Les Maliens vivant dans les milieux ruraux sont exposés à des excès de tous genres de la part de certains agents de l’Etat. On se demande comment le gouvernement n’arrive pas à trouver un début de solution à ces cas d’abus d’autorité ? Ce qui inquiète le plus, ce sont les pratiques qui minent les efforts d’intégration de l’AES. Selon plusieurs témoignages, les abus s’observent également sur les axes routiers stratégiques. A chaque poste de contrôle, les policiers et gendarmes arrêtent les gens pour des vérifications qui n’en finissent pas.
Les Maliens attendent du ministre de la Justice la mise en place d’un système de dénonciation permettant aux citoyens d’informer les autorités à temps. Il y a pire que les rackets en milieu rural. Ce sont des agents de sécurité qui sont soupçonnés de braquage entre les cercles de Banamba et Kolokani. Une jeune dame qui faisait partie des passagers d’un minibus braqué entre Banamba et Sirakoroba a expliqué que l’un des braqueurs a déclaré à la fin du braquage : « sergent, partons ».
Par ailleurs, entre Bamako et Ouagadougou, les rackets sont signalés en longueur de journée, mais les chefs d’Etat qui sont garants de la liberté de mouvement ne font rien. Sur l’axe Niamey-Ouagadougou, les mêmes pratiques sont connues et dénoncées par des commerçants. Même avec des documents en règle, il arrive que les voyageurs soient obligés de payer. Ceux qui refusent subissent des intimidations ou sont forcés de descendre du car sous prétexte d’un contrôle approfondi. Et c’est nuitamment que ces pratiques sont courantes.
Un chauffeur peut perdre entre 25 000 et 40 000 F CFA par trajet à cause de ces paiements illégaux, une somme qui impacte directement les tarifs du transport et le coût des marchandises. Les citoyens de l’AES exigent des réformes immédiates. Plusieurs associations de défense des usagers du transport demandent la suppression des postes de contrôle illégaux et une surveillance stricte des agents en service ; la mise en place de numéros verts pour permettre aux victimes de signaler les abus en temps réel ; des sanctions sévères contre les agents fautifs, avec des enquêtes indépendantes pour lutter contre l’impunité.
Les autorités de ces pays sont régulièrement saisies des plaintes des victimes, mais celles-ci restent sans suite. Alors que les discussions avancent au niveau politique, la mise en œuvre effective de ces réformes dépendra de la volonté des Etats et de leur capacité à contrôler les forces de sécurité aux frontières, souvent accusées d’être les principales responsables de ces abus. Pourtant, le capitaine Ibrahim Traoré, le président du Faso, avait annoncé la mise en service d’un système de dénonciation des tracasseries dans tous les pays de l’AES.
Adama BERHE
Source : La Rédaction du Mali