En Centrafrique, les violences se poursuivent à Bangui et dans plusieurs préfectures, mais il y a quand même dans le pays des endroits où la raison des hommes parvient à l’emporter sur le désir de vengeance. A Bangassou par exemple, dans le sud du pays, après de très fortes tensions entre chrétiens et musulmans en octobre 2013, les deux communautés ont réussi à travailler ensemble afin d’éteindre les foyers de tension dès qu’ils s’allument. Par exemple, un comité de médiation sillonne les quartiers de la cité et part à la rencontre des habitants.
En octobre, Bangassou s’est approché du précipice. Lassés des exactions de la Seleka dans la ville, les habitants chrétiens ont commencé à prendre à partie les musulmans.
Mais le calme est rapidement revenu quand les autorités de transition ont fait arrêter le chef local des ex-rebelles et, pour éviter que de telles tensions ne se reproduisent, les représentants des deux communautés ont immédiatement relancé un comité de médiation au sein duquel chrétiens et musulmans siègent ensemble.
« On identifie le problème dans tel quartier, dans telle ville ou dans tel arrondissement. On essaie de changer là-dessus et de mettre en place une équipe pour aller rencontrer des gens et chercher à faire baisser les tensions ou carrément à mettre en place une série de rencontres pour pouvoir résoudre le problème », détaille l’abbé Alain-Blaise Bissialo, le président du comité.
Remplacer la justice de l’Etat
Faute de système judiciaire efficace à Bangassou, le comité a dû, à plusieurs reprises, intervenir dans des incidents mineurs qui risquaient de dégénérer. « Des jeunes musulmans sont passés dans un quartier et des jeunes chrétiens ont saisi leurs motos. La médiation est intervenue. Ils ont remis toutes les motos et en plus, ils ont écrit une lettre d’excuses », explique Idriss Ali qui représente la communauté musulmane dans la structure.
Des personnes mal intentionnées tentent d’échauffer les esprits depuis Bangui ou ailleurs. Mais pour l’instant, Bangassou tient bon et réussit à cantonner la violence.