Les démentis n’y changeront rien : plusieurs pays occidentaux ont dû payer des rançons pour obtenir la libération de leurs ressortissants devenus otages des groupes terroristes. Les faits sont là et têtus.
La crise que connaît le Mali est multidimensionnelle car, dans les années 80 et 90, un certain nombre de pays du Sahel avaient été affaiblis par les politiques d’ajustements structurels et avaient demandé l’aide internationale pour combler les lacunes créées par les restrictions dans les secteurs sociaux.
Ainsi, la voie fut ouverte à toutes sortes d’organisations et ONG de venir en aide et ce sont les ONG islamiques qui ont été les premières à venir au Mali, Niger et le Tchad, en apportant avec elles un nouveau modèle islamique.
Sans compter que dans les 1990, l’Algérie avait attaqué chez elle des groupes islamiques violents, qui n’ont eu d’autres lieux de refuge que le nord du Mali. C’est la combinaison de ces deux groupes qui est à la base de la crise actuelle.
La conséquence pour le Mali a été l’instabilité au nord, l’insécurité permanente. Pour l’Occident, les prises d’otages, des touristiques et autres travailleurs dans l’humanitaire.
Ce qui fait que de 2008 à nos jours, les pays occidentaux ont payé 100 millions de dollars pour la libération de leurs otages, même si certains de ces pays ne l’acceptent pas. Parmi les grands négociateurs dans les libérations des otages, il y a Iyad Ag Ghali, actuel dirigeant d’Ansardine.
D’ailleurs, certains responsables d’Ansardine prennent part aux pourparlers d’Alger sous le couvert du HCUA. Il y a aussi Mohamed Chafi, conseiller de plusieurs présidents africains, qui est très actif dans le trafic de drogue. Il est passé spécialiste dans la libération des otages au nord du Mali et Niger.
Les groupes terroristes au nord du Mali ont trois sources de revenus : le trafic de drogue, la vente de cigarettes et l’enlèvement des Occidentaux. Les enlèvements d’Occidentaux ontcommencé en 2003 -plus de 90 Occidentaux ont été enlevés principalement des touristes expatriés ou travailleurs humanitaires ou diplomates.
Le payement des rançons toujours nié
Les payements des rançons sont toujours niés par les gouvernements occidentaux, bien que des dispositions soient généralement prises par des tiers à faire livrer de l’argent aux groupes islamistes. Actuellement, à l’exception des prises d’otages à Inamenas, 9 otages sont morts en captivité en novembre 2011 ; des civils français ont été tués en Mauritanie, un américain tué à Nouakchott.
En janvier 2013, quelques 40 travailleurs de différentes nationalités ont été exécutés lors d’un raid de l’armée sur une usine de gaz à l’est de l’Algérie. Les deux acteurs sont Mocthar Bel Mocthar et Abou Zeid (qui a été tué lors de l’opération Serval au Mali).
Ce sont les deux hommes qui géraient les otages. Cependant, il est difficile d’estimer avec précisions les revenus générés par le payement des rançons. Mais les rançons individuelles peuvent faire gagner à un réseau en moyenne 3 millions de dollars américains.
De 2008 à ce jour, l’Italie et l’Espagne auraient versé 19,4 millions de dollars pour la libération de trois de leurs otages, travailleurs humanitaires enlevés dans le camp de réfugiés Sahraoui à Tindouf, en Algérie en 2011. Selon l’ancienne ambassadrice américaine au Mali, Vicki J. Huddleston, «en 2013, pour les 4 ressortissants français enlevés par AQMI, la France aurait payé 17 millions de dollars.
Et malgré le présumé payement de la rançon, les 4 otages étaient restés entre les mains d’AQMI parce que les intermédiaires n’étaient pas satisfaits et ont exigé le payement du double». En 2009, le gouvernement suisse aurait autorisé l’utilisation de 5 millions de dollars pour les négociations de la libération de 3 de leurs ressortissants, dont 2 millions pour les intermédiaires.
En cumulant ces données, les Occidentaux ont payé 100 millions de dollars depuis 2008. Sur le terrain, les groupes terroristes, qui ont été chassés des villes du nord, excepté Kidal, ont développé des capacités asymétriques notamment des attaques à la roquette, à la grenade, notamment d’engins explosifs, des mines antipersonnel. Entre décembre 2013 et 2014, la plupart des attaques ont été menées à Kidal.
Environ une dizaine a été orchestrée par AQMI, parce que Iyad Ag Ghali et ses jonctions au niveau du HCUA ont réussi à infiltrer le système des Nations unies. Car l’un des travailleurs des Nations unies -un informaticien- était le pion des terroristes. Il travaillait avec la Minusma à Kidal. Selon les informations des Nations unies, 70% des incidents sont des tirs de roquettes.
Malgré tout cela, la communauté internationale veut que le Mali continue à négocier avec des terroristes déguisés, des bandits armés et des narcotrafiquants qui doivent être arrêtés et punis.
Kassim TRAORE
Source: Le Reporter