Lundi 4 février 2019, le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a tenu devant le conseil de sécurité de l’institution un discours mémorable sur la situation sécuritaire en Afrique. Il châtie la présence des mercenaires ainsi que d’autres combattants étrangers comme sources d’insécurité et de déstabilisation en Afrique.
Dans son discours devant les quinze membres du conseil de sécurité de l’ONU, Antonio Guterres n’a pas pu retenir le balbutiement de son cœur. Il déclare sans phare que les activités des mercenaires portent un coup dur à l’état de droit en Afrique tout en encourageant « l’impunité et l’exploitation illégale et inéquitable des ressources naturelles » en Afrique. Il poursuit en précisant qu’elles engendrent également des déplacements massifs de population, voire attisent des conflits intercommunautaires. À ses dires, ces mercenaires se nourrissent de nos jours d’autres fléaux, notamment le crime organisé transnational, le terrorisme et l’extrémisme violent. « En Afrique, au centre des discussions d’aujourd’hui, les activités des mercenaires demeurent un grave sujet de préoccupation », précise M. Guterres avant de poursuivre : « Ainsi, nous avons assisté à des activités illicites et à des trafics de groupes terroristes et mercenaires opérant au Sahel, ainsi qu’à une implication présumée de mercenaires dans les violences postélectorales en Côte d’Ivoire en 2010 ».
Le secrétaire général de l’ONU pose trois actions qui constituent à ses yeux une panacée à ces crises. Il recommande à ce titre le renforcement des régimes juridiques au niveau mondial et national. Pour ce faire, il réitère la demande des Nations-Unies auprès de tous les États n’ayant pas adhéré ou ratifié la Convention Internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires adoptée par l’Assemblée générale en 1989 de s’exécuter.
Outre cela, M. Guterres recommande le renforcement de la coopération bilatérale, régionale, voire internationale, afin de mieux contrôler la circulation libre des armes ou l’introduction d’acteurs étrangers en Afrique centrale. Pour ce faire, il trouve primordial un partenariat stratégique entre son institution et l’union africaine, la communauté économique des États de l’Afrique Centrale ainsi que les pays de la région.
Comme troisième action, Guterres propose la détermination des facteurs économiques, politiques, sociaux, voire psychologiques, de l’éclosion du mercenariat en Afrique. Pour ce faire, il montre une voie : la lutte contre l’exclusion, l’amélioration de l’engagement civique, la bonne gouvernance, la fourniture de services publics équitables et la protection des minorités et autres groupes vulnérables. La création des opportunités pour les jeunes et l’autonomisation des femmes lui semblent également essentielles.
Le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, trouve que l’un des défis à relever est bien sûr la question du mercenariat. «L’histoire du continent africain est jalonnée d’exemples de mercenaires impliqués dans des actions de déstabilisation, y compris des coups d’État, des interventions dans les conflits armés et des tentatives de prise de contrôle des ressources naturelles des pays concernés », a-t-il expliqué. À ses dires, le continent africain a toujours été proie depuis les indépendances à l’implication des mercenaires dans ses activités et ainsi ces mercenaires deviennent source d’instabilité et d’insécurité.
Comme cause donnant libre cours à ce fléau, Mahamat souligne la porosité des frontières africaines ainsi que la nature transfrontalière des défis sécuritaires qui ont vu naître l’intervention de combattants étrangers sur le continent. Outre cet état de fait, il souligne l’apparition de compagnies privées de sécurité et qui mérite une attention particulière selon lui. Pour mieux réguler ce secteur, il souligne que le deuxième forum sur la Réforme du secteur de sécurité le 18 octobre 2018 a recommandé « l’élaboration d’un cadre continental de régulation et de supervision ».
- Faki Mahamat propose également le renforcement des instruments internationaux relatifs au mercenariat. Il plaide également pour une coopération entre les états en matière de renseignement, de poursuites pénales, de gouvernance du secteur de la sécurité. Il a réitéré l’appel du secrétaire général des Nations-Unies en ce qui concerne l’intégration des pays non encore membres de la Convention Internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction des mercenaires. La question du DDR ne lui a pas échappé.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays