Depuis la démission du gouvernement Moctar Ouane le 14 mai dernier, le Mai est sans gouvernement . Si tout semble normal avec des Secrétaires généraux des départements qui gèrent les affaires courantes, cette situation n’est pas sans conséquence sur le quotidien des Maliens. En effet, marquée par la démission du président Bah N’daw et l’installation de Assimi Goïta, elle perturbe le fonctionnement normal de l’administration. L’Etat étant le principal acteur économique de notre pays, tout ce qui le touche est durement ressenti par le reste de la chaine. La conséquence immédiate du coup d’Etat du 24-25 mai a été les sanctions des partenaires bilatéraux et multilatéraux qui ont soit suspendu leur collaboration soit gelé leurs décaissement. De telles mesures bloquent la poursuite normale des projets et programmes en cours d’exécution. Il est aujourd’hui évident que l’activité économique malienne tourne au ralenti. La mise en place du nouveau gouvernement devra permettre de donner un coup de fouet à l’activité économique indispensable pour l’amélioration du quotidien de nos concitoyens.
Mobiliser les recettes intérieures
Pour cela, le futur ministre de l’Economie et des finances doit engager des actions concrètes et urgentes notamment dans le sens de la mobilisation des recettes intérieures, du retour de la confiance des partenaires techniques et financiers, de la gestion transparentes des ressources etc.
En effet, dans le contexte de crise multidimensionnelle, les services de l’assiette que sont les Impôts, la Douane et les Domaines peinent à mobiliser suffisamment de ressources intérieures pour renflouer les caisses de l’Etat. Le trésor public est confronté à des difficultés pour régler les mandats à son niveau.
Pour pallier à cet état de fait, l’Etat semble trouver comme alternative la mobilisation des ressources sur le marché financier de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Ainsi, dans le cadre de son calendrier d’émission, le gouvernement malien, représenté par la Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique (DNTCP) fait recours aux émissions de Bons du trésor, aux Obligations assimilables et à l’Appel à l’épargne publique. Ainsi, tous les deux mercredis, le pays mobilise un montant allant de 20 milliards de FCFA, à 40, 60 voire 80 milliards . Faut-il préciser que les Bons du trésor sont utilisés pour les dettes à court terme, les Obligations pour celles à moyen terme et les Appels à l’épargne publique pour le long terme.
Gestion saine et rigoureuse
Cependant, bon nombre de nos concitoyens s’interrogent sur l’utilisation faite de ces mannes financières. A ce niveau, il nous revient qu’actuellement, face à l’insuffisance des ressources au niveau du trésor public, une bonne partie (60 à 80%) des ressources mobilisées sur le marché financier de l’UMOA sert à rembourser les dettes issues des émissions arrivées à écheances. Une infime partie est consacrée aux dépenses d’investissements d’où l’impact peu invisible de ces ressources sur les projets de réalisations d’infrastructures.
Au-delà de la mobilisation des ressources, une autre problématique du gouvernement Choguel Maïga sera de veiller à la gestion saine et transparente des maigres ressources de l’Etat. Malheureusement, ces dernières années, le pays est entré dans un cercle vicieux de mauvaise gouvernance malgré les réformes d’amélioration de la gestion des finances publiques.
Youssouf CAMARA
Source: l’Indépendant