ailleurs (notamment en Centrafrique) puisse, ici, agir avec le maximum d’efficacité, séparément ou de manière concertée, l’ennemi étant le même pour les deux : l’abject terrorisme qui menace le monde dans une région sensible qu’est la Sahel.
Saouti Haïdara
Source: l’Indépendant