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Ibrahima Diarra dit Pablo Picasso, artiste plasticien, sculpteur parlant du Bogolan : « La culture peut tout nous donner »

Dans l’optique de faire valoir aux yeux du monde la diversité culturelle du Mali, nous avons tendu notre micro à Ibrahim Diarra dit Pablo Picasso, artiste plasticien diplômé de l’Institut National des Arts (INA), promotion 1989-1993, afin qu’il nous parle de son activité d’artiste notamment des valeurs du bogolan pour le Mali voire l’Afrique. Il a précisé  que le Bogolan, en plus d’être une valeur culturelle malienne, peut contribuer également à la sauvegarde de l’identité  de ce pays.

Lisez l’interview !

Quelle est votre activité principale ?

Mon activité est basée sur les arts plastiques. Le bogolan en tant que technique de teinture traditionnelle naturelle, et la couture à la main constituent mes activités favorites.  Je fais un peu de sculpture également, mais je suis beaucoup orienté vers le bogolan.

Pouvez-vous  nous parler un peu du bogolan ?

Le bogolan, c’est mettre l’argile traditionnelle sur un support coton  avec des arbres naturels comme le n’galama, le Tchangara, le Bouhana. Avec tous ces arbres, on peut faire du  BOGOLAN.

Le Bogolan a-t-il une expression ?

Oui, bien sûr ! Le Bogolan est un élément essentiel de la culture du Mali.  Le bogolan a un langage, c’est les idéogrammes. Ceux-ci constituent les premières écritures qui ont existé ici chez nous en Afrique avant l’arrivée des blancs. Les couleurs du bogolan parlent. Elles permettent aussi  de transmettre un message. Au Mali, le langage diffère, car ce pays est pluriethnique. Chaque société a ses idéogrammes. Il y a des idiogrammes mandingues, Sénoufos, Dogons, Tifinas Touaregs,  etc. C’étaient  des modes d’expressions de ces sociétés à l’époque, c’était leur moyen de communication.

Qu’en est-il de l’apport économique du Bogolan pour le Mali ?

Tout d’abord, je fais la pratique du bogolan pas pour de l’argent, mais parce que je suis  passionné par cette activité. Elle me permet de m’adresser à la population de différents horizons. À travers mon expression du bogolan, je voudrais que le monde entier sache que c’est un Africain qui parle à travers son art et sa culture. Pour moi, c’est le plus important. Tout compte fait, il faut reconnaitre que le travail du bogolan quand c’est bien fait, rapporte. La vente sur le marché peut trainer dû à diverses raisons, mais rien ne pourra arrêter l’écoulement de ce produit sur le marché. Je vous dis, la culture en tant que moyen de production apporte beaucoup à l’économie d’un pays.

Avez-vous l’habitude de participer à des festivals ou des expositions d’arts ?

Dieu merci, j’ai organisé une exposition à « Kora film », l’actuel Centre Kandjoura Coulibaly. J’ai également fait deux expositions en France, quatre en Belgique. Tout récemment, j’ai été au Burkina, plusieurs fois au PNUD pour une mission d’échange culturelle entre différentes personnalités exerçant le métier. Cette mission m’a permis de voir le bogolan autrement, car nous avons appris beaucoup de techniques.

Quel peut être l’apport des autorités dans l’expansion et la promotion du Bogolan ?

En réalité, nos responsables n’aiment pas le bogolan. Ils  le portent  rarement, ils utilisent quotidiennement des bazins, des vestes, des Wax lors des cérémonies. Ce sont  des marques que je respecte, mais nous devons soutenir le bogolan pour la sauvegarde de notre identité culturelle. Pour un début, on ne demande pas beaucoup, mais au niveau local que les mairies votent un budget au moins pour la fabrication d’une chemise en bogolan pour chaque maire. Ce financement contribuera beaucoup en termes d’expansion et de promotion de notre produit.

Les autorités doivent nous appuyer pour le financement de nos projets ou faciliter nos contacts avec les partenaires techniques et financiers. Cela se faisant, on pourra réaliser nos projets.

Mon souhait aujourd’hui, c’est d’ouvrir un centre pour mettre en évidence mon savoir et transmettre mes connaissances à d’autres personnes. Vous savez, j’ai appris à faire le bogolan 15 ans avant d’aller à l’Institut National des Arts de Bamako (INA) en 1974 dans le mouvement pionnier lors d’un des camps à Toukoto. Je connais l’impact d’une telle structure sur la formation socioculturelle de notre pays. Il est temps qu’on mette en valeur ce qui nous appartient et cela ne sera pas possible sans un appui considérable des éléments de la culture vivante. Car la culture peut tout nous donner.

Propos recueillis par

Ibrahim Sidibé, Stagiaire

Source: Le Pays

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