Promouvoir la paix, la réconciliation et la cohésion sociale dans le processus électoral à travers la médiation préventive des conflits post électoraux tel était l’objectif de rencontres organisées simultanément le 14 août dernier dans les Régions de Tombouctou, Taoudénit, Gao, Kidal et Ménaka. Cette initiative du ministère de la Réconciliation nationale et de la cohésion sociale a bénéficié de l’appui de la coopération japonaise.
La réconciliation nationale est et demeure la pierre angulaire pour la consolidation de la paix, la sauvegarde de l’unité nationale et la refondation de l’Etat. Elle se construit tous les jours par les pouvoirs publics, les organisations de la société civile, les différentes composantes de la population malienne avec l’accompagnement de la communauté internationale. La réconciliation nationale est multidimensionnelle. Elle revêt des contours politiques, sociaux, économiques, culturels et religieux.
Les travaux de ces différentes rencontres ont eu lieu en plénière et étaient animés par les experts de l’Equipe régionale d’appui à la réconciliation (ERAR) suivant les thématiques comme : «Préservation de la cohésion sociale dans un processus électoral» ; «Médiation préventive dans les crises post électorales». Les différents ateliers ont respectivement regroupé environ 50 participants issus des ERAR; des acteurs politiques et de la société civile ; des représentants de jeunes et de femmes ; et des leaders d’opinion et de notabilités. Les participants à ces rencontres ont appris que le processus de médiation suit un ordre logique, à savoir la préparation de la médiation, l’analyse du conflit, le feu vert des parties à la médiation, et l’élaboration de la médiation. Une fois les parties au conflit réunies autour de la table, la médiation commence. La première étape de la phase de médiation consiste alors pour l’intervenant à arrêter avec les parties un accord sur les règles qui vont régir la médiation. Le «compromis de médiation», à distinguer de «l’Accord de médiation» consacre la solution.
Outre le compromis de médiation, les parties doivent également s’engager en début de médiation sur les règles de dialogue. On sait combien le dialogue est la pierre angulaire de la médiation. Et c’est précisément pour cela que les règles devant permettre un dialogue véritable sont balisées dès l’entame du processus de médiation. C’est la deuxième étape de la phase de médiation. Selon l’état de délabrement de la confiance entre les parties, des mesures de confiance préalables peuvent être nécessaires. Cette troisième étape n’est donc pas toujours indispensable, loin s’en faut.
Si des mesures de confiance préalables sont nécessaires, elles interviennent en général en tout début de médiation. Toutefois, lorsque la confiance entre parties est profondément détériorée, voire détruite, les mesures de confiance préalable sont alors négociées avant même que les parties se retrouvent autour de la table de médiation, c’est-à-dire dans la phase préparatoire et non dans cette phase de médiation. A cet égard, l’intervenant doit discerner si des mesures de confiance préalables sont nécessaires et, dans ce cas, si elles doivent être négociées dans la phase de médiation ou déjà dans la phase de préparation.
Le rôle de l’intervenant est non seulement d’aider les parties dans la négociation de ces mesures de confiance préalables, mais également d’identifier et de suggérer, de manière créative, des mesures éventuelles. On rappellera que ce ne sont pas tant les mesures de confiance préalables qui sont importantes ici, mais leur impact pour aider à tisser un minimum de confiance entre les parties afin de leur permettre d’entrer en dialogue.
C’est dire que les participants à ces rencontres à Tombouctou, Taoudénit, Gao, Kidal et Ménaka ont suffisamment été outillés sur les mécanismes de la médiation préventive des conflits post électoraux. Cela est d’autant plus important que notre pays vient de vivre une élection du présidentielle. Le processus électoral suit son cours avec les élections législatives qui auront lieu dans quelques mois.
Youssouf DOUMBIA
L’Essor