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Rebondissement dans l’affaire de la cession de l’HUICOMA au Groupe Tomota : Un mandat d’arrêt bientôt lancé contre Alou Tomota

Depuis les premières années de l’indépendance du Mali, les autorités de l’époque avaient opté pour l’instauration d’une économie socialiste (1960 – 1968) et la création d’un important secteur d’Etat au Mali, dans un souci de promouvoir l’industrialisation du pays et de mettre fin à l’économie de traite, dont les principaux bénéficiaires étaient les maisons de commerce français. Ils héritaient en effet d’une situation économique qui plaçait le pays dans une dépendance marquée.

 

Alou Tomota operateur economique groupe tomota

 

 

L’Etat était le principal opérateur économique et le secteur privé d’alors manquait de moyens suffisants pour faire  amorcer le processus d’industrialisation du pays. Du coup les pouvoirs publics ont été contraints de prendre en charge la mission d’industrialisation du pays.

 

L’objectif visé était d’assurer à l’ensemble des Maliens, la disponibilité des services et leur accessibilité à travers une politique des prix qui soient compatibles avec les niveaux des revenus. Le résultat de cette intervention du pouvoir dans l’économie, on le connaît, a été  la création de plus d’une cinquantaine entreprises publiques (57), près d’une vingtaine d’opérations de développement (20) entre 1960 et 1980. D’après les statistiques du département des sociétés et entreprises d’Etat, en 1980 la production de celles-ci représentait plus du sixième de la production nationale.

La main d’œuvre utilisée avoisinait les treize mille salariés (12074). Les entreprises publiques maliennes devaient opérer dans un environnement difficile avec une insuffisance d’infrastructures internes adéquates (calamités naturelles, moyens de transport, de communication), un manque de moyens financiers pour supporter les coûts des investissements ponctuels, un changement des termes du marché international, des erreurs de gestions, un endettement progressif de l’Etat et un manque de volonté politique. Au regard de cette situation, soutenu par le système capitaliste, le Mali s’est engagé au cours des années 80 dans une Politique d’Ajustement Structurel (PAS) qui a marqué l’histoire économique et politique du pays.

 

Ces politiques du (PAS) sont des reformes intimement liées à la gestion de la dette extérieure publique bilatérale et multilatérale des pays du tiers monde. Elles sont conçues et imposées par le duo FMI/BM pour réagir en déséquilibre dans l’économie, suite à la crise du remboursement de la dette au début des années 1980. Même l’avènement de la démocratie en 1991, n’a pas apporté de changement dans la politique économique. Sous l’égide du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale, le Mali continuera la libéralisation de son économie et la privatisation de ses entreprises publiques. Sur 90 entreprises publiques en 1985, il en reste moins de 30 aujourd’hui. Avec l’initiative PPTE en 1996 et l’élaboration du CSLP/CSRCP, qui est la suite logique des reformes citées plus haut. Il faut s’attaquer aux sociétés productives du pays dont l’HUICOMA, la CMDT, la Régie des Chemins de Fer, la SOTELMA, ITEMA, l’Hôtel de l’Amitié qui sont privatisées et les Aéroports du Mali,  l’Office du Niger, EDM en voie de l’être.

 

L’HUICOMA complètement bradée au seul profit d’Alou Tomota 

Suite à cette décision l’Etat a cédé 84,13% des actions qu’il détenait dans le capital de l’HUICOMA  au Groupe Tomota le 02 juin 2005 dans une atmosphère très confuse.

 

D’un chiffre d’affaire évalué à hauteur de 14.500.000.000FCFA, la société fut inexplicablement cédée à une modique somme de  9.000.000.000FCFA.

 

Face au cri de désespoir des centaines de travailleurs qui ont été mis à la porte, les nouvelles autorités ont décidé de rouvrir ce dossier.

 

Selon nos sources sûres un mandat d’arrêt sera bientôt lancé contre Alou Tomota pour mieux comprendre les raisons de la descente aux enfers de cette importante entreprise du pays à savoir l’HUICOMA.

