53 millions d’électeurs sont appelés aux urnes en Egypte, 52 millions dans le pays et un million à l’extérieur, pour un référendum sur la nouvelle constitution. Le scrutin a débuté ce mardi matin malgré la crainte des attentats. La victoire du «oui» étant probable, l’incertitude concerne le taux de participation.
Avec notre envoyé spécial, Daniel Vallot
Ils sont plusieurs dizaines à attendre leur tour, devant un bureau de vote du centre ville, situé non loin de la place Tahrir. Les femmes, d’un côté les hommes de l’autre, tous sont persuadés que le « oui » va l’emporter. « L’ancienne constitution était bien trop vague, la nouvelle va donner des droits à tout le monde : les femmes, les enfants, les handicapés… personne n’est laissé à l’écart… je pense que le ‘oui’ va l’emporter, avec plus de 85% des voix ! », lance cet Egyptien, convaincu.
Un « oui» qui plébiscite l’armée
Pour les partisans du « oui », ce référendum c’est aussi un vote plébiscite pour l’armée égpytienne et pour son chef le général al-Sissi : « On vote ‘oui’ parce qu’on veut que le terrorisme disparaisse, on a déjà demandé au général Sissi de lutter contre le crime et on veut donner lui donner de nouveau ce pouvoir ».
Les électeurs disent vouloir retrouver de la stabilité. Ils estiment que seule l’armée est en mesure de garantir un retour à la normale. La plupart des partisans du « oui » considèrent d’ailleurs que ce référendum est la suite logique de la journée du 30 juin, durant laquelle des millions d’Egyptiens avaient demandé dans la rue le départ de Mohamed Morsi, et donc l’intervention de l’armée.
Les partisans du «non» au référendum peu visibles
Impossible devant ce bureau de vote de rencontrer un partisan du « non » sans doute parce que la plupart des opposants à la nouvelle constitution préférent boycotter le scrutin. Sans doute également parce qu’il ne fait pas bon en Egypte se montrer critique en public à l’égard des nouvelles autorités. On l’a vu durant la campagne référendaire, les quelques formations qui militaient pour le « non », n’ont d’ailleurs pas vraiment eu la possibilité de s’exprimer. Et la plupart des électeurs rencontrés ce matin, estiment que refuser cette constitution c’est rejeter l’armée, c’est manquer de patriotisme, c’est se ranger du côté des Frères musulmans. Et donc, dans l’esprit d’un grand nombre d’Egyptiens, du côté des terroristes.
On peut donc s’attendre à l’issue de ce scrutin, à un vote massif pour le « oui ». La véritable incertitude ce sera la participation avec un enjeu bien sûr : l’éventuelle candidature du général al-Sissi à la présidentielle qui doit être organisée normalement d’ici au mois de juin.
rfi