Le choix des hommes et des femmes qui composeront son gouvernement sera sans doute l’une des tâches les plus agréables à remplir pour Dr Boubou Cissé. Tant le Premier ministre fait face à une situation économique et socio-sécuritaire extrêmement compliquée, et le chantier s’avère aussi grand que les attentes placées en lui. Voilà ce qui attend le gouvernement dans les prochains mois:
Le chantier économique
Selon la feuille de route donnée par président IBK, le gouvernement Boubou Cissé va devoir concilier plusieurs exigences: la réduction du déficit public, une diminution des taxes d’ici à 2021, une baisse des charges pour l’administration publique et juguler la crise socio-sécuritaire et sanitaire dans le pays.
En outre, le régime s’était engagé à tirer le pays de cette situation de crise qu’elle traverse depuis 2012, d’ici à la fin du second quinquennat du président IBK. Les détails de ce plan doivent être révélés lors de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du PM à l’Assemblée Nationale, juste avant son application sur le terrain.
Le chantier de l’emploi
Une nouvelle échéance a été fixée à fin 2020 pour faire baisser le chômage, qui a atteint en février dernier le niveau record de plus d’un millions de diplômés sans aucune activité.
L’exécutif mise désormais sur le pacte de responsabilité, résumé par le chef de l’État: “moins de charges pour les fonctionnaires, en particulier sur les bas salaires et, en contrepartie, plus d’embauches et plus d’investissement”. Mais beaucoup d’économistes n’attendent pas d’effet avant 2023, au mieux.
Le chantier socio-sécuritaire
Depuis mars dernier, au lendemain de grands défilés de la Manif des enseignants, le gouvernement avait décidé de ne pas appliquer les points du protocole d’accord. Avec l’installation du nouveau gouvernement il y aura bientôt un heureux dénouement. Comme l’a promis le Chef de l’État dans son adresse à la Nation.
S’agissant de la situation socio-sécuritaire du pays, il faut rappeler que ce n’est ni le temps, ni le lieu de pointer du doigt qui que ce soit dans cette tragédie. Ce dont le Mali a besoin aujourd’hui, c’est la cohésion autour du chef de l’État. L’unité du Mali est un devoir pour chaque malien. Et pour des raisons affectives, ethniques, sociologiques, linguistiques, historiques, géographiques et politiques, les événements dans la patrie septentrionale et le centre du Mali interpellent davantage les citoyens maliens et c’est tout à fait compréhensible.
Cependant, la main tendue du Chef de l’État, lors de son adresse à la nation s’inscrit dans une démarche de résolution rapide du conflit et de la pédagogie de vivre ensemble dans la tolérance.
Mais il déplore la crise multidimensionnelle que traverse aujourd’hui, le Mali. C’est choquant et inadmissible !
Le Mali est une vraie nation et toutes les populations sont liées. En conséquence, personne ne sort gagnant d’une guerre ethnique et terroriste au Mali.
Aujourd’hui, le Mali est victime d’une situation mortifère des groupes armés, avec la complicité de leurs alliés dont l’intérêt pour les richesses du sous-sol de cette partie du pays a pris le dessus sur l’intégrité du territoire malien. Et les maliens ont tout intérêt à s’unir et à soutenir le gouvernement malien pour empêcher la partition.
Le chantier des institutions
La très controversée réforme constitutionnelle, voulu toujours par le président IBK, doit être examinée au Parlement.
Maintes fois reportée, la réforme constitutionnelle, qui doit notamment corriger les insuffisances de la constitution malienne, est attendue au mieux dans les jours à venir. L’application de l’accord d’Alger pour une sortie de crise au Mali est aussi d’actualité.
Les autres chantiers
Une réforme de la santé publique est attendue pour améliorer le parcours de soins et l’accès aux soins. Il s’agira aussi de renforcer le rôle du médecin traitant, “décloisonner” les relations entre la ville et l’hôpital, développer la prévention et renforcer les droits des malades.
Les partenaires sociaux ont décidé d’un développement social au Mali et d’une modernisation du secteur sanitaire et des économies mais ont aussi demandé à l’État d’ouvrir des voies sur “les moyens de lutter contre la précarité dans le secteur”.
Outre la réforme des rythmes scolaires qui doit se poursuivre en 2020, une refonte des programmes scolaires est à l’ordre du jour. Le calendrier a été repoussé d’un an: entrée en vigueur prévue en 2021.
Déjà, le président IBK a procédé à une réorganisation territoriale avec l’augmentation du nombre de régions au Mali pour simplifier le “millefeuille” territorial et dégager des économies.
En tout état de cause, Dr Boubou Cissé et son équipe peuvent, d’ores et déjà, se convaincre qu’ils sont attendus au tournant. Il appartient donc aux heureux élus de se montrer à la hauteur des défis qui sont les leurs car, comme le dit l’adage, « c’est au pied du mur que l’on connaît le bon maçon ». Et ces hommes et femmes du nouveau gouvernement ont une occasion en or de faire mentir tous ces opposants qui, gagnés par un certain phallocentrisme, tendent à les confiner dans des situations d’incompétence quand ils ne les taxent pas tout simplement de mauvaise gouvernance. En tout cas, c’est peu de dire que c’est aux résultats que les nouveaux ministres seront jugés par leurs compatriotes. Alors, place donc maintenant à l’action !
Jean Pierre James