Alors que le redéploiement des Forces de Défense et de Sécurité Reconstituées (FSD-R) annoncé à grand renfort de publicité comme étant une priorité, pour ce 1er février, reste sur un constat d’échec, les redéploiements, avant les dates fixées, des Bataillons de Gao, Tombouctou et Ménaka présentés par la hiérarchie militaire comme ‘’logistiquement moins lourdes à soutenir’’ soulèvent à présent des interrogations. Parce que les apparences sont trompeuses.
Selon le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), les redéploiements des Bataillons des Forces de Défense et de Sécurité Reconstituées s’effectueront selon le chronogramme suivant : Gao : le 25 février ; Tombouctou : le 15 mars 2020 ; Ménaka : le 30 mars 2020.
Si la Communauté internationale n’arrête pas de distribuer les bons points au Mali, depuis la tenue du Dialogue National Inclusif (DNI) supposé contribuer à un apaisement du climat socio-politique, et surtout depuis la reprise des travaux du Comité de suivi de l’Accord (CSA), après plus de 3 mois de suspension, les fruits jusque-là ne tiennent pas les promesses des fleurs.
L’emballement du processus de redéploiement de la nouvelle armée reconstituée a été brutalement enrayé. Les FAMa sont restés sur place à Gao, alors qu’un Bataillon devrait regagner Kidal ce 1er février. Aucune explication officielle n’est fournie à la procrastination, même si l’on sait par ailleurs l’existence de problèmes logistiques. Ce à quoi s’ajoutent les réticences persistances d’une CMA excellant dans le patelinage. Pour Kidal, l’enjeu est multiple et cela est connu de l’ensemble des acteurs. Du coup, les FDS-R à Kidal, ce 1er février, conformément au chronogramme annoncé, serait plutôt le miracle de l’année, si ce n’est du siècle ; parce que la sincérité est la denrée la moins partagée dans cette foire d’empoigne.
Par contre, le cas de Gao, Tombouctou et Ménaka semble moins conjectural. L’État-major général des armées du Mali envisage de redéployer les Bataillons de ces régions avant les dates fixées, parce que logistiquement moins lourds à supporter.
Mais s’agit-il seulement de la soutenabilité de la charge logistique ? À Kidal, tout comme dans les autres régions concernées par ces redéploiements de Bataillons, d’autres paramètres entrent en ligne de compte.
À Ménaka, par exemple, le remue-ménage dans lequel s’est déroulée la célébration de la Fête de l’Armée peut être considéré comme un indicateur de l’aversion d’une partie de la population (certainement instrumentalisée) envers les FAMa. La délocalisation du Gouvernorat à Tombouctou est symptomatique du climat délétère dans lequel baignera ce Bataillon des FAMa manifestement promis à la guillotine.
À Tombouctou également où les FAMa sont prises à partie sur les disparitions de véhicules, en particulier, sur l’insécurité, de façon générale, il faudra s’aliéner la sympathie d’une population désabusée, dont la foi est plus que jamais chancelante en la capacité de nos FAMa de la protéger.
Gao, l’épicentre de beaucoup de contestations ne se métamorphosera certainement pas en agneau par un coup de baguette magique.
Autant rappeler cette citation : ‘’méfiez-vous des apparences’’. Mais, les soldats sont mieux avisés que quiconque en la matière. Comme on le dit : ‘’on n’apprend pas à un vieux signe à faire des grimaces’’.
PAR BERTIN DAKOUO
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