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Recrudescence des attaques terroristes: des taupes au service de l’ennemi

A l’intervalle d’une semaine, les attaques terroristes ont fait plusieurs victimes parmi les éléments de l’armée malienne et le contingent des forces internationales, notamment la Minusma. D’ailleurs, c’est au sein de ce contingent, meurtri par les assauts de toutes sortes, que l’accusation formelle est partie : l’ennemi invisible rôde et dévoile les positions militaires aux insurgés. Comment démasquer l’ennemi invisible ? Le processus d’intégration des combattants armés dans l’armée est-il en cause ?

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Les attaques se multiplient, ces derniers temps, dans les régions nord et centre du pays, où, depuis une semaine, des victimes militaires sont à déplorer parmi le contingent de la Minusma et même au sein des forces armées maliennes. La situation sécuritaire est d’autant plus préoccupante que les attaques terroristes, avec leur lot de tuerie ou d’assassinat, interviennent dans un contexte particulier, où la nécessité d’accélération du processus de paix est demandée par tous les acteurs, principalement les médiateurs internationaux.
Récemment en fin de mission dans notre pays, le chef des opérations du maintien de paix de l’Onu, Hervé Ladsou, après avoir rencontré les protagonistes Maliens, y compris le président IBK, a demandé à tous ses interlocuteurs d’accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix.
Au moment où l’urgence se focalise sur le processus de paix, à travers l’opérationnalisation du programme de cantonnement des forces combattantes et de la mise en place des autorités intérimaires, les attaques terroristes, elles, ont pris de l’ampleur, allant parfois jusqu’à menacer l’ensemble du processus de paix qui peine aujourd’hui à retrouver ses marques. Et cela, en dépit de gros efforts déployés çà et là en faveur de la stabilisation du pays et de la sécurisation des populations. Depuis le début de cette année, dans les différents foyers de tension, particulièrement au nord et au centre du pays, les groupes extrémistes et terroristes, plus actifs, ont multiplié les raids, visant à saper le processus de paix, tout en ciblant des actions ciblées contre les partisans de la paix dans le pays, y compris les parties signataires, les civils, les fonctionnaires et les acteurs de la médiation internationale.
Dans les faits, pendant cette période particulièrement meurtrière, les menaces et les raids menés par les différents groupes terroristes, au niveau de Tombouctou, ont pris de l’ampleur d’autant qu’entre-temps, ils ont eu notamment recours à des attaques ciblées. Par ce même mode opératoire, les groupes terroristes, au-delà des contrées maliennes, ont opéré dans des pays limitrophes, comme le Burkina ou la Côte d’Ivoire. Dans la même manière, avec la double revendication des attentats terroristes, aussi bien au Mali qu’en dehors de ses frontières closes, il a été avéré que la coopération s’intensifiait, au grand dam des services de renseignements des pays concernés, entre les différents groupes extrémistes et terroristes qui étendaient leur champ d’intervention dans le sahel occidental.
Du mode opératoire des attaques ciblées, on passe aujourd’hui à celui des engins explosifs, suivis d’embuscade des insurgés. Au beau milieu de l’année, à partir de ce mois d’avril à mai, les raids terroristes ont visé plusieurs positions de l’armée malienne et du contingent de la Minusma. Ces deux dernières semaines, le bilan est triste et le mode opératoire inchangé : les convois militaires sont les cibles d’engins explosifs qui sont posés sur le trajet et puis, dans le feu de l’action, des hommes armés, en embuscade, ouvrent le feu contre le convoi militaire. La suite est connue : des morts et des blessés sont enregistrés de part et d’autre, qu’il s’agit de la position de l’armée militaire ou des forces internationales et des revendications des groupes terroristes suivent après.
Pour nombre de cas enregistrés, ces derniers temps, au niveau des casques blues, la Minusma a décidé d’ouvrir les enquêtes pour élucider les circonstances dans lesquelles certaines de ces attaques terroristes sont perpétrées. En attendant les résultats officiels de ces investigations sur le terrain, plusieurs contingents de la Minusma, parmi lesquels les victimes sont nombreuses, ont déjà élevé la voix, en dénonçant formellement l’existence probable de « taupes », ces sortes d’ennemis invisibles, qui sont cachés dans l’ombre et qui livreraient des informations « précises » sur le calendrier de sortie, le nombre des troupes et les itinéraires probables des différentes forces militaires, en mission sur le terrain, aux groupes terroristes. Ces derniers, munis de ces renseignements « précis », comme on le dit, entrent en action, dès que les convois militaires s’approchent de leurs cibles, et commettent des scènes de massacre et d’exactions de toutes sortes. Si, déjà, au sein de la Minusma, certains contingents de cette force internationale en font écho de l’existence de l’ennemi invisible, il est donc fort probable que le climat de confiance en prenne un coup sérieux d’autant que cette période de suspicion coïncide avec la mise en route de certains attributs de l’accord de paix, signé entre les parties, il y a un peu plus d’un an, et dont la consécration constitue, pour tout le monde, le passage véritable vers la paix. Il s’agit notamment du programme de cantonnement et même de la mise en œuvre des autorités intérimaires. D’ici-là formellement, les patrouilles mixtes devraient être opérationnelles entre les éléments de l’armée malienne, les groupes armés et la Minusma.
Avant même que ces patrouilles mixtes, tant attendues, ne se généralisent entre les différentes forces militaires en présence, la suspicion gangrène déjà le climat de confiance, nécessaire dans ce genre d’opérations militaires pour des résultats probants. Si les forces de la Minusma, comme celles de l’armée malienne, redoutent à ce point le compagnonnage des éléments des groupes armés, jusqu’à les soupçonner de jouer au profit des groupes terroristes, en raison de diverses connexions et coopérations mafieuses qui peuvent exister entre eux, il reste entendu que la paix, tant souhaitée, n’est pas encore sortie de l’ornière. Et cela, par l’accumulation des obstacles qui freinent à coup sûr les patrouilles mixtes.
Il y a donc lieu de faire la part des choses dans ce processus de normalisation avant qu’il ne soit trop tard. Au-delà des déclarations d’intention, et des pressions sournoises, surtout émanant des groupes armés pour accélérer tel ou tel processus, il est stratégique de moraliser le programme de cantonnement par des dispositions sécuritaires et militaires rigoureuses, prévoyant la sanction ou même la radiation en cas de fautes lourdes constatées. Il y va de la crédibilité de l’ensemble du processus de paix, enclenché au Mali.

par Sékouba Samaké

 

Source: info-matin

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