Quel mépris pour les travailleurs de la société ?

 

Dans cette euphorie, les responsables du pays tentent de jouer le rôle des pompiers en assurant à tout un peuple que cette privatisation s’est déroulée dans les conditions les meilleures, qu’à priori l’intérêt des travailleurs sera préservé. Or tout le monde savait que le Groupe Tomota, partenaire stratégique n’avait aucune expérience en Huilerie.  La preuve elle n’a jamais pu apporter les ressources financières, techniques et humaines indispensables au redressement de l’entreprise. C’est fort logiquement que la privatisation ait donc débouché sur un échec crucial et qui a mis en cause la pérennité de la société et surtout de ces travailleurs.

 

Conséquences douloureuses

D’abord pour les travailleurs avec un effectif de 1199 travailleurs permanents avant la cession, les conséquences ont frappé en premier lieu les saisonniers au nombre de 326, les travailleurs permanents au nombre de 454, les journaliers, les femmes qui transformaient les déchets en savon traditionnel, les fournisseurs, les prestataires et les villages environnants. Les responsables de la société ont fait régner un climat de haine, de méfiance tant au travail que dans la ville. Ce qui provoqua le mécontentement des travailleurs  avec son corollaire de grèves successives. En réaction la direction licencie 293 personnes à Koulikoro à la suite de la première grève du 11 septembre 2005. Pourtant une grève légale déclenchée par le syndicat au motif de la mise en place d’un plan social comme le stipule l’article 8 du protocole d’accord de cession et la gestion correcte des ressources financières de l’Huicoma. Malgré que ces licenciés aient obtenu gain de cause auprès des tribunaux, ceux-ci  ne bénéficient que des miettes comme droits.  L’alternative prônée est le chômage ou la descente en enfer. Les familles des licenciés sont plus que jamais disloquées, les enfants ne vont plus à l’école, les familles ne mangent plus à leur faim et manquent cruellement des soins de santé avec comme conséquences certains décès brutaux. Sans assistance, femmes et enfants s’adonnent à des pratiques très indécentes. Quant aux villes qui abritent les usines à savoir  Kita, Koutiala et Koulikoro les populations ont été obligées vers d’autres  centres.

 

La vie des mairies des trois localités a connu des difficultés en raison de l’exonération fiscale de 12 ans accordée au groupe Tomota. Par exemple les ressources de la commune urbaine de Koulikoro étaient liées à l’existence de l’HUICOMA, parce que celle-ci l’apportait chaque année en taxes 60.000.000 F CFA. Enfin pour le pays tout en entier sa souffert de cette mascarade financière car  dans aucun pays responsable, on ne verra une telle dépendance à 100 %  des denrées aussi importante que sont l’huile de consommation et le savon ne ménage.

 

Dans un pays où l’élevage du Mali a perdu des milliers de têtes de bétails dus à la non- existence de l’aliment bétail.  Le lait est devenu une affaire de riche, le pays perd ses devises dans ses achats à l’extérieur. Notre marché est inondé d’Huile et de savons en provenance de l’extérieur alors que notre industrie nationale en fabrique de qualité. A partir du moment où nous avons fait la promotion du « Savon BF » au Mali le 08 Mars 2010, n’avons-nous pas contribué à enterrer notre production nationale ? Peut-on parler de souveraineté ?  Pourtant  l’HUICOMA  versait chaque année 7 milliards à l’Etat comme impôt avec en plus des droits de douanes. En tout cas les nouvelles autorités du pays doivent revoir le cas de l’HUICOMA car ce sont des centaines de travailleurs qui continuent de souffrir car n’ayant jamais été mis dans leurs droits. Pour l’instant Alou Tomota se trouve en soins en France pour les uns et pour les autres c’est une fuite pour échapper à la nouvelle  justice instaurée depuis l’avènement d’IBK à la présidence de la république du Mali.

Affaire à suivre donc…

 

Sadou Bocoum

SOURCE: Mutation

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