En réponse à une interpellation lors de la conférence sur le Mali tenue ce samedi à Paris, le député Karim Keïta, président de la Commission défense, de la Sécurité et de la Protection Civile de l’Assemblée nationale, dans la logique du président IBK, a cru devoir de franchise et de sincérité aux Maliens en disant que «les hélicoptères que nous avons achetés ne peuvent plus voler. Ça marchait au début mais vraisemblablement on a un problème d’entretien depuis l’achat. Je me demande si on a pas été floué à l’achat».
Depuis c’est le tollé. Les critiques et les accusations vont dans tous les sens. Après son père, le président, pourquoi l’honorable Karim Keïta, président de la Commission Défense Nationale, de la Sécurité et de la Protection Civile de l’Assemblée nationale a-t-il choisi de mettre l’huile sur le feu concernant cette affaire des Pumas français. Est-ce par naïveté ou par provocation ? Parce que le fils du président, le député a-t-il raté une occasion d’économiser ses opinions ?
Le premier enseignement à tirer : ce qui est toléré à son père, les Maliens ne sont pas disposés à le lui permettre. Le second est qu’entre le fils du président et le député, les gens se refusent de faire le distinguo. Le troisième, c’est la méconnaissance du rôle d’un parlementaire doublée de l’intolérance désormais viscérale envers les opinions, notamment émanant de tous ceux qui sont liés ou proches du régime.
Le tort, voir le crime de Karim Keïta, est d’abord d’être le fils du président, puis président de la Commission Défense Nationale, de la Sécurité et de la Protection Civile de l’Assemblée nationale. Alors tout ce qu’il peut dire ne peut être que baliverne, légèreté voire provocation et insulte envers le peuple. Alors, pas besoin de passer par quatre chemins, il faut instruire un procès en inquisition contre le fils du président et non contre le député dont le rôle est de contrôler et de se prononcer sur l’action gouvernementale.
Si cette affaire sent la magouille à plein nez, faudrait par équité et justice tremper tout le monde là-dedans ? Autant nous sommes engagés à Info-Matin de ne rien taire pour plaire, autant nous nous faisons fort de ne dire pour nuire surtout sur la base du délit de fasciés. En effet, en bonne justice, si on peut tenir responsables les parents des fautes de leurs enfants. L’inverse révèle d’une injustice d’un autre temps. Aussi, autant ce n’est pas parce que Karim Keïta est le fils du président qu’il doit être imputé tous les cadavres dans les placards du régime de son père, autant il ne peut lui reprocher, simplement en cette qualité, d’être au courant de tout ce qui se passe dans la République.
Ce serait faire l’avocat du diable que de dire qu’il n’est pas au courant de cette affaire d’achat d’hélicoptères, pour avoir été accusé déjà en 2016 d’être allé en mission à pour acquérir des avions et des hélicoptères alors qu’il était à Bamako à l’époque. Mais dire qu’il en est un acteur majeur comme le dirait l’autre, qu’il en sait trop pour ne pas être impliqué relève à notre avis d’un procès en sorcellerie.
En matière de gouvernance, il y a beaucoup trop de choses qu’on peut alléguer et reprocher au régime du président IBK sans être démenti. Faute d’avoir le courage de s’en prendre au père, on s’attaquerait au fils ? Qu’on nous permette de décliner cette offre. A notre avis, connaissant comme il devrait connaître les humeurs de l’opinion malienne, on peut reprocher à Karim Keïta d’avoir péché par naïveté. En voulant jouer au brave député pour dénoncer un marché de dupes qui a coûté des milliards à son pays, une scandaleuse duperie sur la marchandise ou, selon certains, le caractère non équitable du commerce de la métropole avec les anciennes colonies, Karim Keïta a certainement oublié la fable de La Fontaine : «Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »… Prenons le pari que la prochaine fois, il remuera 10 fois la langue avant d’ouvrir la bouche.
Rédaction