Cinq mois après l’intervention française au Mali et la reconquête ultérieure de la plus grande partie du nord du pays qui était contrôlée par des groupes armés depuis fin mars 2012 Amnesty International vient de terminer une mission de recherche de quatre semaines à Tombouctou et Gao ainsi que Ségou, Mopti et Sévaré.
Les conclusions préliminaires de cette mission d’un mois (mai et juin) ont été publiées le 07 juin 2013 dernier sous le titre : « conclusions préliminaires d’une mission de quatre semaines : atteintes graves aux droits humains ».
Dans ce rapport, les délégués de l’organisation ont souligné avoir recueilli des informations relatives à de graves violations et atteintes aux droits humains. Ces allégations comprennent des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des tortures et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Lorsque ces actes sont commis dans une situation de conflit armé, ces violations constituent aussi une violation du droit international humanitaire et constituent des crimes de guerre.
« À l’heure actuelle, des enquêtes ont été ouvertes sur certaines de ces allégations, mais elles n’ont pas encore donné lieu à des poursuites ni à d’autres formes d’établissement de responsabilité », indique le document.
Par ailleurs, Amnesty International dit avoir réuni des informations concernant des homicides arbitraires et délibérés apparemment commis par le Mouvement pour l’unicité du djihad en Afrique de l’ouest (MUJAO), un groupe d’opposition armé. De tels actes ont été perpétrés contre des civils accusés de soutenir les armées française et malienne. La délégation a également pu recueillir des informations faisant état de violences sexuelles commises par des groupes armés pendant l’occupation du nord – notamment par des membres du groupe armé touareg, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du MUJAO.
L’organisation appelle également l’armée française et les armées africaines déployées actuellement au Mali dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) à signaler publiquement et à dénoncer tout cas de violations et atteintes aux droits humains dont elles ont été les témoins ou qui ont été portées à leur connaissance.
« À la veille du déploiement d’une Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) en juillet 2013, il est essentiel de s’assurer que l’armée malienne et toute autre force armée déployée au Mali, respectent et protègent les droits humains. Il est capital de rassurer les populations vivant dans le nord du pays et de mettre un terme aux violations ciblant les civils. À défaut, les centaines de milliers de personnes qui ont fui la région pour trouver refuge dans les pays voisins risquent de continuer à craindre de rentrer chez elles. Une telle situation pourrait empêcher une future résolution de la crise politique et humanitaire qui sévit depuis janvier 2012 », a souhaité l’organisation dans son document.
Adama DAO