« Voyages du Désespoir : Réfugiés et migrants qui arrivent en Europe et aux frontières de l’Europe » est le titre du rapport 2018 du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) sur la situation des migrants et des réfugiés dans le monde. Composé de 36 pages et de 9 chapitres, ce rapport relate les difficultés des migrants et des réfugiés dans le monde tout en retraçant les voies qui ont été les plus privilégiées par ces Hommes en 2018. À l’issue de cet exposé, le HCR formule des recommandations pour l’amélioration de ces situations en 2019.
Dans son rapport 2018 sur la situation des migrants voire des réfugiés dans le monde, le HCR note avec satisfaction qu’en 2018 « Le nombre de réfugiés et de migrants qui traversent la Méditerranée a reculé en 2018 », mais déplore que malgré « les restrictions imposées aux capacités de recherche et de sauvetage, conjuguées à un manque de coordination et de prévisibilité dans la prise en charge des débarquements, ont conduit à une augmentation du taux de mortalité dans un contexte où les gens continuent de fuir leur pays pour échapper aux conflits, aux violations des droits de l’homme et à la pauvreté. »
Pour atteindre l’Europe au cours de l’année écoulée, le HCR note que les migrants et les réfugiés ont dû apporter des changements en ce qui concerne les routes empruntées. Durant tout le premier semestre, c’est la Grèce qui a été la voie la plus convoitée à côté de l’Italie et de l’Espagne. C’est au cours du second semestre que l’Espagne est devenue la principale voie d’entrée. « Malgré une diminution notable des arrivées comparées aux chiffres élevés de personnes qui avaient chaque année rejoint l’Italie entre 2014 et 2017 ou la Grèce en 2015, les voyages en mer ont été tout aussi dangereux », déplore le HCR qui précise qu’ils sont 2275 personnes à avoir perdu la vie dans la Méditerranée en 2018 soit 6 morts par jour. S’il y a un autre point que déplore le HCR voire l’OIM, c’est bien le fait de faire attendre des groupes de survivants « malades et traumatisés durant des jours avant que des pays décident de les accepter ». « À la fin de l’année, cette situation n’avait pas été résolue bien que le HCR et l’OIM aient sans relâche appelé à la mise en place d’un mécanisme régional prévisible de débarquement dans le bassin méditerranéen », précise-t-on dans le rapport.
Dans ce document, il est noté que le HCR a multiplié ses actions de sauvetage en 2018 au large des côtes libyennes. Les 85% des personnes secourues ou interceptées ont été renvoyés en Libye, explique-t-on avant de préciser qu’à partir de là, ils ont été confrontés à plusieurs problèmes, notamment le problème de nourriture, des épidémies voire des décès. « Un nombre plus élevé de bateaux transportant des réfugiés et des migrants a donc tenté de les emmener au-delà de la SRR libyenne pour échapper aux garde-côtes, soit pour accoster à Malte ou en Italie, soit pour atteindre les régions de recherche et de sauvetage de ces pays », explique-t-on dans le rapport. Et de préciser : « Cette tendance devrait se poursuivre en 2019. »
Aux dires du HCR, le nombre des décès a diminué en Méditerranée centrale alors qu’il a augmenté en Méditerranée occidentale notamment sur la voie menant à l’Espagne. Une zone où le nombre de décès a quadruplé en 2018. Durant cette année écoulée, la Bosnie-Herzégovine a accueilli 21 000 arrivées. Chypre a accueilli plusieurs migrants et réfugiés syriens en provenance du Liban et de la Turquie, note le rapport. À la fin de l’année, des tentatives d’atteindre le Royaume-Uni par la France, note le HCR, ont été constatées. « En 2019 dans un contexte où les causes profondes des déplacements et des mouvements migratoires – telles que les violations des droits de l’homme et les conflits ou la pauvreté – resteront sans réponse », prévient le HCR avant de déplorer : « Pour de nombreuses personnes, le voyage en mer n’est que l’étape finale d’un parcours qui implique la traversée de zones de conflit ou de déserts et qui les expose au risque d’être enlevées et torturées jusqu’à obtention d’une rançon et de tomber entre les mains de réseaux de traite des êtres humains. »
À ce titre, le HCR lance un appel aux États à cesser de renvoyer systématiquement des milliers de personnes vers des pays voisins sans des demandes d’asile ou des évaluations individuelles et aussi d’arrêter les arrestations. Cette organisation humanitaire demande également que des efforts soient multipliés pour assurer la protection des enfants et l’accès à des voies plus légales et sûres. « Lors des douze derniers mois, des évolutions positives ont tout de même été observées. Un nombre plus élevé d’États se sont engagés pour la réinstallation de réfugiés évacués de Libye, ce qui a permis au HCR de mettre davantage de gens en sécurité par le biais du mécanisme de transit d’urgence établi au Niger », précise ce document qui précise par la suite que le HCR a ouvert le « centre de rassemblement et de départ à Tripoli ». Une chose qui a permis la mise en liberté de plusieurs détenus. Le HCR félicite l’action des pays de l’Union européenne pour avoir secouru plusieurs personnes en Méditerranée centrale.
