Le thermomètre affiche souvent 45°c. Le jour, il fait excessivement chaud. La fraîcheur commence à s’installer, à partir de minuit. Cette chaleur étouffante rend difficile les conditions du jeûne à Diéma, dans cette partie ouest de la bande sahélienne au Mali.
Des sachants, qui nous disent que le jeûne, deuxième pilier de l’Islam, a des vertus expiatoires, ne croient pas si bien le dire au vue des énormes sacrifices que la pratique demande, surtout en cette période de canicule.
A Diéma, dès que le mois de ramadan arrive, la vente de la glace s’intensifie. Ici tout le monde vend de la glace, hommes, femmes et jeunes, riches et pauvres, tous s’adonnent à cette activité lucrative.
Depuis l’implantation d’Energie du Mali (EDM) dans la ville de Diéma, les populations ne sont plus obligées de faire venir de la glace de Nioro, un cercle voisin, distant de 105 km. Des congélateurs existent partout où il y a de l’électricité. Selon les estimations, on dénombre aujourd’hui plus de 1000 frigos dans la ville de Diéma. Une seule personne peut avoir à son compte jusqu’à dix réfrigérateurs, rien que pour la production de la glace. De petites unités de fabrication de glace existent, même si elles sont minoritaires.
Durant cette période, un morceau de glace, c’est-t-à dire, l’équivalent du contenu d’un sachet d’un kilogramme, est vendu à 150 Fcfa. Chez les petits revendeurs, le prix est doublé voire triplé. Tous les jours, certains parcourent des kilomètres, à moto ou en voiture, pour ravitailler leurs clients.
Bakary, conducteur de moto taxi, s’est entièrement consacré, comme plusieurs de ses compagnons, au transport de la glace. Tous les jours, il part livrer de la glace à Tinkaré. Interrogé sur son gain, l’homme a préféré garder le silence.
Dépassé par le volume du travail, Sidy compte engager un manœuvre pour l’aider dans sa tâche. Il le faut, dit-il, avec insistance, « sinon tout l’argent passera sous mon nez ».
Ibrahim est propriétaire d’une unité de fabrication de glace, au quartier Konté Counda. Il possède deux grandes caisses, raccordées chacune, à un climatiseur. « Avec les congélateurs, explique-t-il, la capacité de conservation de la glace est limitée. C’est pourquoi, j’ai installé ces caisses pour pouvoir satisfaire les commandes de mes clients, qui viennent en majorité de la périphérie ». Mais l’homme se plaint des coupures récurrentes d’électricité. « Hier soir, le courant a été coupé à trois reprises. La troisième fois, j’ai débranché tous mes appareils, pour aller me coucher », dit-il, en rangeant soigneusement, aidé par les enfants, une importante quantité de sachets d’eau.
Souleymane a son unité de fabrication de glace située non loin de la mairie. Sur place, son gérant explique : « Chacune de nos caisses peut contenir jusqu’à 100 morceaux de glace. Si on les charge de glace le matin, à 14 heures, on enlève les premières briques pour les remplacer par des sachets d’eau ». « Ic,i un morceau de glace était vendu à 100 Fcfa, mais quand on a reçu des consignes, on a augmenté le prix à 150 Fcfa », ajoute-t-il.
Mme Ramata Soucko, vendeuse de glace, ne se plaint pas en termes profit. Cette quadragénaire se rend, chaque matin, après avoir pris son repas de jeûne avant l’aube, dans une unité de fabrication de glace, pour être parmi les premières personnes à être servies.
Cet homme fait le commerce de glace. Il vend un morceau de glace à 500 Fcfa, dans des villages reculés, en tenant compte de la distance. « C’est à prendre ou à laisser », disait-il à ses clients qui le trouvaient cher. Dans ces contrée, on le qualifie de « téfé » (vendeur qui exagère sa marge de bénéfice sur ses produits qu’il a eus à moindre). « Il a l’intention de prendre une nouvelle femme. Pour cela, il lui faut tout l’argent de la ville », lance un homme pour le charrier.
Les coupures intempestives d’électricité entravent parfois la bonne marche de cette activité commerciale. L’électricité fournie par EDM ne couvre pas totalement la ville de Diéma. Seuls quelques quartiers en bénéficient. On ne serait pas étonné que la couverture complète en électricité de la cité soit l’une des premières requêtes des populations de Diéma.
OB/MD
(AMAP)