Le président de la Transition, Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane sont libres depuis mercredi soir, après avoir passé trois jours aux mains des militaires à Kati. Leur libération immédiate et inconditionnelle était réclamée aussi bien par la communauté internationale que par des acteurs nationaux à travers différents communiqués qui, du reste, apprécient diversement ce coup porté au processus de transition. Alors que certains partis politiques se réservent encore leurs jugements, d’autres ont clairement pris position.
La condamnation internationale, elle, reste forte et jusqu’ici unanime. Des sanctions ciblées sont brandies pour dissuader les militaires à ne pas confisquer le pouvoir qui devrait rester aux mains des civils. À cet égard, la Cedeao, l’Union africaine et le conseil de sécurité des Nations unies sont formels : les éléments des forces de défense et de sécurité doivent regagner leurs casernes sans délai. Pour l’Onu, imposer un changement de direction par la force, y compris par des démissions forcées, est inacceptable.
Elle a appelé à la reprise immédiate de la transition civile et rappelé que le retour à l’ordre constitutionnel doit se faire dans le délai de 18 mois établi, conformément à la charte de Transition. La communauté internationale, massivement mobilisée au chevet de notre pays depuis des années, craint l’impact négatif des évènements survenus sur les efforts de lutte contre le terrorisme et la mise en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation. Une inquiétude d’autant plus fondée que les États-Unis ont annoncé la suspension de leur assistance au profit des forces de défense et de sécurité, après l’arrestation et la démission du président et du Premier ministre de la Transition.
Washington envisage également des mesures ciblées contre les dirigeants politiques et militaires qui «entravent la transition malienne». Pour ce pays partenaire, un «gouvernement dirigé par des civils présente la meilleure opportunité de parvenir à la sécurité et à la prospérité au Mali et dans l’ensemble de la région du Sahel ».
À cette pression internationale, s’est associé un mouvement intérieur de refus du coup de force. Le parti Parena invite la «junte militaire à se ressaisir», estimant que ces soubresauts sont de nature à retarder l’atteinte des objectifs initialement assignés à la Transition qui, poussive à ses débuts, était entrée dans une phase plus inclusive. D’autres avaient adopté la même posture. Cependant, il convient de préciser que les militaires n’ont pas que des détracteurs sur la scène politique.
Cependant, toutes les forces politiques partagent l’idée d’une Transition inclusive. Pour y arriver, le Parena appelle les forces démocratiques du Mali à se retrouver pour forger un consensus national sur les prochaines étapes de la Transition. La direction de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP) prône également la poursuite de la Transition sur des bases plus inclusives et plus consensuelles. Même discours du côté du Rassemblement pour le Mali (RPM) qui exhorte à des concertations larges et inclusives pour assurer la poursuite normale de la Transition.
S’il n’est pas contre le dialogue inclusif, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) estime que cela devrait se faire sur la base des 17 mesures contenues dans son mémorandum soumis à l’ancien président de la Transition. Dans son communiqué, le mouvement prévient qu’il reste vigilant face à l’évolution de la situation et soutient la dynamique de « rectification en cours, pour jeter les bases de la Refondation du Mali ».
Issa Dembélé