Ce rapport du HCR note qu’en 2018, le nombre d’arrivée en Europe par la Méditerranée s’est élevé à 116 647. En ce qui concerne le nombre de décès dans la mer, le HCR l’évalue à 2 275. Quant au nombre d’arrivées en Europe par la mer pour chaque décès en mer, cette organisation humanitaire l’estime à 1 décès pour 51 arrivées. Sur les voix terrestres, les décès s’élèvent à 136 personnes. Durant l’année écoulée, le nombre de réinstallés en Europe s’estime à 24 885 et le nombre d’évacués de Libye à 2 404.
Le HCR sollicite
Face à ces drames , le HCR formule des recommandations qui sont entre autres : l’amélioration des mécanismes de sauvetage en mer, l’amélioration des capacités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale tout en supprimant les restrictions des ONG, mettre fin aux arrestations arbitraires des réfugiés, des migrants et des personnes vulnérables par les autorités libyennes voire d’exiger leur libération, l’amélioration aux frontières des personnes ayant besoin de protection et de leur donner accès aux procédures d’asile, l’utilisation de procédures d’asile accélérées et simplifiées, permettre aux réfugiés et aux migrants n’ayant pas besoin de protection de retourner plus rapidement et en toute dignité chez eux. Outre tous ceux-ci, le HCR milite pour la protection des enfants en demandant de prendre en compte leur cas en les permettant notamment de bénéficier des protections. Pour ce faire, il recommande le véhicule des informations sur les droits des enfants ainsi que les procédures d’asile.
À travers ce rapport, le HCR demande une solidarité internationale envers les pays qui constituent les voies des migrants. « Une solidarité et un soutien accrus impliqueraient notamment de mettre en place, dans le cadre de la réforme du règlement de Dublin, un mécanisme de transfert des demandeurs d’asile depuis les États membres de l’UE qui reçoivent un nombre disproportionné de demandes d’asile vers les autres États membres de l’UE, et de prendre des mesures de soutien supplémentaires pour renforcer les systèmes d’asile dans les Balkans occidentaux ainsi que dans les principaux pays de première arrivée en Europe, l’objectif étant entre autres de contribuer à réduire les mouvements secondaires irréguliers », lit-on dans le rapport dans lequel le HCR demande d’ « améliorer l’accès à des voies d’accès sûres et légales en s’engageant à réinstaller davantage de réfugiés, notamment les personnes évacuées de Libye, en prenant des mesures pour rendre les procédures de réunification familiale entièrement accessibles à tous les bénéficiaires d’une protection internationale grâce à la suppression des obstacles pratiques et juridiques, et en soutenant des solutions complémentaires d’admission, telle que des programmes communautaires de parrainage, des programmes de bourses et des dispositifs de mobilité des travailleurs. »
Enfin, le HCR recommande également des mesures de protection contre les dangers.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays