C’’est en réponse à la déclaration de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Paul Flomsbee, qui a demandé aux autorités maliennes d’arrêter tous liens avec le mouvement armé GATIA, que les responsables de ce mouvement armé du Nord ont fait face à la presse. Jeudi dernier, en effet, ils ont nié les allusions du diplomate à la collusion d’intérêt entre le gouvernement malien et leur organisation. Selon eux, le mouvement est constitué d’hommes et de femmes qui, à un moment donné, ont eu le sentiment d’être abandonné par l’Etat avec les nombreux assassinats et autres exactions subis dans leurs rangs. C’est alors que la communauté Imghades et ses alliés ont pris leur responsabilité dans le but de protéger et de défendre leurs populations. D’où la création du GATIA. Le Secrétaire général adjoint de ce mouvement, Haballa Ag Hamzata, s’est dit pour sa part persuadé que l’Ambassadeur est sous influence d’un entourage constitué de gens proches de la CMA. Pour lui, le vrai problème est qu’il existe un problème très politique entre les Imghades et les ifoghas. Et le conférencier de déplorer que le diplomate américain feigne de méconnaitre la réalité du problème entre Imghades et les Ifoghas au lieu de chercher la solution dans le rapprochement des deux mouvements. Pour le responsable du GATIA, Paul Flomsbee a tout simplement choisi le parti d’apporter son soutien au mouvement rival, La CMA.
Ainsi, à travers une déclaration rendue publique séance tenante par Ag Hamzatta et ses camarades protestent vigoureusement contre les propos tenus par l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique au Mali, lors de sa conférence de presse en date du 27 septembre 2016. Ils dénoncent par la même occasion un penchant à peine voilé pour la CMA, en relevant que leur conflit intercommunautaire remonte à une période bien antérieure à la crise de 2012. Dans la foulée, les responsables du mouvement loyaliste ont assuré que le GATIA n’est pas une création de l’Etat du Mali et ne saurait par conséquence être une force supplétive de l’armée régulière. «Il a été créé plutôt pour protéger les populations civiles abandonnées par l’État sur un terrain où opèrent des groupes armés qui les tuent et les humilient au quotidien, en toute impunité». A titre d’exemple, rappellent-ils, une quarantaine d’entre-eux avaient été tués à Tamkoutat et plusieurs autres exécutés à Kidal et Aguelhoc. Les conférenciers soutiennent par ailleurs que les ressources de leur mouvement proviennent des moyens mobilisés auprès des communautés qui le composent ainsi que de l’arsenal de guerre retiré à l’ennemi.
Quant à la ville de Kidal, elle ne saurait être la propriété d’un seul groupe armé qui s’arrogent le droit de chasser des autochtones de leurs maisons et d’humilier d’autres. Et de mentionner que les récents affrontements dans la ville de Kidal ont été provoqués par le HCUA et certains éléments du Mnla qui, après la signature de plusieurs accords, notamment ceux de Kidal et de Niamey, ont lâchement mitraillé un convoi de pick-up tuant plusieurs combattants dont des chefs militaires importants.
Aussi, le GATIA réitère son engagement à respecter toutes les clauses de l’Accord pour paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Il revendique en même temps un droit légitime de cohabiter avec les autres communautés constitutifs de la CMA ne serait-ce que pour veiller aux populations de la plateforme persécutés dans cette ville. Le GATIA demande enfin à l’Ambassadeur des Etats Unis d’Amérique d’œuvre de manière constructive et impartiale, à l’instar des autres membres de la communauté internationale, au règlement pacifique d’un conflit entre des frères plutôt que de multiplier par son attitude les frustrations d’une frange importante de la population du nord du Mali.
Alhousseini TOURE
Source : Le Témoin