Les diplomates s’affairent à Munich et les militaires à Bruxelles.
Une quête de paix improbable à Munich. Et des efforts de guerre à Bruxelles. Tel était le menu des deux réunions internationales de jeudi consacrées à la guerre en Syrie, dont le bilan oscille désormais entre 280.000 et 400.000 morts en cinq ans, selon les sources.
« Offre concrète », selon Moscou
A Munich, il s’agissait de travailler à un cessez-le-feu, à défaut de solution politique. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé avoir fait une « offre concrète » en ce sens. Suscitant le scepticisme des analystes, puisque c’est l’offensive russe sur Alep au profit du régime syrien qui a torpillé les négociations de paix lancée à Genève fin janvier. Ces dernières ont été interrompues par les représentants de l’opposition sunnite, qui avaient exigé en vain l’arrêt des bombardements russes. En dix jours, cette offensive a fait 500 morts, dont de nombreux civils, et fait fuir 51 .000 personnes.
« John Kerry continue de penser qu’avec son seul charme il peut obtenir quelque chose de Sergueï Lavrov qui lui ment effrontément depuis deux ans », estime Joseph Bahout, de la Fondation Carnegie à Washington. Ajoutant : « C’est une partie qui n’a plus aucune crédibilité, ils vont convenir d’un cessez-le-feu qui n’aura pas lieu, car les Russes continueront » leurs bombardements. Une stratégie visant apparemment à liquider les rebelles opposés à Bachar al-Assad pour ne laisser face-à-face que Damas et les djihadistes de Daech. Une quinzaine de pays concernés par la crise syrienne devaient participer à la réunion de Munich, dont l’Iran et son ennemi saoudien. Sur le terrain, les forces du régime syrien avançaient inexorablement, jeudi, vers Tall Rifaat, un des bastions rebelles les plus importants de la région d’Alep, pour couper la route vers la Turquie à 20 km de là.
Incapacité des Occidentaux
L’incapacité des Occidentaux à contrer la stratégie russe a suscité des débats non dénués d’acrimonie entre Washington et ses alliés. Sur le départ, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius , a fustigé mercredi la différence entre les paroles et les actes des Etats-Unis en Syrie. Il est vrai que Washington semble avoir désormais comme priorité l’élimination de Daech en Irak, dont l’armée a repris des couleurs depuis deux mois. Pour autant, Ashton Carter, le chef du Pentagone, dont l’aviation mène la quasi totalité des raids contre Daech en Syrie , reproche à certains des 65 pays de la coalition contre les djihadistes (Occidentaux et pays arabes) de « ne rien faire du tout ».
Yves Bourdillon
Source: lesechos.fr